jeudi 11 octobre 2012

Souveraineté ou servile mondialisation

Le traité multinational sur l’Europe devrait être prochainement ratifié par la France après le vote du Sénat. Il pose sans contestation possible le problème de la souveraineté de la France dans la mesure où notre pays est passible de sanctions devant la Cour de Justice Européenne et « mise sous tutelle de la troïka » si elle s’avère incapable de tenir ses engagements. Le pays n’est plus maître non seulement de sa monnaie ni même de sa politique économique.


La France signe, ce faisant, une obligation de respecter en 2013 un déficit ne dépassant pas les 3% du PIB. Tout laisse à penser que l’objectif du budget 2013 ne sera pas atteint puisque la prévision de croissance est surestimée et que l’Europe dans son ensemble frôlera la récession. Il sera donc nécessaire soit d’augmenter les rentrées fiscales soit de plaider auprès de Bruxelles une dérogation exceptionnelle. C’est bien cette dernière alternative que le gouvernement a en tête en ratifiant le traité… pari risqué et qui rend le traité quasiment inutile comme toujours, puisque des nations dont l’Allemagne n’ont déjà pas respecté leurs engagements précédents.

Le M.E.S, que l’on veut gréer de 500 milliards à partir de contributions européennes, entraîne de nouveaux emprunts des pays endettés. Le FMI dans son dernier rapport sur la stabilité financière dans le monde vient d’évaluer le coût déjà faramineux du renflouement de l’euro à 1100 milliards d’euros ! Il est donc légitime de se poser la question de la perte de souveraineté pour ce bilan de la construction européenne. Est-il bon pour la France des rester dans ce type d’Union Européenne qui est la seule union économique à disposer d’un tel degré d’intégration, libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux, auxquels on ajoute des politiques macro-économiques communes des Etats membres ?

Après avoir mis en place l’ONU, le FMI, la Banque mondiale et l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), les Etats-Unis poursuivent les mêmes objectifs de géopolitique depuis Yalta entre les Etats-Unis, l’Union Soviétique et la Grande-Bretagne. Le plan Marshall a été conditionné à la mise en place d’un noyau européen destiné à s’intégrer dans une vaste zone de libre-échange atlantique ; la reconstruction de l’Europe, son ouverture économique, passent par un arrimage aux Etats-Unis, devenue l’hyper-puissance économique dotée de la plus puissante armée du monde et maître de la toile de communications par satellites.

Après avoir laissé l’Europe passer du libre-échange à une construction régionale européenne, les Etats-Unis n’entendent pas voir le projet européen s’écarter d’un projet occidentaliste qui vise depuis 1945 à créer un grand marché euro-atlantique politiquement et stratégiquement piloté par les Etats-Unis. Les liens qu’ils renforcent avec nombre de membres de l’UE, comme l’entrée de la France dans l’OTAN, constituent des atouts majeurs de leur politique de solidification du lien atlantique au détriment de tout rapprochement Ouest-Est sur le continent eurasiatique.

L’Europe n’ayant ni politique étrangère commune, ni puissance militaire et ayant dans ses traités fondateurs renié toute velléité de puissance, ne peut être que le jouet de la première puissance du monde. La souveraineté de la France se dilue donc dans une Europe dominée par l’Allemagne, qui a ses propres buts hégémoniques sur l’Europe, et ceux de la mondialisation économique, soutenue par les Etats-Unis, qui tend à faire disparaître les Etats-nations.

A ceci s’ajoute la montée en force des investissements étrangers croisés, l’essor quantitatif des échanges internationaux, l’arrivée des pays en voie de développement aux côtés de la Triade économique (Etats-Unis, Europe, Japon) et la globalisation financière qui repose sur la mobilité instantanée informatique de l’argent.

Pourtant l’Etat-Nation reste le fondement de l’indépendance des peuples. Il est d’autant plus fort que l’identité nationale et la puissance économique et militaire le sont. Il faut rejeter avec conviction l’idée que l’Etat-nation est une vue passéiste. Il n’est que de regarder combien le nombre d’Etats a cru dans le monde et combien certains peuples défendent leur identité avec acharnement. L’Etat reste le rouage indispensable pour ne pas sombrer dans un magma hégémonique, piloté par une hyper-puissance, dans lequel la servilité, moyennant quelques avantages, finit par broyer le peuple dont les intérêts fondamentaux propres ne sont plus défendus.

Entre le pangermanisme et l’hégémonie euro-atlantique américaine

L’UE, militairement inexistante, sans politique étrangère convergente,

 N’offre même plus une croissance économique supérieure aux autres blocs.

Rien qui vaille à la France de perdre une parcelle de souveraineté.

Claude Trouvé
Coordonnateur du MF du Languedoc-Roussillon