vendredi 30 novembre 2012

Le triste spectacle de la politique du pouvoir

Après la passe d’armes entre Ségolène Royale et Martine Aubry au congrès de Reims, où les ingrédients de rivalité pour le pouvoir et les tricheries étaient les carburants de l’affrontement, nous vivons un psychodrame dans les rangs de l’UMP. Les larmes versées par les uns et par les autres, sur la frustration et de le désespoir des militants, fait plutôt pitié que sourire. Pitié par la bassesse et le mépris que ces propos cachent malhabilement. Le bien commun, l’avis de militants sont bien loin des préoccupations des belligérants. La seule chose qui compte vraiment, c’est la prise du pouvoir.
Autour des deux coqs, des béni-oui-oui s’affairent en toute obéissance pour compter parmi les favoris qui formeront la garde rapprochée auréolée de lambeaux de pouvoir. Les sages ne sont que le groupe des outsiders qui n’attendent que le moment d’arriver en pleine lumière, après que l’on ait débarrassé l’arène des restes sanglants des deux gladiateurs. Le grand perdant dans tout cela est la démocratie qui renvoie le peuple militant de base à ce qu’il est réellement, tout juste un faire-valoir.
En même temps que le Président et le Premier Ministre reculent dans les sondages d’opinion, le principal parti d’opposition se déchire non pas sur des idées mais sur des égos. On peut se rendre compte que le mandat présidentiel, ramené à cinq ans et concomitant avec les élections législatives, a renforcé le pouvoir des partis qui s’installent pour cinq ans dans leur rôle majoritaire ou d’opposition sans plus aucun besoin de démocratie. Le Parlement ne vit qu’au rythme des élections présidentielles pour lequel il choisit son candidat.
« Derrière chaque « grand chef », se presse la cohorte des marmitons, fidèles et dévoués dans les limites de leurs espérances. Le groupe fait triompher des candidats qu’il a choisis moins en raison de leur valeur que de l’obéissance qu’ils promettent. Ils seront d’autant plus fidèles qu’ils seront plus incapables d’une carrière autonome » écrit Bertrand de Jouvenel.
De cette déconnection avec le peuple nait un sentiment de désaffection pour la politique et un abstentionnisme dangereux pour la démocratie. On est loin de l’art de diriger la Cité et de la défense du bien commun. Les pouvoirs des lobbies sont plus importants que les avis du peuple que l’on consulte le moins possible. La raison d’être de la politique est la conquête et la jouissance du pouvoir. Leurs regards vers le peuple sont ceux des marchands de rêves et d’illusions. Leurs actions sont basées avant tout sur la destruction de celles des prédécesseurs.
Dans ces phases paroxysmiques les politiciens montrent leur vrai visage et dans ce domaine, comme le disait De Gaulle, ce n’est pas le manque de candidats que l’on craint mais le trop-plein. Assis sur des idéologies qui leur servent de réflexion, ces hommes sont habités d’un froid égoïsme mais se révèlent incapables de mener leur peuple vers le bien-être en affrontant efficacement les défis du temps. C’est cette dure réalité à laquelle les citoyens sont brutalement confrontés, à cette réalité cruelle de la politique.
On rêve de ce petit pays qui tire bien son épingle du jeu dans une période de crise où la plupart s’enlisent, la Suisse. Il ne faut pas résumer la Suisse à ses banquiers comme le font beaucoup de français toujours allergiques à ce qui touche à l’argent. La Suisse exporte et a conservé une forte industrie chimique et pharmaceutique. Malgré son fédéralisme, la Suisse conserve une forte identité nationale. Mais surtout la Suisse écoute son peuple dans sa diversité. Qu’est-ce qui nous différencie politiquement de ce pays ? La démocratie directe.
La France ne se redressera pas si sa démocratie part en quenouille car la France s’est d’abord la force, l’enthousiasme et l’ardeur au travail de ses habitants. Le peuple doit avoir confiance en ceux auxquels il confie des responsabilités, dans leur probité et dans leur sens du bien commun. Si ce n’est pas le cas, nous n’aurons qu’un pays de traîne-savates qui se blottit contre une mère nourricière dont les mamelles se rétrécissent chaque jour.
Seul le peuple sait ce qu’il veut
Seul le peuple sait ce dont il a besoin
Seul le chef sait alors le chemin à suivre.
Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF du Languedoc-Roussillon

jeudi 29 novembre 2012

L’UMP en phase finale et un système politique français en lambeaux

La crise qui sévit depuis 2008, dans laquelle s’enfoncent l’Europe, la zone euro et la France, montre que les systèmes politiques de la plupart des pays européens n’ont pas convenablement pris en compte les nouvelles contraintes économiques qu’impose la mondialisation pour laquelle l’Europe s’est la moins bien protégée. La France est le pays où les dépenses sociales, les dépenses publiques/habitant et la pression fiscale sont parmi les plus élevées. Elle est effectivement le pays dont la pente de la descente économique risque d’être la plus élevée des pays qui ont résisté tant bien que mal, d’où l’article du journal « The Economist » sur la bombe française.
Avec des réformes structurelles à peine amorcées, une propension à l’augmentation de la pression fiscale, un marché du travail trop rigide, des partenaires sociaux qui n’arrivent pas à œuvrer sur un contrat social négocié d’une durée raisonnable, des dépenses sociales non maîtrisées, la France montre que son système politique est économiquement désastreux. Il repose d’une part sur des prélèvements obligatoires sans cesse croissants et d’autre part sur une classe politique professionnelle composée essentiellement de fonctionnaires et dominée par les anciens élèves de l’Ecole nationale d’administration. Cette élite en refusant d'appliquer les principes de base de la compétitivité condamne économiquement notre pays.
Le système politique dans lequel baignent tous les partis se montre incapable de remettre le pays sur une trajectoire de prospérité. Les socialistes de M. Hollande s’agitent en tous sens, se contredisent chaque jour, sont déjà discrédités dans l’opinion et désavoués par les instances internationales et les agences de notation. L’UMP se déchire entre des tendances qui ne proposent aucune solution au mal français et qui n’ont pour moteur que l’ambition personnelle des uns et des autres. Les gauchistes croient au transvasement de l’argent des riches vers les plus démunis et à un interventionnisme de l’Etat de type soviétique dans les activités économiques privées. Ils sont donc en décalage complet par rapport à l’évolution de la Chine qui va devenir la première puissance économique du monde.
Les écologistes ne cessent de proposer des mesures antiéconomiques ou bloquant le progrès et l’innovation comme l’augmentation du coût de l’électricité pour le développement des énergies renouvelables, l’arrêt du nucléaire, l’interdiction des recherches sur le gaz de roches, etc. Le FN défend un isolationnisme trop rigide dans la mondialisation qui nous est imposée et une politique de l’immigration de simple fermeture hermétique du flux migratoire, délaissant la nécessaire politique d’assimilation qui représente la principale difficulté à résoudre pour la paix sociale. Les centristes tentent de reconstituer un parti qui emprunterait une partie de leurs absurdités à chacun de ceux qui le bordent et sont aveuglément attachés à une Europe mal ficelée qu’ils ont appelée de leurs vœux et qui sombre économiquement lentement mais sûrement.
Dans ce système politico-médiatique, où la pensée unique a jugulé toute démocratie agissante, les médias font mine de se réjouir des avatars de l’UMP en pleine crise existentielle. Pourtant ceux-ci ont largement contribué à l’omniprésence d’un système mortifère en relayant presque exclusivement les messages de la pensée unique et en stigmatisant tout propos mettant en avant les dangers du multiculturalisme ou la faillite de la monnaie unique.
De la dislocation de la droite et de l’incapacité de la gauche à redresser le pays, peut sortir une ère nouvelle si le peuple sort de son apathie. Avec les « soldats aux cheveux gris contraints par la nécessité » comme le disait le vieil Homère, les jeunes et moins jeunes vont devoir reprendre l’initiative et donner leur soutien à la reprise démocratique du pays dans les mains de ceux qui s’ingénient à ne pas leur laisser la parole sauf pour être élus. Dans la dépression qui se profile, un pays peut générer des monstres mais la crise se définit aussi ainsi :
« C’est quand le vieux se meurt et que le jeune hésite à naître »
Du marxiste Antonio Gramsci !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

mercredi 28 novembre 2012

L’Union Européenne craquera-t-elle avant la zone euro ?

Cinq ans après le début de la crise, la situation économique de l'Union demeure lamentable : pas moins de 17 des 27 états membres sont en récession. Déjà en 2009 Angela Merkel mettait en garde : « ne nous attendons pas à des miracles, car nulle décision politique, aussi courageuse soit-elle, ne pourra conjurer l'effondrement de l'économie européenne. » Elle était alors très isolée dans sa façon d'envisager l'avenir. Aujourd’hui on s’aperçoit qu'elle voyait juste. De plus les écarts avec ceux qui s'en tirent le mieux ne font que se creuser, mettant en péril l'unité et la stabilité de l'Union.

Dans les pays les plus durement touchés comme l'Espagne ou le Portugal, il faudra au moins une génération pour compenser l'effondrement du niveau de vie. Pour la Grèce on sait d’ores et déjà qu’elle ne survivra qu’en effaçant sa dette et en étant rejetée provisoirement hors de la zone euro. Le maintien de l’aide à cette dernière ne dépend plus que de la volonté de l’Allemagne. Il s’agit pour elle de gagner du temps, le temps que ses banques se débarrassent sans trop de casse de leurs obligations grecques. Mais c'est 138 milliards que l'UE vient de débourser en une semaine entre les 40 milliards d'effacement de la dette et les 44 milliards de prêts à la Grèce, les 17 milliards à Chypre, et les premiers 37 milliards aux banques espagnoles alors que les pays fournisseurs sont tous endettés... qui va finalement payer ?

« Pour la première fois depuis sa création, l’Union européenne, peut-être plus vite que la zone euro, risque de s'effondrer. Chaque mois, ce scénario se précise un peu plus, sans que l'on puisse clairement dire quel processus prendra le pas sur l’autre : celui d'un Euroland renforcé autour de l'Allemagne ? Ou celui de la désintégration du bloc des pays eurosceptiques, Royaume-Uni en tête ? » (Le Monde)

L’évolution actuelle ne réjouit pas l’Allemagne qui souhaite fédérer autour d’elle la Pologne et les autres pays d’Europe centrale, dans lesquels elle a délocalisé ses productions et dont elle a besoin pour lui assurer une compétitivité au moins européenne. Ce sont aussi ceux qui défendent la politique allemande d’austérité et de réformes structurelles. Cet îlot, auquel s’ajoutent les Pays-Bas, la Suède et la Finlande, crée une zone de déséquilibre économique avec la possibilité de crédits à taux faibles pour les entrepreneurs qui leur assurent un avantage considérable.

Ceci a entraîné l’augmentation des différences de niveau de vie et la fin de l’Europe sociale que la gauche avait mise en avant pour faire voter Maastricht. Cette évolution signifie que les intérêts des Etats membres seront de plus en plus divergents. Tandis que les Roumains, les Bulgares, les Grecs ou les Portugais vont chercher à assurer la survie de leurs populations en insistant sur cet enjeu auprès de Bruxelles, l'Allemagne et la Suède préféreront mettre l'accent sur l'écologie et les sources d’énergie alternatives.

En fait la perspective d’une Europe à plusieurs vitesses prend de plus en plus de vigueur. Il faut reconnaître que l’euro crée provisoirement une raison économique de cohésion dans sa zone mais les tensions entre pays dues à la crise européenne, plus violentes qu’ailleurs,  risquent de balayer la peur de l’inconnu et de l’échec.

Le dépouillement des nations de leurs pouvoirs législatifs, 70% de nos lois émanent directement ou indirectement de l’UE, et désormais budgétaires, affaiblit l’idée de nation chez les peuples européens. Dans un contexte de récession et de baisse des niveaux de vie chez de nombreux pays, on voit fleurir les désirs régionaux d’indépendance. Sur ce thème les élections du 25 novembre 2012 en Catalogne en sont une preuve. Le « détricotage » des nations était bien dans l’esprit de Jean Monnet, fondateur de l’Europe.

Les discussions avortées sur le budget européen sur fond de crise européenne ne sont qu’un soubresaut d’un malade atteint mortellement et que l’on maintient parce que l’on ne sait pas quoi faire de son héritage qui ne comporte que des dettes. 2012 était l’année de tous les dangers, 2013 s’annonce l’année du grand craquement, celle de l’heure de vérité.

L’Europe a pêché par orgueil et par vanité en s’élargissant sans relâche,

Elle va finir comme la grenouille devant le bœuf de Jean de la Fontaine :

« S'enfla si bien qu'elle creva. »

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
 

mardi 27 novembre 2012

Quand on n’a pas le courage de son ambition, on trompe l’opinion

Le président Hollande a prévu un budget 2013 sur des bases volontairement trop optimistes afin d’éviter d’avoir à faire les coupes budgétaires nécessaires dans le budget des administrations publiques. La seule solution qui reste est l’augmentation des impôts qui génère des mouvements sociaux difficilement contrôlables. C’est donc le choix délibéré du Président de pratiquer une austérité à base principalement d’impôts mais à dose plus légère, grâce à une prévision de croissance inatteignable. Il a pu affirmer mordicus que le déficit de 3% du PIB serait tenu et Pierre Moscovici était chargé de le proclamer haut et fort pour encourager le contribuable à accepter la ponction de son porte-monnaie pour la bonne cause.
Pour tout observateur attentif, il était évident que la promesse de ce déficit, auquel la France s’est engagée, ne serait pas tenue et que le calcul du Président était qu’il ne serait pas le seul dans ce cas. En conséquence il serait toujours temps de renégocier l’objectif avec d’autres pays atteints du même mal. J’avais eu l’occasion de vous en faire part bien avant que l’OCDE le prédise aujourd’hui 27/11/12. Celui-ci prévoit pour nous une croissance de 0,2% en 2012 au lieu de 0,3% prévu. Le  déficit de 4,5% du PIB devrait être atteint comme prévu, mais cela au prix d’une pression fiscale accrue par rapport à celle annoncée par le précédent gouvernement.
Pour 2013, c’est une croissance de 0,3% à prévoir au lieu des 0,8% du budget voté. Ce qui entraîne mathématiquement une impossibilité de réussir les 3% de déficit du PIB sur lesquels l’Etat s’est engagé. Nous sommes toujours dans une démarche électoraliste qui se refuse à engager vraiment des réformes structurelles et une véritable optimisation des dépenses publiques qui sont en pourcentage l’une des plus élevées d’Europe. Sa politique économique est basée essentiellement sur la pression fiscale et non sur la rigueur, la vraie, celle des dépenses publiques.
L’embellie est toujours repoussée pour plus tard. En 2014 tout ira mieux, même l’OCDE le prédit, il faut tellement tenir l’opinion de peur qu’elle ne se rende compte que l’Europe s’enfonce plus vite que les autres continents dans la crise. Peut-on raisonnablement espérer que la Chine tire tous ces pays qui s’enfoncent dans la dette et qui, les uns après les autres, impriment de la fausse monnaie et empruntent ? Peut-on vraiment croire que cette politique à courte vue de sauvetages successifs par la planche à billets ne soit autre chose qu’une façon de gagner du temps ?
La Grèce est sauvée, elle va toucher ses 43,7 milliards qui lui permettent de tenir jusqu’au printemps. Son budget serait presque équilibré… dans les prévisions budgétaires, mais sa dette de 190% du PIB doit être diminuée jusqu’à 124% en 2020. Tous les moyens sont bons pour cacher que c’est désormais le contribuable européen qui va devoir payer. Prolongation des durées de prêt, baisse des taux d’emprunt dans les prêts bilatéraux, et même rachat de sa dette à une valeur très éloignée de sa valeur d’émission en obligations souveraines par emprunt à un taux proche de zéro au FESF, sont parmi les outils « usine à gaz et proches de la cavalerie » pour cacher la vérité… la Grèce ne pourra jamais rembourser sa dette. Le contribuable européen devra payer d’une façon ou d’une autre et la France en sera pour payer 55 milliards in fine. Les fond propres du FESF doivent déjà être portés à 10 milliards.
A qui le tour maintenant Chypre ? Malte ? Irlande ? Portugal ? Espagne ? L’ambition d’une Europe sociale, économiquement forte et heureuse, sombre dans le chômage, la perte de compétitivité et la diminution de ses exportations. La mondialisation fait de moins en moins bon ménage avec une activité économique basée de plus en plus sur la consommation intérieure. La France va voir son chômage augmenter en octobre pour le dix-huitième mois consécutif et rien, à part les promesses des gouvernants toujours très optimistes, ne permet de prédire honnêtement une embellie.
L’action principale des gouvernants est de maintenir l’espérance de jours meilleurs en affirmant tout le temps, c’est pour demain. A chaque nouvelle élection les dirigeants ont payé leurs mensonges depuis le début de la crise mais ils espèrent toujours que cette fois c’est la bonne et embouchent les trompettes du réveil des espérances dans un champ de ruines de l’économie.
Les banques sont en triste état et ont déclenché la crise des subprime. Désormais ce sont les Etats qui sont endettés jusqu’au cou. Qui va payer ? Réponse : le contribuable et la planche à billets jusqu’à la catastrophe finale où l’argent ne vaut plus rien et on en revient au troc pour survivre. La zone euro est le cœur et le moteur central de l’Europe. Elle s’est tiré une balle dans le pied avec la monnaie unique sur des pays socialement, économiquement et même parfois culturellement très différents. Ce choix trop lourd et paralysant entraîne tout le navire Europe vers le fond de l’abîme.
Gavée par la politique des petits cadeaux humanistes
La troupe des moutons ne voit plus le bord du précipice.
L’entrepreneur, le fonctionnaire, le salarié, le retraité, s’y retrouveront,
Seules leurs élites, qui les y ont conduits, s’auront y survivre.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

lundi 26 novembre 2012

La guerre des deux François

On ne peut qu’être admiratif de notre bon La Fontaine qui a su dans ses fables dépeindre les défauts de la société humaine. Après « les deux chèvres », on peut penser à « l’huître et les deux plaideurs ». Un jour deux Pèlerins sur le sable rencontrent une Huître que le flot  y venait d’apporter. Ils l’avalent des yeux, du doigt ils se la montrent ; à l’égard de la dent il fallut contester. L’huître, objet d’une convoitise acharnée, c’est évidemment la présidence de l’UMP où les deux protagonistes voient, peut-être à tort d’ailleurs, l’antichambre de l’élection présidentielle.

Voilà deux plaideurs, à qui les circonstances offrent une présidence à prendre après la défaite et le retrait de leur mentor, dans lesquels on reconnait facilement François Copé et Jean-François Fillon. Et que dire d’Alain Jupé dans le rôle de Georges Dandin, le rôle lui va si bien dans celui du juge né malin, rusé, madré mais « droit dans ses bottes ». Le revoilà, maigre et sec et portant beau mais les traits et la taille un peu épaissis au vin de Bordeaux. Une occasion se présente le remettant dans la lumière et le place dans la position du vieux sage, du gourou après tant d’avanies.

Il n’y a pas résisté mais a prévu courageusement sa porte de sortie. C’est ainsi qu’il ne s’est pas présenté aux législatives pour mieux préserver ses chances aux municipales sentant un vent mauvais. Par sa médiation, il revient dans la course des candidats aux présidentielles de 2017 avec une stature d’homme de consensus. La partie était perdue d’avance, peu importe. Il a joué un acte.

Les sympathisants UMP et même la France peuvent désormais se poser la question de savoir vers lequel des deux plaideurs son cœur balance ou sa moindre aversion. En effet les deux ont 2017 en ligne de mire. Il y a deux façons de voir, celle de la préférence humaine basée sur notre empathie et celle plus raisonnée du meilleur battant politique pour qui seule la victoire compte.

C’est deux ambitions et deux tempéraments qui s’affrontent. On voit d’un côté un boxeur qui avance, reçoit des coups pour mieux pouvoir en donner, prêt à toutes les esquives, à toutes les manœuvres et qui évite les yeux de l’arbitre pour placer un coup bas. On voit de l’autre un homme, qui a été le Sancho Pansa de Sarkozy, dont ce dernier dit qu’il n’a existé que dans son ombre. Cet homme d’Etat abandonne l’éventualité de sa présidence et est donc plutôt dans le recul et dans l’attitude de mauvais perdant.

Personne ne pourra connaître la vérité sur ce vote mais il s’agit de savoir quel homme est le plus capable de mener le combat dans un parti qui a rassemblé deux anciens partis. C’est l’histoire de l’UMP qui resurgit. En effet le parti s’est finalement plus ou moins divisé sur la pensée unique qui est européenne et favorable au multiculturalisme. Le gaullisme ne s’est plus retrouvé dans l’abandon progressif de la souveraineté du pays par l’entrée dans l’OTAN, le non respect du vote des français sur la Constitution européenne, la main tendue au multiculturalisme à préférence musulmane, etc.

Avec l’arrivée sur la scène politique de l’UDI, on voit mal quelle place pourrait avoir la partie de l’UMP, qui est européenne, socio-libérale et multiculturelle, dans un nouveau parti de scission. De l’autre côté le courant gaulliste et nationaliste, sensible aux dangers de l’immigration de peuplement d’une autre culture et d’un culte envahissant reprend espoir de se faire entendre avec l’appui des évènements récents. Le véritable clivage n’a pas clairement transpiré, chacun des deux candidats ayant pris plus ou moins dans ces deux courants. C’est donc plus vers une désagrégation de l’UMP que l’on risque d’assister plutôt qu’à une claire scission.

Deux courants de pensée s’expriment néanmoins de plus en plus fortement à droite et vont pousser à une clarification dans les partis droitiers. Le courant de pensée souverainiste sort vainqueur de cet épisode comme son contraire européen à volonté humaniste. Ce vote est donc à droite un grand moment de la vie politique française où la pensée unique est la grande perdante et voit pointer un débat sur le fond que la France ne peut éviter et qui a été occulté lors de la dernière présidentielle.

C’est du chaos qu’est né l’univers,

Du chaos peut naître un monde politique nouveau,

Si tel est le cas il faut se réjouir de celui-ci.

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon  

dimanche 25 novembre 2012

Des recettes à l’allemande pour sauver l’économie française ? (4ème partie)

L'école de commerce suisse International Institute for Management Development vient de publier son classement 2012 des 30 pays les plus compétitifs du monde. C'est-à-dire qu'ils sont ceux qui combinent le mieux "leurs ressources économiques et humaines dans le but d'accroître leur prospérité". En particulier, chacun des trois champions a  été récompensé pour le dynamisme de ses entreprises (Hong Kong), sa capacité à innover (Etats-Unis) et son système budgétaire sain (Suisse) qui attire les investisseurs.
L’Autriche est à la 21ème place, l’Irlande à la 20ème, le Royaume-Uni à la 18ème, la Finlande à la 17ème, les Pays-Bas à la 11ème, le Luxembourg à la 12ème, le Danemark à la 13ème, l’Allemagne à la 9ème, la Norvège à la 8ème, la Suède à la 5ème. La France ? Elle est à la 29ème place juste derrière le Chili, 12ème pays européen,  10ème pays de l’UE, 9ème pays de la zone euro ! On ne peut que constater pour la France une compétitivité en berne. Par contre il est exclu de retenir le fait que nos entreprises manquent de dynamisme, car il n’y a qu’à voir le nombre d’auto-entrepreneurs qui se créent chaque année et la réussite de nos patrons français dans les grandes entreprises étrangères pour rejeter cet argument. Ils manquent surtout de marges bénéficiaires qui ralentissent les investissements et les recherches et développements.
Le gouvernement ne peut se retrancher derrière l’argument de l’effort sur les coûts hors salaires incombant aux entreprises. Les entreprises font tout pour minimiser les coûts car il en va de leur survie avant même d’engranger des bénéfices. Le responsable c’est l’Etat français. La France est le pays de l’Europe où il est le plus présent, se mêlant de tout, contrôlant, changeant à tout bout de champ les lois, les décrets, les réglementations, les impôts et les taxes. Il empêche les entreprises de travailler dans un environnement serein. Il opte pour le libéralisme, signe pour la mondialisation et se comporte comme un pays communiste vis-à-vis de l’économie et de son tissu productif.
La France n’a pas compris que l’Europe n’est plus le nombril du monde, que des puissances émergentes d’Amérique du Sud mais surtout d’Asie du Sud-est tirent vers eux le dynamisme économique mondial. De plus le classement des nations montre que l’euro n’est pas un avantage pour les pays du sud, ni même un meilleur choix pour les pays du Nord puisque la Suisse, la Suède et la Norvège devancent l’Allemagne. Ceci étant on constate que, si la France ne met pas en place de profondes réformes structurelles, elle ne peut que régresser par rapport à la moyenne des pays européens eux-mêmes en déclin par rapport aux autres grandes puissances économiques. Il est symptomatique de retrouver 5 pays de l’Asie du Sud-est dans les 15 premières places alors que le Japon est à la 27ème place, soit guère mieux placé que nous et en perte de vitesse comme nous.
L’égalité est la passion dominante des Français qui souhaitent, en majorité et plus ou moins consciemment, qu’un salaire maximum soit imposé par la loi. L’envie est un sentiment très répandu : si votre voisin achète une voiture neuve, votre niveau de vie baisse. L’exploitation de l’envie est ainsi un des principaux leviers d’un programme électoral. Finalement l’égalitarisme, posé en principe majeur finit par freiner le progrès social et tuer la croissance.
Jean-Paul II avait eu l’intelligence de le constater : « Ce qu’il y a de mauvais dans une solution qui, sous l’apparence d’un renversement des situations des pauvres et des riches, portait en réalité préjudice à ceux-là mêmes qu’on se promettait d’aider ». L’exemple-type est le RSA qui est devenu, pour une grande part, un revenu supplémentaire d’assistanat qui finit par être versé à des citoyens qui ne sont pas en difficulté et qui n’incite pas les travailleurs à temps partiel à retrouver le plein emploi.
La démocratie parlementaire, monopolisée par deux partis majoritaires, se traduit par un éloignement du peuple dès que le Président est élu. La renonciation ou pour le moins le frein mis à l’utilisation du référendum en est la plus claire démonstration. Le refus de la Constitution européenne par le peuple a été bafoué et la démocratie parlementaire n’a plus été ensuite représentative du peuple. Tout participe à un poids paralysant de l’Etat dans un monde où le dynamisme, la créativité, l’adaptation permanente aux besoins, la sanction immédiate et dure des mal adaptés au marché sont les lois économiques universelles, encore plus impératives depuis l’augmentation des échanges mondiaux.
Trop d’Etat, trop de fonctionnaires,
Trop de social dilapidé hors de ses buts,
Trop d’éloignement du peuple des décisions majeures
Enserrent le cœur de la France dans un étau !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

samedi 24 novembre 2012

Des recettes à l’allemande pour sauver l’économie française ? (3ème partie)

La France croit encore que le trésor des riches suffit pour sauver les pauvres et que la diminution des dépenses publiques ne doit pas toucher ses dépenses sociales. Ce sont déjà deux mythes qu’il faut abandonner pour espérer ne pas continuer à payer nos dépenses publiques par l’emprunt d’Etat. De plus notre système social coûte de plus en plus cher et ce surplus ne va pas vers les plus démunis pour sa plus grande partie mais vers des citoyens qui n’en ont pas besoin. Il en est ainsi de l’allocation dépendance qui est devenue un cadeau pour les riches.

La Prestation Spécifique Dépendance (PSD) de 1997 a été versée à 130.000 personnes et subordonnée à un plafond de ressources. L’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) de 2001 a été versée à 1.203.000 au 31 mars 2011 sans condition de ressources soit la multiplication par plus de neuf du nombre de bénéficiaires ! De plus avec la PSD, après le décès du bénéficiaire, les héritiers, d’une succession de plus de 300.000 francs, pouvaient voir le remboursement leur être demandé par l’Etat. Finalement cette disposition a été retirée par Elizabeth Guigou, ce qui peut paraître surprenant pour un ministre socialiste. En fait la raison en est que les aides sont réalisées par des services publics et donc par des « travailleurs sociaux » publics dont l’emploi aurait été menacé ! C’est ainsi que l’Etat a préféré faire des cadeaux aux riches.

Par ailleurs 95% des personnes âgées, entre 75 et 85 ans, vivent chez elles et 75% sont aidées par leur entourage. D’ailleurs le Code Civil fait obligation aux enfants de porter assistance alimentaire à leurs ascendants. Dans le cas d’une demande d’aide sociale, l’Etat est en droit de demander aux ascendants de prouver leur incapacité à participer aux frais d’assistance. Cette disposition est peu appliquée. Dans le même ordre d’idées, Martin Hirsch a demandé aux caisses d’Allocations Familiales de ne pas appliquer l’obligation légale d’aide alimentaire pour le versement du RSA.

De plus le gouvernement Raffarin a créé une nouvelle taxe nationale, la contribution solidarité pour l’autonomie. Ce déplacement de la solidarité familiale, morale et naturelle, vers la solidarité nationale ne produit jamais de bons effets. C’est ainsi que l’Etat dépense globalement 25 milliards pour la dépendance, soit 1,4% du PIB, niveau supérieur à la moyenne de l’Union Européenne. L’abandon du prélèvement sur les successions des gens aisés et riches, ainsi que celui de l’assistance familiale, ont créé de lourdes dépenses qui sont finalement un cadeau aux riches et une détérioration du lien naturel familial. 

Ce détournement des fonds publics de leur véritable but montre que notre système social a besoin d’un recentrage urgent si l’on veut en diminuer le coût tout en augmentant l’efficacité. Il y a là d’importantes niches d’économies et de justice si chère à la gauche. Mais les distorsions ne s’arrêtent pas là. Notre pays est de très loin celui qui verse les plus fortes indemnités de chômage aux revenus élevés. On peut toucher jusqu’à 6.000 par mois,  soit 2,7 fois plus qu’en Allemagne, 5 fois plus qu’en Belgique et en Italie. François Hollande a qualifié de riches ceux dont le revenu mensuel est supérieur à 4.000 ! La solidarité nationale, payée majoritairement par la classe moyenne, doit-elle aider les « chômeurs riches » ?

Continuons par les intermittents du spectacle qui n’ont besoin que de 4 mois de travail pour être payés toute l’année, régime qui n’existe que chez nous. Il a été constaté officiellement que les allocations moyennes de ces chômeurs étaient supérieures de moitié à celles des autres catégories de chômeurs. Il n’est pas étonnant que leur nombre soit passé de 9.060 en 1984 à 106.000 en 2009 ! C’est un milliard d’euros que la solidarité nationale consacre à cette aide dont bénéficient même les acteurs les mieux rémunérés !

Le chômeur est particulièrement protégé en France. La durée maximale d’indemnisation est de 23 mois à 75% de son salaire antérieur sans dégressivité avec le temps pour 6 au Royaume-Uni et 7 en Italie. Pour l’Allemagne c’est les deux tiers du salaire pendant un an et 350 par mois après. Ceci se traduit par un taux de cotisation-chômage sur les salaires bruts de 6,4% au lieu de 1,3% en Italie et 1% au Royaume-Uni. A cela s’ajoute une pression beaucoup plus faible sur le chômeur dans la quête d’un « travail convenable ». Le chômeur français peut refuser un travail entraînant une perte de plus de 5% par rapport au salaire inférieur sans perte sur son allocation chômage, en Allemagne c’est une perte de 30%.

Cette protection, qui ne distingue pas entre les hauts et les bas salaires et qui protège plus qu’ailleurs le chômeur, montre que l’Etat préfère recourir à l’augmentation des charges sur les travailleurs et les entreprises par les cotisations chômage. Ailleurs on préfère alléger les charges sur les « producteurs » pour mieux garantir leur emploi, donc diminuer le chômage… Différence d’approche qui nous coûte cher pour un moins bon résultat avec de plus une évaporation de la solidarité nationale vers des « chômeurs riches ».

L’ancienne présidente de l’UNEDIC (devenu Pôle Emploi) déclarait : « les salariés qui se trouvent sans emploi ont tendance à se dire : j’épuise mes droits, je cherche un job ensuite ». A trop vouloir bien faire, on finit par aller à l’inverse du but recherché.

La solidarité nationale, supportée par la classe moyenne, ne doit pas
Donner moins aux pauvres pour donner aux riches,
Handicaper l’emploi pour aider le chômeur,
Sous peine de se tirer une balle dans pied !

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF Languedoc-Roussillon

vendredi 23 novembre 2012

Copé-Fillon, de drôles de cocos eux !

Les discussions sur le budget européen achoppent. Cameron joue la sortie de l’UE. La Grèce attend toujours les 32 milliards pour survivre jusqu’en 2013. Nous perdons un triple A de plus. Les Verts enfoncent une épine dans le pied du Premier Ministre avec l’aéroport de Nantes. Mélenchon devient écologiste. Une obscure association « gay-lesbo-trans » fait reculer un Président de la République, maniant le consensus jusqu’à la faiblesse, sur la liberté de conscience des maires. Arcelormittal ferme toujours ses hauts-fourneaux. Aucune solution n’est en vue pour Florange. Rien n’est clair sur les modalités d’application du crédit d’impôt pour les sociétés. Les Français se divisent sur une question d’éthique, de morale, avec le mariage pour tous demandé par une minorité homosexuelle mais grande avancée démocratique pour la gauche, etc., etc.
Deux duettistes de droite ont balayé médiatiquement toutes ces peccadilles par un grand numéro tragi-comique qui fait le tour du monde. L’improvisation dans laquelle joue ces deux acteurs est une performance théâtrale que personne n’avait jusqu’alors réussi à égaler. Les mots fusent et tiennent le spectateur en haleine. La démocratie en prend plein la poire et nous jette ses lambeaux à la figure. La corruption, pour laquelle les classements mondiaux nous notent en mauvaise place, joue le rôle, difficile mais réussi,  d’acteur principal.
Ces précieux ridicules font verdir de jalousie un autre spectacle de la Rive Gauche où la pièce veut s’adresser à « tout public » et sombre petit à petit dans l’indifférence des spectateurs blasés, déçus, qui jettent des tomates sur les acteurs de part et d’autre de la scène. Le pays n’a pas perdu son triple A, car à ses deux A, il vient d’en rajouter un troisième celui du bonnet d’Âne de la COCOE (Commission d’Observation de la Corruption Organisée Electoralement).
La France mérite de se reposer les fondements de l’application de la démocratie représentative où la conquête du pouvoir et des avantages qu’il procure passe avant le souci de l’intérêt général. Il n’est que de voir le recul devant toute législation qui les diminuerait en particulier sur le plan financier. Le parti dans l’opposition n’a pas le pouvoir de bloquer ou d’amender les lois, le parti gouvernemental valide sans broncher avec quelques changements à la marge. Globalement le Parlement est à la botte de l’exécutif et donc hors de son rôle de contrôle de celui-ci et du budget. Si la démocratie représentative est préférable au totalitarisme, on peut se demander si une bonne dose de démocratie directe ne devient pas indispensable comme dans bon nombre d’autres pays européens. Malheureusement l’un des points sur lesquels les partis sont d’accord c’est bien de faire en sorte que le référendum soit remisé au placard et que celui d’initiative populaire ne puisse jamais être réalisé avec les conditions imposées soit 10% des électeurs signant en moins de trois mois.
Ainsi s'avançaient pas à pas,
Nez à nez, nos aventurières,
Qui toutes deux étant fort fières,
Vers le milieu du pont ne se voulurent pas
L'une à l'autre céder. Elles avaient la gloire
De compter dans leur race, à ce que dit l'histoire,
L'une certaine chèvre, au mérite sans pair,
Dont Polyphème fit présent à Galatée;
Et l'autre la chèvre Amalthée ,
Par qui fut nourri Jupiter.
Faute de reculer, leur chute fut commune.
Toutes deux tombèrent dans l'eau.
Cet accident n'est pas nouveau
Dans le chemin de la fortune.

« Les deux chèvres »  La Fontaine

Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF du Languedoc-Roussillon

jeudi 22 novembre 2012

Fessenheim et rapport Gallois, tous deux à l’arrêt ?

Il peut paraître surprenant de lier ces deux aspects de l’économie. Pourtant tous deux ont un lien avec la compétitivité des entreprises qui sont plus ou moins consommatrices d’électricité. La France garde un avantage sur l’Allemagne en ayant un coût de l’électricité plus faible, avantage dû au coût inférieur de l’énergie hydraulique et de l’énergie nucléaire. Les énergies renouvelables ont un coût entre deux fois et dix fois plus élevé sans compter les subventions qui leur sont accordées. Chacun sait que subvention veut dire paiement par le consommateur, ce qui est d’ailleurs explicite sur sa facture EDF avec une contribution spécifique.
Le basculement, vers les énergies renouvelables et thermiques, indispensable pour compenser l’arrêt des réacteurs nucléaires coûte très cher au consommateur allemand qui a vu doubler sa facture d’électricité. La même politique appliquée en France donnerait exactement le même résultat. Le choix des énergies renouvelables n’a aucun fondement économique ni sur le coût électrique ni sur l’émergence d’une industrie nouvelle mettant la France dans une position exportatrice face à la concurrence de la Chine entre autres.
Ce choix est purement politique et destiné à satisfaire les Verts comme le fut l’arrêt de Superphénix qui plaçait la France en avance de quelques décennies sur la technologie prévue pour la quatrième génération de réacteurs nucléaires. L’argument de la sécurité suffit à effrayer une partie de la population à partir du moment où l’on concède que le risque zéro n’existe pas. Tout argumentaire pour défendre la cause de cette industrie devient inaudible alors que nul ne remet en cause l’industrie chimique qui a causé de très grandes catastrophes dans le monde, la plus proche de nous étant AZF à Toulouse.
Augmenter la sécurité, c’est-à-dire la sûreté des réacteurs, est une évidence que les autorités de Sûreté sont chargées de promouvoir, imposer et vérifier. La France dispose d’une Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) indépendante des exploitants et du pouvoir politique. Elle exige, d’EDF en l’occurrence, que les travaux jugés indispensables soient effectués et ne donne l’autorisation d’exploiter que lorsque ces travaux sont vérifiés comme réalisés. Dans le cas où l’exploitant ne les a pas faits dans les délais impartis, l’ASN se doit d’exiger l’arrêt du réacteur.
Le Président Hollande s’est engagé à fermer Fessenheim, sous le prétexte de son vieillissement et à la demande express des Verts brandissant l’argument d’une implantation sur une faille sismique. Or ce réacteur vient de subir avec succès son contrôle décennal par l’ASN, après avoir effectué des travaux préconisés à la suite des enseignements de Fukushima. Il a donc une autorisation de fonctionnement jusqu’en 2022. Fermer Fessenheim c’est considérer que les avis de l’ASN sont soumis au pouvoir politique, ce qui n’en fait plus une autorité indépendante. EDF sera donc en droit de demander des compensations pour la perte d’exploitation engendrée par cette décision.
Le rapport du député Hervé Mariton qui vient d’être remis au gouvernement met le doigt sur une autre conséquence. Si l’argument du vieillissement est retenu pour arrêter Fessenheim c’est de nombreuses centrales, dont l’âge est proche, qui devront aussi être mises à l’arrêt. L’arrêt d’une centrale est évalué entre 400 millions et plus de 2 milliards. Mais en dehors du coût à répercuter sur le KWh, la consommation électrique française ne pourra pas être assumée par des énergies renouvelables de remplacement sans avoir recours à l’énergie thermique polluante qu’il sera difficile de mettre en œuvre à temps.
Le rapport Gallois n’aboutit qu’à la prise de demi-mesures dont l’efficacité reste à démonter puisqu’elles se traduisent par une augmentation des impôts sans que l’on mette en œuvre à la place une réduction structurelle des dépenses publiques de fonctionnement. De même l’arrêt de Fessenheim ne fera que compliquer la tâche d’EDF et augmenter le coût de l’électricité sans qu’une politique énergétique cohérente soit mise en place sinon une demi-mesure plus politique qu’économique.
Incohérence, navigation à vue, électoralisme,
Inexistence d’une politique ambitieuse, claire et déterminée,
Sont les stigmates d’une France qui concède plus à l’idéologie qu’au pragmatisme.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

mercredi 21 novembre 2012

AA1 ? La perte d’un cran n’a-t-elle aucune importance ?


Il est dramatique d’être pris pour des imbéciles dans une démocratie normale puisque ce sont alors des imbéciles qui orientent leur pays. En France, où la démocratie est déclarée imparfaite par les observateurs, c’est sans conséquence puisque le citoyen n’est pris en considération que pour élire un représentant. Après celui-ci, arrivé au pouvoir, s’occupe de tout et raconte n’importe quoi au citoyen débile pour le maintenir dans une euphorie abêtissante !
Moscovici ne tient aucun compte de la dégradation de la note de la France par Moody’s et de la perspective négative qui lui est associée. Pourtant si la mauvaise note est due principalement à l’équipe gouvernante précédente, les perspectives négatives s’adressent expressément à l’avenir, donc aux dispositions budgétaires et structurelles envisagées par la France.
Bof me direz-vous, l’impact sur nos taux d’emprunt est très peu affecté après cette annonce et la différence de taux avec l’Allemagne (le Spread) reste constante. Il y a plusieurs raisons à cela, la première est que les banques avaient déjà anticipé cette dégradation après celle de Standard & Poors en février. La réglementation leur impose en effet de constituer des fonds propres dès qu’elles se portent acquéreuses d’obligations d’Etat dont la note n’est plus maximum, et ce d’autant plus que la note est basse.
La nouvelle perspective négative va les obliger à continuer à augmenter leurs fonds propres dans la perspective d’achat d’obligations françaises. Tout ceci s’étale dans le temps et n’a pas d’effet immédiat. Cependant les banques ont encore le choix des pays notés AAA. Il n’est pas dit que l’obligation française soit toujours aussi attractive. Son taux est maintenu artificiellement par la nécessité de ne pas briser le duo franco-allemand pour la survie de l’euro, car la dégradation de la santé économique de la France ne peut en être la justification.
Les banques ont par exemple un choix plus sûr et moins rentable avec l’Allemagne ou plus risqué mais plus rentable avec l’Italie. La baisse de la note française va donc jouer sur l’attractivité des OAT françaises. Si c’est le cas nos devrons accepter un taux plus élevé dans les mois qui viennent. D’ailleurs les assurances-vie qui voient leurs clients retirer leur argent au profit de la Caisse d’Epargne et du LDD, auront moins d’argent à placer. Le placement des obligations en sera plus difficile. La digestion du A manquant est pour le moment indolore, le temps que le marché des obligations se réorganise.
Ceci est très ennuyeux car en 2013, la France sera de très loin le plus gros émetteur de dettes en euro, devant l'Espagne. C'est donc en 2013 que les rendements et les taux devraient monter de façon significative. Mais il est vrai que les français sont censés ne rien comprendre et que pour l’instant on est en 2012. Il est vrai aussi que l’Etat s’ingénie à lui tendre des pièges comme le relèvement du dépôt maximum sur les livrets Caisse d’Epargne et LDD. En effet 65% de ces dépôts sont mis à disposition de la Caisse des Dépôts et Consignations, donc de l’Etat. Cela a deux conséquences, d’une part c’est autant d’argent qui ne va pas alimenter le circuit économique et est soustrait à la Bourse mais d’autre part c’est de l’argent facilement blocable pour raison d’Etat. Il court déjà dans l’air l’idée de fiscaliser les gros livrets…
La perte d’un cran n’est que la matérialisation de notre chute et de perspectives peu encourageantes. D’ailleurs, selon le rapport PWC, la France est à la 167ème place sur 185 en matière de compétitivité fiscale pour les entreprises. Cela justifie l’empressement des entrepreneurs à aller voir ailleurs, au Luxembourg, en Irlande et même, surprise, au Danemark ou en Islande.
La France se comporte comme le mauvais élève qui cache sa feuille de notes,
Repousse à demain une réelle diminution des dépenses publiques,
Et endort le citoyen dans une fausse sécurité avant de le dépouiller.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

mardi 20 novembre 2012

UE et Royaume-Uni en instance de divorce, zone euro en instance d’explosion

Trois pays constituent la raison d’être et la puissance de l’Union Européenne, l ’Allemagne, le Royaume-Uni et la France. Le départ de l’un des trois détruit le poids de cette institution dans le monde de la finance et dans le monde économique. Or d’une part le Royaume-Uni entre de plus en plus souvent en conflit avec la Commission européenne soutenue généralement par ses deux autres partenaires, mais d’autre part le sentiment que ce pays est un empêcheur de tourner en rond se répand.
La querelle sur le budget européen s’éternise et le Royaume-Uni campe sur sa position de gel du budget européen. Il argue que tous les pays sont en train de faire des restrictions budgétaires et qu’il est normal que l’UE fasse de même. Il s’ensuit une cacophonie où chacun voit midi à sa porte. La France accepte une augmentation sous condition que les fonds supplémentaires aillent vers l’aide aux investissements de tous les pays dont la France, les pays en difficulté acceptent à condition que l’aide européenne vers eux soit augmentée.
L’UE n’a pas intérêt à ce que le Royaume-Uni la quitte mais elle fait peu d’efforts pour écouter les plaintes de ce pays qui voit de plus en plus de pouvoirs transférés à l’UE et une opinion publique de plus en plus rétive à son maintien. Elles pointent du doigt des dispositions législatives qui sont une entrave à l’emploi comme la directive sur le temps de travail. Elle pense aussi que, d’une façon plus large, un retour en arrière des pouvoirs européens dans des domaines de la législation comme l'éducation, la santé, la sécurité et les dépenses régionales, serait également utile. Si l’UE ne consent pas à se dessaisir de certains pouvoirs mais au contraire continue à en accaparer, le lien du R.U avec l’UE peut casser sous la pression publique. Le « I want my money back » (je veux être remboursée) de Margaret Thatcher peut resurgir.

La zone euro ne repose que sur deux piliers l’Allemagne et la France. Dans cette zone hétérogène, le divorce entre pays du Nord et du Sud est prononcé et les oppositions se manifestent à tout bout de champ. Le cas de la Grèce qui demande le versement d’un prêt de 44Mds est l’occasion de mettre en plein jour le ras-le-bol des pays qui s’en sortent bien, dont l'Allemagne qui traîne les pieds, et ne veulent plus traîner le boulet de ceux qui n’assument plus leurs dettes. La dégradation de la note de la France à Aa1 ne fait que compliquer le problème puisque le FESF qui s’engage avec la garantie des pays contributeurs voit entachée la confiance que lui accordent les marchés. En effet lorsque la note Aa1 de la France est inférieure à celle AAA du FESF, ce qui est devenu le cas, la France ne peut plus apporter sa garantie !

La France, qui soutient l’Espagne et l’Italie pour l’attribution de fonds européens pour la croissance, ne tient plus le même discours lorsqu’il s’agit de diminuer la PAC, Politique Agricole Commune, qui lui est profitable. Les pays qui attendent une manne financière pour éponger leur déficit et ceux qui en sont les pourvoyeurs divisent désormais profondément les états européens sur fond de crise européenne et mondiale. Il est grand temps de repenser l’Europe sur des bases plus pragmatiques et plus solides. L’Europe a plusieurs vitesses et d'une monnaie commune dans une évolution ordonnée est une idée qui fait son chemin mais qui ne pourra éclore que lorsque la situation sera catastrophique et si elle l’est chacun aura tendance à se replier sur sa monnaie nationale.

Il n’y a pas de salut à court terme dans les politiques suivies par les pays qui ont une dette importante et un déficit structurel. L’agence Moody’s juge insuffisantes les dispositions économiques prises par la France en 2013, mais elle dégrade la Grèce, l’Espagne qui réduisent drastiquement leurs dépenses. L’austérité, conjuguée sur l’air de la pression fiscale, dans une ambiance de régression économique ne permet pas de sortir du cercle vicieux : Hausse de la pression fiscale, baisse de la consommation, baisse de la croissance et des rentrées fiscales. Notre régression industrielle date de la mise en œuvre de l’euro, il faudra bien qu’un jour nos politiques en tiennent compte. Sinon nous n’échapperons pas à la catastrophe que surtout les patrimoines et les retraités devront encaisser alors que des bruits de troisième guerre mondiale, d’origine financière ou économique, se font de plus en plus nombreux.

L'Allemagne se prépare à tous les scénarios possibles
Elle anticipe, prévoit, prête à agir quelle que soit la situation.
La France est dans une politique mi-chèvre mi-choux de réveil indolent.
Son envie d’entreprendre s’éteint dans le ralentissement des investissements.
Claude Trouvé
Coordonnateur PMF du Languedoc-Roussillon