mercredi 10 octobre 2012

TSCG : ultime soubresaut du sauvetage de l’euro !

Le chômage augmente rapidement désormais en France, et le débat autour du Traité européen (le TSCG ou traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance) commence à se focaliser sur le maintien ou non de la zone Euro. La France est dans son cyclone. Elle doit faire face à un défaut de compétitivité externe (par rapport aux pays ayant une monnaie différente) et interne (par rapport à l’Allemagne). L’impossibilité de dévaluer par rapport à ce dernier pays a conduit à une dégradation importante de notre compétitivité, ce qui s’est traduit par un déficit de la balance commerciale (qui était positive jusqu’en 2002-2003). Notre pays a accumulé 67Mds de déficit du commerce extérieur en un an entre septembre 2011 et août 2012.


Si l’on regarde l’évolution de l’euro depuis 1999, par rapport au dollar US et autour d’une moyenne située à environ 1,05 dollar pour 1 euro, on constate une sous-évaluation de 1999 à 2002, et une forte réévaluation jusqu’à maintenant où l’euro flirte avec 1,30 dollar. Si l’on tient compte du fait que la plupart du commerce mondial se fait en dollars et que ceci représente environ 40% des importations et des exportations, on ne peut nier que depuis 2003 la surévaluation de l’euro a pesé sur le commerce de notre pays.
 
Si l’équilibre s’est produit avec un euro à 1,05 dollar, on peut penser que cette valeur est celle qui correspondrait à notre compétitivité. Au vu des difficultés de l’Espagne et de la Grèce, on peut évaluer que l’équilibre pour celles-ci serait respectivement de 0,95 et de 0,7, selon Jacques Sapir, économiste universitaire. Comme le montre le graphique ci-contre l’euro a atteint des sommets entre 2008 et 2011, avec un maximum à 1,6. Il a détruit notre compétitivité et généré notre désindustrialisation et les délocalisations.

Selon F. Cachia, “Les effets de l’appréciation de l’Euro sur l’économie française”, op.cit., la surévaluation de l’Euro a coûté environ 1% de croissance par tranche de 10% de surévaluation. Pour des variations faibles autour de la valeur d’équilibre, l’effet sur la croissance est certainement plus faible mais nous oscillons en 2012 entre une surévaluation de 10% à 20%. Selon que l’on prend une hypothèse de variation linéaire, donc strictement proportionnelle, ou avec un effet minorant pour les faibles variations et majorant pour les variations au-dessus de 25%, on calcule que la simple surévaluation de l’Euro aura coûté à la France, en juin 2012 entre 3 mois et 4,5 mois de sa richesse produite (le PIB) soit 25% à 37,5% de plus. Ceci reporté sur le PIB prévu en 2012 représente entre 509 et 763Mds de plus.

Ce calcul de Jacques Sapir fait, toutes choses égales par ailleurs, est représentatif de l’impact de la monnaie sur notre économie. On peut toujours remettre en cause un tel calcul mais il part de constations de bon sens, une monnaie forte est un handicap pour le commerce extérieur et les surévaluations ont atteint des sommets difficilement supportables dont les effets ne sont plus contestables au regard de l’état actuel de nos capacités de production.

L’un des principaux effets de la croissance joue sur le chômage. D’après l’INSEE ou peut estimer qu’une croissance entre 1,5% et 1,8% ne crée pas d’emplois. Si l’on reporte les résultats précédents acquis avec un euro à 1,05 dollar depuis 2002, on aboutit à un taux de chômage entre 7 et 7,5% sans tenir compte d’emplois plus ou moins fictifs payés par l’Etat. Ce travail universitaire de Jacques Sapir montre qu’en fin de période (juin 2012) la différence calculée est donc comprise entre 720 000 et 830 000 chômeurs de moins alors que nous dépassons les 3.000.000 en septembre. On peut y ajouter un gain de 10 milliards d’euros environ pour les caisses des ASSEDIC.

L’application de cette étude aux revenus de l’Etat et au déficit public montre que, fin 2010, nous ne serions non seulement pas endettés mais nous aurions dégagé sur cette seule année un excédent entre 25 et 105Mds ! On peut toujours remettre en cause de tels calculs mais il est indéniable que l’euro plombe l’économie française et les comptes publics de l’Etat. Le manque de croissance, issu d’un manque de compétitivité, ne peut être imputé à une faiblesse de productivité puisque sur ce point nous sommes bien placés. On ne peut pas non plus considérer que nos entreprises sont devenues subitement de mauvais manageurs en dix ans.

On peut donc parler d’euro-dette, d’euro-déficit, et d’euro-chômage. L’atteinte de 4.000.000 d’euros-chômeurs est tout-à-fait envisageable en 2014 au vu des politiques d’austérité qui sont mises en place en France comme en Europe. Nous nous dirigeons vers une période de récession. Le TSCG et son compagnon le MES (Mécanisme Européen de Stabilité), mécanisme devant être doté de 500Mds par des pays endettés qui devraient donc emprunter, n’a d’intérêt que dans la perspective d’un fédéralisme bureaucratique entraînant une perte de souveraineté de l’Etat sur la gestion de son budget et de sa politique économique. C’est évidemment le but principal que Bruxelles et le Nouvel Ordre Mondial recherchent mais pas celui du bonheur des français.

Le dogme de l’euro coûte cher aux français,

Mais il nourrit tant de fonctionnaires à Bruxelles,

Il fait le bonheur de tant de lobbies qui y gravitent,

Que se déjuger pour un politique est « mission impossible »,

Il va mourir tout seul !

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon