lundi 29 octobre 2012

Mitt Romney, fossoyeur ou sauveur de l’Europe ?

L’élection du Président américain fait la une des médias. C’est la preuve que ce pays influe directement sur la vie économique et culturelle de notre pays. Les Etats-Unis sont un pays ami auquel nous devons une aide sur deux guerres mondiales, auquel nous sommes liés militairement et qui assure de fait la protection de notre sol. Mais il s’agit aussi encore de la plus grande puissance économique mondiale et surtout de la plus grande puissance militaire. Enfin l’économie américaine et le dollar, principale monnaie de réserve, exercent une influence déterminante sur l’économie mondiale et particulièrement européenne.

Cela serait suffisant pour que cette élection américaine soit d’une grande importance pour notre pays, mais il y a une autre raison fondamentale pour notre économie et la survie au moins de la zone euro. Notre pays, comme de nombreux autres en particulier au sud de l’Europe, fait vivre un budget déficitaire et paye une dette largement liée à notre modèle social, qui se veut le meilleur du monde, grâce au crédit. Nous empruntons à longueur d’année pour pouvoir d’une part rembourser les prêts qui arrivent à terme et d’autre part payer les intérêts des emprunts en cours.

Notre pays est encore dans une situation favorable car malgré une croissance atone et un déficit budgétaire endémique, nous pouvons encore emprunter à des taux très raisonnables,de l’ordre de 2%, sur des durées courtes. Même si le taux d’emprunt, vente d’obligations d’Etat en particulier à la Suisse, n’est que légèrement supérieur à la croissance, nous ne sommes pas dans une situation qui peut durer sans effort drastique sur les dépenses publiques. Mais le plus grand risque est de voir ces taux d’emprunt se relever brusquement. Le risque évoqué par les gouvernants est celui des agences de notation qui peuvent dégrader notre note, abaisser la confiance des investisseurs et faire monter les taux d’emprunt.

C’est devant ce risque que le président Hollande hésite à faire un « choc de compétitivité » de peur de devoir augmenter la TVA et(ou) la CSG, ce qui a pour effet de diminuer la consommation des ménages et donc la croissance. Mais, même si cette prudence empêche la perte de confiance des investisseurs, un danger, bien plus immédiat et important pour nos emprunts, peut brusquement arriver avec l’élection de Mitt Romney à la présidence des Etats-Unis !

Si celui-ci est élu il veut stopper la définition des taux des emprunts d’Etat par la FED. Ces taux, beaucoup plus bas que ceux du marché s’ils étaient libres, permet à l’Etat de se financer à bon compte et l’entraîne dans une spirale de l’endettement qui vient de dépasser les limites fixées par le Congrès. Il s’ensuit un déséquilibre de l’économie et la naissance de bulles qui n’ont rien à voir avec une véritable production de valeur ajoutée comme la bulle immobilière qui a été un déclencheur de la crise.

Cette hausse prévisible des taux d’intérêts aux Etats-Unis auraient un impact immédiat sur les taux d’intérêt pratiqués vis-à-vis des emprunts français qui leur sont fortement corrélés. Vu le niveau d’endettement de pays, comme la France qui n’est pas sur le chemin de remboursement de la dette mais dans celui de son aggravation, ceci risque de nous plonger brutalement dans la situation que vivent l’Espagne et le Portugal ! L’économie française ne pourrait y résister malgré des diminutions drastiques des dépenses publiques et une importante augmentation de la pression fiscale.

La France ne sera pas seule concernée, même l’Allemagne verrait son déficit réapparaître. Ne parlons pas des pays du sud qui sont déjà en situation difficile. Seuls les pays, comme la Suède, qui sont peu endettés, ont un budget équilibré et produisent une croissance significative, peuvent échapper à raz-de-marée. On peut toutefois penser que le marché mondial s’en trouverait assaini et que les Etats les plus touchés seraient amenés à prendre les réformes nécessaires pour éviter la faillite. C'est ainsi que l'Europe peut être guérie et sauvée grâce à... un "choc sur les emprunts"... un coup de défibrillateur !

L’élection d’Obama aurait pour effet de maintenir la situation actuelle qui s’enfonce progressivement dans la dette des pays occidentaux et une faillite programmée à terme. Cela permettrait tout juste de gagner du temps mais n’aurait pas l’effet salvateur de pousser à une gestion plus rigoureuse des nations. Ce ne peut être considéré comme une situation souhaitable, si l’on veut sortir de la gestion clientéliste du budget de l’Etat et faire repartir notre pays sur des bases saines propices à un retour à la croissance. Mais il est probable que ce serait aussi le choc qui permettrait à l’UE de se réformer, en particulier sur la zone euro où la monnaie unique ne fait qu’aggraver les différences entre les pays, en particulier entre Nord et Sud.

C’est pourquoi les petits aménagements que proposent la gauche et la droite

Paraissent bien dérisoires par rapport à l’impact des élections américaines.

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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