samedi 24 novembre 2012

Des recettes à l’allemande pour sauver l’économie française ? (3ème partie)

La France croit encore que le trésor des riches suffit pour sauver les pauvres et que la diminution des dépenses publiques ne doit pas toucher ses dépenses sociales. Ce sont déjà deux mythes qu’il faut abandonner pour espérer ne pas continuer à payer nos dépenses publiques par l’emprunt d’Etat. De plus notre système social coûte de plus en plus cher et ce surplus ne va pas vers les plus démunis pour sa plus grande partie mais vers des citoyens qui n’en ont pas besoin. Il en est ainsi de l’allocation dépendance qui est devenue un cadeau pour les riches.

La Prestation Spécifique Dépendance (PSD) de 1997 a été versée à 130.000 personnes et subordonnée à un plafond de ressources. L’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) de 2001 a été versée à 1.203.000 au 31 mars 2011 sans condition de ressources soit la multiplication par plus de neuf du nombre de bénéficiaires ! De plus avec la PSD, après le décès du bénéficiaire, les héritiers, d’une succession de plus de 300.000 francs, pouvaient voir le remboursement leur être demandé par l’Etat. Finalement cette disposition a été retirée par Elizabeth Guigou, ce qui peut paraître surprenant pour un ministre socialiste. En fait la raison en est que les aides sont réalisées par des services publics et donc par des « travailleurs sociaux » publics dont l’emploi aurait été menacé ! C’est ainsi que l’Etat a préféré faire des cadeaux aux riches.

Par ailleurs 95% des personnes âgées, entre 75 et 85 ans, vivent chez elles et 75% sont aidées par leur entourage. D’ailleurs le Code Civil fait obligation aux enfants de porter assistance alimentaire à leurs ascendants. Dans le cas d’une demande d’aide sociale, l’Etat est en droit de demander aux ascendants de prouver leur incapacité à participer aux frais d’assistance. Cette disposition est peu appliquée. Dans le même ordre d’idées, Martin Hirsch a demandé aux caisses d’Allocations Familiales de ne pas appliquer l’obligation légale d’aide alimentaire pour le versement du RSA.

De plus le gouvernement Raffarin a créé une nouvelle taxe nationale, la contribution solidarité pour l’autonomie. Ce déplacement de la solidarité familiale, morale et naturelle, vers la solidarité nationale ne produit jamais de bons effets. C’est ainsi que l’Etat dépense globalement 25 milliards pour la dépendance, soit 1,4% du PIB, niveau supérieur à la moyenne de l’Union Européenne. L’abandon du prélèvement sur les successions des gens aisés et riches, ainsi que celui de l’assistance familiale, ont créé de lourdes dépenses qui sont finalement un cadeau aux riches et une détérioration du lien naturel familial. 

Ce détournement des fonds publics de leur véritable but montre que notre système social a besoin d’un recentrage urgent si l’on veut en diminuer le coût tout en augmentant l’efficacité. Il y a là d’importantes niches d’économies et de justice si chère à la gauche. Mais les distorsions ne s’arrêtent pas là. Notre pays est de très loin celui qui verse les plus fortes indemnités de chômage aux revenus élevés. On peut toucher jusqu’à 6.000 par mois,  soit 2,7 fois plus qu’en Allemagne, 5 fois plus qu’en Belgique et en Italie. François Hollande a qualifié de riches ceux dont le revenu mensuel est supérieur à 4.000 ! La solidarité nationale, payée majoritairement par la classe moyenne, doit-elle aider les « chômeurs riches » ?

Continuons par les intermittents du spectacle qui n’ont besoin que de 4 mois de travail pour être payés toute l’année, régime qui n’existe que chez nous. Il a été constaté officiellement que les allocations moyennes de ces chômeurs étaient supérieures de moitié à celles des autres catégories de chômeurs. Il n’est pas étonnant que leur nombre soit passé de 9.060 en 1984 à 106.000 en 2009 ! C’est un milliard d’euros que la solidarité nationale consacre à cette aide dont bénéficient même les acteurs les mieux rémunérés !

Le chômeur est particulièrement protégé en France. La durée maximale d’indemnisation est de 23 mois à 75% de son salaire antérieur sans dégressivité avec le temps pour 6 au Royaume-Uni et 7 en Italie. Pour l’Allemagne c’est les deux tiers du salaire pendant un an et 350 par mois après. Ceci se traduit par un taux de cotisation-chômage sur les salaires bruts de 6,4% au lieu de 1,3% en Italie et 1% au Royaume-Uni. A cela s’ajoute une pression beaucoup plus faible sur le chômeur dans la quête d’un « travail convenable ». Le chômeur français peut refuser un travail entraînant une perte de plus de 5% par rapport au salaire inférieur sans perte sur son allocation chômage, en Allemagne c’est une perte de 30%.

Cette protection, qui ne distingue pas entre les hauts et les bas salaires et qui protège plus qu’ailleurs le chômeur, montre que l’Etat préfère recourir à l’augmentation des charges sur les travailleurs et les entreprises par les cotisations chômage. Ailleurs on préfère alléger les charges sur les « producteurs » pour mieux garantir leur emploi, donc diminuer le chômage… Différence d’approche qui nous coûte cher pour un moins bon résultat avec de plus une évaporation de la solidarité nationale vers des « chômeurs riches ».

L’ancienne présidente de l’UNEDIC (devenu Pôle Emploi) déclarait : « les salariés qui se trouvent sans emploi ont tendance à se dire : j’épuise mes droits, je cherche un job ensuite ». A trop vouloir bien faire, on finit par aller à l’inverse du but recherché.

La solidarité nationale, supportée par la classe moyenne, ne doit pas
Donner moins aux pauvres pour donner aux riches,
Handicaper l’emploi pour aider le chômeur,
Sous peine de se tirer une balle dans pied !

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF Languedoc-Roussillon

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