dimanche 2 décembre 2012

Les vieilles recettes ont toujours cours !

En ce dimanche maussade de fin d’automne on a le droit à se laisser aller à un peu de nostalgie avec ce regard des gens âgés qui essaient de revivre le temps passé, passé si vite qu’au coin de leurs yeux perle une larme retenue. Leurs regards le sondent ce passé avec les hommes qui l’ont construit et ils y puisent la conviction que c’était mieux avant. Tout y était plus propre, plus beau, plus sain, et, reportant le passé sur l’avenir, ils ferment les yeux en le rêvant meilleur.
Pour eux le présent n’est que mirages et déceptions, que politiciens qui lancent de la poudre aux yeux et qu'une réalité de plus en plus dure livrée à la jeunesse. Les promesses d’un lendemain meilleur par les candidats au pouvoir n’engagent plus que ceux qui les écoutent et l’on ne voit pointer que hausses, des impôts et des taxes (revenus, sociétés, TVA, patrimoine), du chômage, des emplois publics et non privés, de la violence, de la délinquance, des dettes de l’Etat, des déremboursement des médicaments, du gaz, de l’électricité, de l’eau, du carburant, des impôts locaux, etc. L’embellie est toujours pour demain avec la réduction des dépenses publiques… promis, juré !
Malheureusement le constat est toujours là, les dépenses ne diminuent pas globalement, ce que l’on gagne d’un côté on le dépense d’un autre, on le dépense même avant de savoir s'il existe en face une recette équivalente. De plus comme nous sommes riches et généreux nous mettons la main au porte-monnaie pour aider les pays amis, encore plus dépensiers que nous, grâce à l’argent que nous empruntons. Comme il faut trouver de plus en plus d’argent pour alimenter la pompe à emprunts, dont les seuls intérêts sont impossibles  à rembourser sans réemprunter, on fait marcher la planche à billets de la Banque Centrale Européenne, planche normalement scellée par les traités, mais que l’on active au profit des Etats et des banques pour cause… d’humanisme !
Le présent est rempli de nuages porteurs d’orages prêts à éclater, alors, pensent les vieux sages, reportons-nous sur le passé pour rêver qu’il revient auréolé de nos souvenirs. Ainsi pense chaque génération et de génération en génération se perpétue le mythe que tout était différent… avant. Malheureusement non, si j’en crois cet extrait de Marie-Antoinette écrit en 1933 par Stephan Zweig sur les finances publiques de 1780, juste avant la Révolution. Jugez plutôt :
"[I]l faut un Hercule pour vaincre les énormes difficultés budgétaires. On cherche un sauveur pour assainir les finances, on essaie un ministre après l'autre, mais tous n'emploient que des moyens d'une efficacité passagère, ceux d'hier et ceux d'aujourd'hui, que nous connaissons bien (l'Histoire se répète toujours) : ils recourent à d'énormes emprunts qui, en apparence, absorbent les anciens, à des surtaxes et des impôts excessifs, à l'impression [de billets] et à une refonte de la monnaie [...] qui la dévalorise -- en un mot, à l'inflation masquée. Mais comme les causes de la maladie sont plus profondes qu'on ne veut le reconnaître, qu'elles résident dans une circulation défectueuse, dans une distribution économique malsaine de la richesse, causée par la réunion de tous les biens dans les mains de quelques familles [...], et parce que les médecins de la finance n'osent pas entreprendre l'intervention chirurgicale nécessaire, l'affaiblissement du Trésor public devient chronique".
Surtaxes, impôts excessifs, déficit chronique et dette "irremboursable", inégalités, élites déconnectées de la réalité et plus occupées de gloire et d'ambition personnelles que du "bien commun", tout nous ramène au temps présent. Alors rien de nouveau sous le soleil me direz-vous ? Oui, sauf que quelques années plus tard c’était… la Révolution. Dans la période présente de l’histoire où le dirigisme et la centralisation économique nous font monter chaque jour un peu plus le mur de la dette, une relecture du passé redonne un peu d’espoir… puisque nous sommes encore vivants.
Mais avant de vous quitter et pour endormir nos craintes du présent, en regardant par la fenêtre tomber les dernières feuilles (d’impôts), je vous livre un texte paru dans les publications Agora du Comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur d'Autriche à Paris entre 1766 et 1789. J’ai ajouté dans le texte la traduction actuelle des termes financiers de l’époque… moyennant quoi on s’y croirait !
"Lorsque le gaspillage et la profusion absorbent le trésor royal [trésor public], il s'élève un cri de misère et de terreur ; alors le ministre de la Finance emploie des moyens meurtriers, comme en dernier lieu la refonte des monnaies d'or [l’assouplissement quantitatif] sous des proportions vicieuses, ou quelques créations de charges [impressions monétaires]. Ces ressources momentanées suspendent les embarras et on repasse avec une légèreté inconcevable de la détresse à la plus grande sécurité. Mais ce qui paraît de la dernière évidence, c'est que le gouvernement présent surpasse en désordre et en rapines celui du règne passé et qu'il est moralement impossible que cet état de choses subsiste longtemps sans qu'il s'ensuive quelque catastrophe".
Prémonitoire pour l’époque, non ? Et si l’histoire se répétait, différente certes dans la forme mais identique sur le fond ? Car, voyez-vous, les mêmes causes produisent les mêmes effets et le comble de la bêtise n’est pas d’utiliser des recettes qui s’avèrent mauvaises mais de recommencer à les appliquer en pensant que cette fois elles seront bonnes. Nos politiciens sont des meurtriers avides de pouvoir et les économistes, qui les conseillent, sont des crétins puisque depuis plusieurs siècles le peuple est pris pour une vache à lait réduite à casser l’étable et encorner ses profiteurs quand ses mamelles sont taries.
Le flux d’argent venu du ciel inonde
Les Etats, les banques et les entreprises mal gérées
Il anesthésie le peuple dans une providence éphémère
Mais, comme pour le tsunami, le plus terrible à venir
C’est le reflux !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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