lundi 17 décembre 2012

Pendant que la France s’enfonce dans le chômage

Le chômage vient de dépasser les 10% en octobre. Malgré les 29.510 radiés (64% des sortie de pôle emploi), on avait 29.300 chômeurs de plus en septembre. Le chiffre officieux de 5.432.200 demandeurs d’emploi pouvait être majoré jusqu’à 8.500.000 minimum en comptant les demandeurs d’emploi invisibles alors que l’on dénombre 149.819 offres d’emploi y compris les contrats aidés… Sur 10 chômeurs qui sortaient des listes A, B, C, seuls 2 le sont pour reprise d’emploi déclaré (y compris les contrats aidés !). Les sorties pour stages explosaient, +37,5 % en un mois soit 41.100 et 8,9% des sorties. Il faut y ajouter les 32.800  sorties pour arrêts maladie, maternité, etc., 7,1 % des sorties. Par contre les offres d’emploi collectées avaient diminué de 24,1% en données brutes. Les reprises d'emploi déclarées de 92 200, ne représentent que 20 % des sorties des listes de pôle emploi, et encore, y compris contrats aidés, etc.
Les radiations massives des listes A, B, C, D, E de Pôle emploi méritent quelques précisions.
- Défauts d'Actualisation : 209 900, 45,5 % des sorties des listes
- Radiations Administratives (les punis) : 37 400, 8,1 % des sorties

La répartition des demandeurs d’emploi par catégories est la suivante :

A : 3 057 900 + 1,6 % (+ 10,1 % sur 1 an) demandeurs d'emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi, sans emploi
B : 598 900 -0,2 % (+ 7,6% sur 1 an) demandeurs d'emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi, ayant exercé une activité réduite courte (i.e. de 78 heures ou moins au cours du mois)
C : 883 500 -2,8 % (+ 2,7 % sur 1 an) demandeurs d'emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi, ayant exercé une activité réduite longue (i.e. plus de 78 heures au cours du mois)
D : 248 500 + 4,6 % (+ 6,2% sur 1 an) demandeurs d'emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi (en raison d'un stage, d'une formation, d'une maladie…), y compris les demandeurs d'emploi en convention de reclassement personnalisé (CRP) et en contrat de transition professionnelle (CTP), sans emploi
E : 358 300 -0,7 % (+ 7,7% sur 1 an) demandeurs d'emploi non tenus de faire de actes positifs de recherche d'emploi, en emploi (par exemple : bénéficiaires de contrats aidés)

Au total on dénombrait, 5 119 800 (données corrigées), hors DOM TOM, soit + 7,7 % sur 1 an, + 29 300 en 1 mois et DOM-TOM compris : 5 432 200 (page 15 du rapport de la DARES). On était loin du chiffre que l’on médiatise, celui des chômeurs de la catégorie A. Mais la pauvreté s’installe car 51,9 % des chômeurs inscrits à Pôle Emploi ne perçoivent AUCUNE INDEMNITÉ, ni ARE (allocation retour à l'emploi), ni allocation de solidarité (ASS, AER ...). Elle s’étend aussi aux 1 298 900 foyers bénéficiaires du RSA, en effet sur 2 038 000 de foyers (chiffre sous estimé datant de l'an passé), seuls 739 100 sont inscrits à Pôle Emploi, les autres bénéficient d'autres suivis (associations, collectivités locales etc.) en sachant qu'un foyer bénéficiaire, comporte parfois plus d'un demandeur d'emploi en son sein.

Ajoutons dans les citoyens pauvres les 1 000 000, au bas mot, de bénéficiaires de l'AAH ou d'une pension d'invalidité, ne sont pas inscrits à Pôle emploi et des centaines de milliers, voire peut être + d'1 million de SANS-DROITS, principalement

- des jeunes de moins de 25 ans, primo demandeur d'emploi, qui comme vous le savez n'ont même pas droit au RSA (quasi unique en Europe).

- des sans droits, pour motif, dépassement des plafonds de ressources dans le foyer, exemple, votre conjoint(e) perçoit 600€ d'allocation chômage, ou 743€ d'allocation adulte handicapé, vous n'aurez même pas droit au RSA, car vous dépasserez le plafond couple qui est de 598€ par mois, si vous êtes NON SDF.

     - pensions insuffisantes, pensions alimentaires et de réversion qui dépassent le plafond du RSA, etc.

Cette situation alarmante ne s’améliore pas depuis septembre puisque c’est 45100 chômeurs de plus en catégorie A à fin octobre, les pertes s'accélèrent et les chiffres de novembre seront encore plus mauvais mais nous les oublierons dans les fêtes de fin d’année. Pourtant la réalité est là, le chômage va dépasser les 11% en 2013. D’ailleurs le gouvernement ne le nie pas et nous l’annonce pour nous préparer cyniquement au pire. En effet non seulement le chômage, donc la pauvreté va augmenter mais les classes moyennes vont devoir restreindre leur niveau de vie car ce seront les grands pourvoyeurs de l’augmentation historique de la fiscalité.
 
J’ai montré dans le précédent article que la France interprétait le mot « austérité » comme un blanc-seing à la pression fiscale et non à la « rigueur » de gestion de la dépense publique et à la chasse au gaspillage. On ponctionne la classe moyenne, car celle sur les riches rapporte peu et n’a qu’un but politique, et on reprend d’une main ce que l’on donne de l’autre aux entreprises. La Banque d’Investissement aux mains de l’Etat et de fonctionnaires, qui n’ont pas le métier des banquiers pour prêter à bon escient, risque d’être un coup d’épée dans l’eau. De plus les entreprises n’investissent que quand elle voit s’ouvrir ou s’agrandir un marché, or la croissance n’est pas en train de se dessiner dans les pays européens.

Le semblant de politique de relance se traduit par un coup de pouce largement au-dessous du coup de fouet envisagé par le rapport Gallois et on reprend le chemin des emplois aidés pour lutter contre le chômage. Beaucoup d’entreprises réduisent leurs effectifs par les départs en retraite non remplacés, le contrat "génération" risque fort de n’être qu’un effet d’aubaine dans un nombre restreint de cas mais d’une portée très limitée par rapport au 2.000 emplois perdus par jour.

Pendant que la France s’enfonce dans le chômage
Les industries disparaissent ou se délocalisent
Des fortunés et des retraités quittent la France
Les politiques plastronnent ou se déchirent
Leur incapacité mérite un châtiment.

Claude Trouvé
Coordinateur du MPF Languedoc-Roussillon