lundi 3 décembre 2012

Ne pas confondre les effets avec leurs vraies causes

La France va mal comme la moyenne de l’Europe, elle-même en perte de vitesse par rapport aux autres continents. Il y a donc un mal profond qui nous touche plus que d’autres pays plus au nord entre autres. On ne peut arguer du fait que notre pays n’est pas gâté par la nature. Quatre mers nous bordent. Nous sommes un carrefour incontournable vers la péninsule ibérique et une voie facile pour le passage vers l’Italie, l’Allemagne, le Benelux et le Royaume-Uni. Notre climat est tempéré et diversifié océanique et continental. Nous combinons harmonieusement plaines et montagnes. Cela la nature nous l’offre.
Notre passé fut glorieux et nous fûmes même un temps la première puissance du monde avant d’être supplantés par le monde anglo-saxon pour n’avoir pas su profiter des avancées scientifiques et technologiques. De ce passé il nous reste un domaine d’Outremer qui nous permet d’être présents un peu partout dans le monde. Nous sommes autosuffisants sur le plan alimentaire et il nous restait, il y a peu, une industrie compétitive et un système d’enseignement scolaire qui faisait envie au monde entier.
Las, aujourd’hui la nature nous prête toujours ses avantages mais nous sommes entrés dans le déclin économique. Pendant ce temps l’Europe du Nord et l’Allemagne en particulier ont fait un travail spectaculaire et notre industrie automobile sombre. Tant en termes de compétitivité qu’en termes économiques. L’Allemagne réussit l’exploit d’avoir un chômage au plus bas dans un monde en ralentissement et une Europe en crise.   Elle révise même ses prévisions pour 2012 et annonce un budget équilibré et une dette en recul de 2 points à 81,5% du PIB. Alors pourquoi pas nous qui n'allons pas tenir les 3% du PIB de déficit prévus et dépasser les 90% de dette ?
On peut bien sûr relever des « causes apparentes » à savoir l’absence totale depuis quelques décennies d’une vision stratégique industrielle de l’Etat et donc un effondrement de la France dans les secteurs comme l’automobile, l’incompétence de l’Etat en matière d’industrie et d’économie, des charges comparativement trop fortes pour les entreprises, un abandon de la recherche et du développement, et cela ne date pas du gouvernement Hollande. On notera tout de même que  c’est la première fois qu’on a un gouvernement dont aucun ministre n’est passé par une entreprise privée à commencer par celui qui doit nous redresser.
Mais regardons-nous, les dons que la nature nous a faits, nous ont transformé en enfants gâtés. L’Etat-providence a dépensé sans compter pour nous donner le plus douillet système social d’Europe mais le plus cher aussi et de plus en plus déficitaire. Il est si alléchant qu’il attire les peuples d’Afrique, en particulier francophones ou musulmans, et cela irrésistiblement dans un marché de l'emploi en perte de vitesse, donc à nos frais. En voulant introduire une idéologie humaniste dans un pragmatisme économique, on a créé un comportement informe, incontrôlé et irresponsable, tiraillé entre les profiteurs économiques du système, l’envahissement de peuplement d’un autre culte et la réaction d’un peuple autochtone lui-même tiraillé entre humanisme et identité nationale dans un dilemme conduisant au racisme entre communautés.
Mais il y a plus profond en nous, un sentiment venu de la lutte des classes, cristallisé par la Révolution Française, moment historique où la bourgeoisie a repris le pouvoir à la noblesse et tué ou banni la Royauté. La bourgeoisie c’est le pouvoir de l’argent sans la reconnaissance d’une autorité suprême. C’est ainsi que s’est développé un nouvel état d’esprit où argent et travail se sont entrechoqués dans la lutte des classes qui perdure. C’est pourquoi le monde syndical français se bat en opposition au patronat d’une façon générale dans un climat de méfiance réciproque. C’est une différence fondamentale avec les pays de culture protestante et hansénique où l’on négocie, au cas par cas, un contrat social à durée déterminée qui n’est pas remis en cause avant son terme. Cela permet aux entreprises d’éclaircir l’avenir sans remise en cause permanente, de demander des sacrifices en période de vaches maigres et de récompenser en période de vaches grasses.
Il y a en France un rapport au travail, surtout depuis les 35 heures, un rapport aux entreprises et un rapport à l’argent qui sont à mon avis les vraies raisons de notre déclin. En conséquence nous attendons tout de l’Etat, qui se mêle donc de tout et déresponsabilise le travailleur et l’entreprise. Tout le reste n’est que des conséquences. Notre histoire nous colle à la peau, elle nous a fait rater la révolution industrielle du XIXème siècle et nous fait aborder en position de faiblesse derrière l'Allemagne la mondialisation qui nous est imposée.
Gardons de la Révolution le mot « Liberté »,
Liberté d’exprimer ses différences et de faire valoir ses droits.
Mais laissons la lutte des classes et la stigmatisation de l’argent
Pour la nécessité d’entreprendre et de travailler pour le bien de tous.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon