vendredi 25 janvier 2013

Les nuages de la récession et de la dette planent sur 2013

Après l’euphorie des fêtes les commerçants voient les clients délaisser leurs magasins. Les caddies ne se remplissent pas. Le consommateur, qui le peut, épargne. Les bruits sur les économies sur les prestations sociales, les retraites, se font de plus en plus clairement entendre. Par ailleurs la ponction sur les riches s’avère problématique. Même si l’imposition à 75% sur les revenus les plus élevés était plus politique qu’économique, ce sera autant de moins dans les rentrées de l’Etat. C’est un manque à gagner de 500 millions d’euros selon le gouvernement et de 1Mds selon les Echos. La guerre au Mali qui va s’éterniser avec 2500 hommes sur place va encore aggraver le déficit public. Le déficit du commerce extérieur est toujours présent et la croissance de 0,8% prévue au budget va être revue à la baisse.
Selon le FMI, la croissance mondiale devrait être de +3,5%, donc revue à la baisse, tirée par la Chine avec 8,2%, l’Inde avec 5,9% et le Brésil à 3,5%. La zone euro, elle, inquiète. Elle devrait entrer en récession avec -0,2% pour la deuxième année consécutive. L’Allemagne serait dans une croissance faible de +0,6% et la France de +0,3%. Ce dernier chiffre est même considéré comme très optimiste et nombreux sont ceux qui prévoient une entrée en récession. Si la croissance est proche de zéro, les rentrées fiscales seront amputées de plus de 6 milliards. Par ailleurs notre engagement de 3% de déficit ne pourra être tenu sans un plan d’austérité très au-dessus de celui qui est prévu aujourd’hui.
Les Etats-Unis, le Japon laissent filer la dette et font marcher la planche à billets. La croissance reste faible aux Etats-Unis malgré les milliards injectés. La plupart vont dans la sphère spéculative et n’inondent pas le circuit économique. La dette croit dans des proportions jamais atteintes et le spectre d’un crash mondial se rapproche. Le FMI constate les méfaits de la politique d’austérité pratiquée en Grèce, au Portugal, en Espagne entre autres et fait des déclarations de plus en plus nuancées en incluant désormais des restrictions à une austérité trop forte sans préciser la recette du dosage des mesures austérité-croissance.
Depuis plus de trente ans nous menons une politique économique et sociale qui nous amène dans la situation actuelle alors qu’en 1980 la France apparaissait comme le pays promis au plus bel avenir. Depuis nous sommes le pays qui s’est le plus désindustrialisé. Nous avons crû entrer dans un monde postindustriel et nous avons raté la révolution des produits de communication, et de biotechnologie entre autres. Nous avons raté aussi le progrès vers l’excellence en particulier dans l’éducation nationale au profit d’un nivellement par le bas. A cela s’est ajoutée une croissance des dépenses, en particulier sociales, et une augmentation des salaires sans rapport avec l’augmentation de la productivité. La réduction trop rapide du temps de travail a désorganisé la santé publique et les petites et moyennes entreprises,  a instauré dans l’esprit de certains jeunes une allergie au travail. L’Etat-Providence a ainsi découragé la recherche de l’emploi en y ajoutant des prestations pour le chômage très au-dessus de celles pratiquées dans les autres pays d’Europe.
Le fardeau de la dette s’est alourdi et nous allons vers les 90% du PIB sans avoir réussi depuis 1974 à faire voter un budget équilibré. L’année 2012 nous a permis de bénéficier de taux d’emprunt exceptionnellement bas. Nous le devons à une attractivité relativement plus grande que celle des pays du sud et à l’attirance pour le couple franco-allemand considéré solide jusqu’à présent grâce surtout à notre partenaire. Mais l’attraction pour les investisseurs peut changer radicalement et nous pouvons nous retrouver avec des taux à 5% comme l’Espagne. Les 600 milliards que nous devons emprunter en 2013, prêts arrivés à terme et intérêts de la dette, peuvent nous augmenter la somme réelle à emprunter de l’ordre de 20 milliards.
Nous sommes donc sur le fil du rasoir. La politique actuelle menée par le nouveau gouvernement ne peut mener vers une issue favorable pour 2013, et pour 2014 on est dans la conjecture optimiste comme d’habitude et irréaliste aussi comme d’habitude. Le pire est que la France dispose d’atouts considérables et laisse partir non seulement les grosses fortunes qui alimentent notre économie mais aussi les cerveaux. Ces derniers, auteurs d’innovations, d’inventions, de progrès technologiques, voient le fruit de leur travail réalisé à l’étranger et vendu au nôtre. Le jour où la France va comprendre que le rôle de l’Etat n’est pas de sauver les canards boiteux mais d’encourager les réussites, que l’excellence doit primer sur le nivellement, que son rôle est de gérer au mieux ses dépenses publiques plutôt que celles des entreprises, que les lourdeurs fiscales, administratives sont autant de boulets qui entravent la marche de celles-ci… la France aura encore de beaux jours devant elle.
La France est entravée par son Etat et par la monnaie européenne
L’année 2013 va être sombre mais elle peut nous ouvrir les yeux
Alors 2013 entrera dans l’histoire !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire