mercredi 16 janvier 2013

L’accord social de « flexisécurité » est-il un succès ?

Est-il un succès pour l’emploi ? La meilleure réponse est l’annonce, aussitôt l’accord négocié, de la suppression de 7500 emplois chez Renault d’ici 2016. De toute évidence le patronat a vu une ouverture vers une facilité de dégraissement des effectifs. C’était le principal objectif du grand patronat représenté par Laurence Parisot. En effet ce sont les grandes entreprises qui ont le plus de besoins dans ce domaine. Ils savent que nous ne pouvons, dans l’état actuel de la situation, espérer retrouver la compétitivité sur notre sol. Il faut donc y maintenir les effectifs minima et délocaliser dans les pays à bas coût de main-d’œuvre.
En effet le coût de pouce donné par le Crédit d’impôts ne suffira pas et les charges et impôts pesant sur les entreprises ne permettent pas d’envisager de se replacer efficacement dans la concurrence, même allemande. J’ai dit mon scepticisme sur le contrat de génération car, comme vient de l’annoncer Renault, la fonte du personnel se fera, comme d’habitude en jouant sur les départs à la retraite. Si la conjecture devient meilleure, ils embaucheront des jeunes qui seront moins payés.
Contrairement à ce qu’affirme le gouvernement, ce n’est pas vers la diminution du chômage, que pousse cet accord, mais vers son augmentation en particulier durant le premier semestre. Les grandes entreprises ne cesseront le dégraissage que lorsqu’elles auront atteint pour le moins l’effectif minimal permettant le maintien d’un site industriel. Contrairement à ce que souhaite Arnaud Montebourg qui fait pression pour le maintien des sites, ce n’est pas une bonne idée. L’abandon d’un site donne l’occasion à une autre activité de s’implanter avec des perspectives plus saines et plus immédiates.
Comme toujours l’Etat veut se mêler de tout et influer sur le management des entreprises. Ce faisant soit il crée des contraintes allant contre l’intérêt économique de celles-ci, soit il apporte des aides aux entreprises en difficulté, ce qui les déresponsabilisent. Son apport doit se situer soit dans la formation et le recyclage des chômeurs soit dans la mise en chantier de grands projets d’infrastructures. Par ailleurs la diminution indispensable de la fiscalité se paie par une réduction des dépenses publiques et une réforme du système fiscal en profondeur.
Tout ce que les syndicats ont obtenu ne se traduit que par des coûts supplémentaires quel que doit le bien fondé des demandes. La sécurité, sous toutes ses formes, se paie toujours. L'industrie nucléaire en est l'exemple le plus criant. On a accepté le principe scandaleux d'une sur-taxation des contrats à durée déterminée courts, au profit de l'UNEDIC. Attention, ce ne sont pas les salariés qui souffrent des contrats courts qui vont toucher plus, mais les assurances chômage. En fait le patronat et les syndicats ont accepté de se faire un cadeau, à eux, au niveau de leur inefficace gestion de l'UNEDIC. Incroyable mais vrai et cela marche. Plus la ficelle est grosse et plus cela glisse.
J’ai du mal à comprendre l’euphorie des commentateurs économiques dans leur ensemble qui voit dans cet accord un grand pas dans le dialogue entre syndicats et patronat. L’accord à minima ne résout rien en matière de compétitivité et va aggraver l’emploi. Les petites entreprises, qui voient leurs perspectives de marché se rétrécir de jour en jour et qui sont les principaux demandeurs d’emploi, ne pourront pas embaucher dans une consommation intérieure en baisse à cause du pouvoir d’achat. Ils sont liés au contexte intérieur encore beaucoup plus que les industries automobiles dont le marché est mondial.
Cet accord est un accord en trompe-l’œil. Les grèves sur le tas continueront de plus belle et les patrons seront toujours menacés de séquestration ou de blocage des portes. Les syndicats continueront à empêcher tout regroupement des salariés sous une autre autorité que la leur et à vivre sur leur pactole des branches de la Sécurité Sociale qu’elles gèrent. Les entreprises, qui peuvent délocaliser, le feront. Les fortunes,qui les gèrent, quitteront le pays, comme les 4500 français partis en Russie en 2010 selon l'institut Eurostat.  Les jeunes diplômés, sans perspective d’embauche correspondant à leur niveau, feront de même.
La situation de la France n’est pas facile à gérer et le sera d’autant moins que le peuple enlèvera sa confiance au gouvernement. Or l’année 2013 ne réserve pas de bonnes surprises et les dirigeants du pays continuent à enfumer le peuple et à lui présenter le miroir aux alouettes. L’heure est au sursaut national, encore faut-il que le peuple ressente que l’heure est arrivée et soit convaincu que ses efforts ne seront pas vains. Ce n’est pas encore le cas, la faute à qui ?
Nous sommes en guerre économique et désormais militaire.
Le Président n’utilise que la méthode « Coué »
Le prix à payer sera des larmes et du sang.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon