lundi 15 octobre 2012

Un choc de compétitivité ou un électrochoc pour le consommateur ?

Les Français n’ont encore rien vu ! Depuis bientôt quarante ans la France vit à crédit et dépense au gré d’une « Dolce Vita » à la française. Rien n’est trop beau pour notre joie de vivre mais nous sommes les derniers enfants gâtés de l’Europe. Avec une dette publique qui frôle les 1800 milliards, chaque ménage endosse près de 70.000 euros d'emprunt. Dans un grand élan de solidarité, nous léguons cela aux générations futures.


Du berceau au cercueil, nous sommes soignés, protégés, assistés, choyés : allocations familiales généralisées, âge moyen de la retraité à 60 ans, crèches municipales et garderies publiques, soins et consultations à volonté, installations culturelles et sportives à profusion, villes fleuries et bâtiments publics entretenus, allocations de chômage généreuses, aides médicales aux étrangers, ressources pour les clandestins, congés payés hors pair, RTT pour les allonger, semaine de 35 heures, etc. etc.

Le modèle français ne peut que faire envie ! Le malheur c’est que depuis près de quarante ans, nous payons tout cela à crédit. Les dépenses publiques n’ont cessé d’augmenter et atteignent 56% du PIB. Nous avons le pompon devant la Suède et l’Allemagne qui ne dépense que 46% de son PIB, pays qui ont su moderniser leur protection sociale sans abandonner le principe de solidarité. Nous nous payons même le luxe d’un endettement de 89% du PIB, supérieur à celui de l’Espagne, contre 20% en 1980.

L’endettement est un piège qui englue le pays dans la facilité. Avec 50 milliards de remboursement des intérêts de la dette, nos impôts sur le revenu y sont entièrement engloutis et c’est devenu le premier poste budgétaire de l’Etat. Alors le constat est sans appel, la France n’a plus les moyens de sa politique économique et de son modèle social. Pire, notre balance commerciale, équilibrée en 2000, est dans le rouge et on a prévu 70 milliards de déficit à fin 2012 et peut-être plus au bilan final. Notre compétitivité est en berne mais nos salaires, inférieurs à ceux de l’Allemagne en 2000, sont désormais de 10,8% supérieurs.

L’Allemagne a fait des efforts de réduction des dépenses : amélioration de la flexibilité du travail, évolution retenue des salaires, allocations chômage réduite en pourcentage et plus dégressive que nous dans le temps, aide au travail partiel non imposable. Elle récolte les fruits de ses efforts et se permet d’envisager désormais une hausse des salaires avec un déficit public ramené à une valeur proche de zéro et en constante diminution.

La France est le grand pays qui a consenti le moins d’effort pour réduire ses dépenses, loin derrière la Royaume-Uni, l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie. Alors l’heure de l’électrochoc doit sonner car la fuite en avant ne peut mener qu’à l’abîme. Les prévisions du Président jusqu’en 2016 sont entachées de valeurs intenables sur la croissance et, de toute façon, nous ne ramènerions l’endettement qu’à 88% du PIB. Nous serions encore bien loin des 60% prévus dans le précédent Pacte de Stabilité et largement au-dessus des 64% d’avant la crise.

Le manque de volonté politique nous mène droit vers une solution mi-chèvre mi-chou. La TVA et la CSG vont être les pompes à finance pour alléger les charges des entreprises et leur redonner un peu de compétitivité. Devant la peur de casser la croissance, ces augmentations seront faibles et insuffisantes pour donner un réel coût de fouet à la compétitivité des entreprises, dont la santé financière s’est de plus dégradée. Le retour à un équilibre de la balance commerciale et au budget public ne peut être atteint ainsi.

Il faut envisager d’autres solutions. On peut faire appel à l’épargne des français qui ont le meilleur bas de laine de l’Europe. Ils peuvent spontanément avancer cette épargne dans un élan de solidarité qui ne se déclenche que dans un climat de confiance… ce n’est pas le cas actuellement. On peut aussi le faire de manière autoritaire… mais il faut assumer une grogne qui peut déstabiliser le gouvernement. Des mesures impopulaires ont ainsi déstabilisé le gouvernement allemand précédent.

Le plus souhaitable serait la réduction des dépenses publiques mais on voit le peu de motivation de ce gouvernement qui a tendance à augmenter les fonctionnaires et à reculer des réformes structurelles. Toucher au nombre et au salaire des fonctionnaires lui fait craindre de perdre la majeure partie de son électorat. Il n’en fera rien, ou alors au bord de la faillite.
Cette solution sera la solution de la dernière chance quand les agences de notation auront fait monter nos taux d’emprunt à des valeurs insoutenables. N’oublions pas que nous avons des taux d’emprunt entre 0 et 2,5% mais à court terme. Ceci veut dire que nous devons rembourser le capital très vite… et donc réemprunter pour les payer (400 milliards entre juin 2012 et décembre 2013 de capital à rembourser).

 Si pour les raisons évoquées, aucune de ces solutions n’est prise, il ne reste que la dévaluation de la monnaie pour donner un choc de compétitivité. Ceci veut dire la sortie de l’euro et des pleurs dans les chaumières sur la valeur or de son bas de laine. C’est le prix à payer… prix qu’il faudra de toutes façons payer quelque soit la recette utilisée ! Alors Hollande sera-t-il longtemps à supporter son mal de dents avant d’aller chez le dentiste ? La dent va s’infecter, en contaminer d’autres et leur extraction va être de plus en plus douloureuse. La France du déni va voir finalement son sort non pas réglé par elle mais par Bruxelles, les marchés et les agences de notation.

Les Français n’ont encore rien vu !

Nous n’échapperons pas aux sacrifices !

Personne ne croit plus aux incantations pour faire tomber la pluie !

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon