vendredi 26 octobre 2012

Le dogme européen et le rêve socialiste

Trois évènements importants viennent de se produire en Europe et plus particulièrement en France. Le premier est le sommet européen des 18 et 19 octobre 2012 et les deux autres sont, d’une part l’intervention dans les médias du Président Hollande le 25 octobre, et d’autre part l’affrontement médiatique pour le poste de président de l’UMP entre Fillon et Copé. Ces trois évènements avaient été précédés par l’interview du Président de la République à l’Elysée par les médias.

De cette dernière interview il faut noter ces phrases : « Sur la sortie de la crise de la zone euro, nous en sommes près, tout près. […] Plus personne aujourd’hui ne pense que l’euro va disparaître ou que la zone va éclater. Mais la perspective de son intégrité ne suffit pas. Maintenant, nous devons sortir de la crise économique. L’union politique, c’est après, c’est l’étape qui suivra l’union budgétaire, l’union bancaire, l’union sociale. »
La crise est derrière nous… Refrain maintes fois entendu !

« Les “jeunes pousses” de la reprise sont déjà bien visibles » [Ben Bernanke, 15 mars 2009]
« L’euro est une devise solide, crédible, qui a assuré la stabilité de la zone pendant plus de dix ans. L’euro n’est donc absolument pas en danger. » [Christine Lagarde, Davos, 20 mai 2010]
« L’euro a franchi le cap, et la zone euro a désormais le pire de la crise de la dette derrière elle. » [Christine Lagarde, Davos, 29 janvier 2011]
“Le pire de la crise est derrière nous. Depuis trois mois, nous avons offert des perspectives, il y a une vraie volonté de restaurer la confiance” [François Baroin, 12 mars 2012]

L’Europe politique quand tout sera coordonné laisse à penser que cela va de soi de tout coordonner quand il n’y a pas d’union politique. On sait déjà que la Grande-Bretagne ne l’acceptera jamais et les nationalismes se font de plus en plus jour dans les négociations européennes. Le paysan sait lui qu’il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs et que c’est déjà ce que l’on a fait avec la monnaie unique.

Le « Tout va très bien Madame la Marquise » du sommet européen, enrubanné d’un prix Nobel de la Paix, cache en fait un échec cuisant. L’Union bancaire, que demandait François Hollande dans l’urgence, est repoussée au mieux au 1er janvier 2014 vu les obstacles juridiques et les réticences de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne. Autrement dit, le projet d’une Union bancaire comme instrument de résolution de la crise des banques espagnoles, grecques et portugaises a lamentablement échoué. Pendant ce temps les mauvaises dettes s’accumulent et seront de 270 milliards d’ici 2014 pour les seules banques espagnoles. L’aide directe du MES, qui était sérieusement envisagée pour l’Espagne, se trouve de fait reportée après la mise en œuvre de l’Union bancaire contrairement au vœu pieux du communiqué final.

En ce qui concerne la Grèce, sa demande de report à deux ans des exigences de déficit public n’a pas été acceptée même si, pour éviter sa faillite à mi-novembre, les 31 milliards promis seront versés. On repousse son problème au mois de janvier 2013, on a seulement gagné du temps. Le bilan n’est pas glorieux et, mis à part la Grande-Bretagne qui donne quelques signes encourageants, tous les pays en difficulté continuent de s’enfoncer dans la crise… et dans le chômage.

C’est toute la différence entre la France et l’Allemagne. La France, particulièrement socialiste, raisonne dans le carcan d’une idéologie, sa voisine dans un pragmatisme anglo-saxon. Cette attitude nous masque les réalités et quand nos élites la voit, il se garde bien de le faire savoir aux citoyens qui ne sont pas suffisamment formés pour la chose politique et encore moins économique.

Hollande a bien glissé une phrase sur une évolution de l’Europe aux cercles concentriques, avec un noyau dur. Fillon a parlé d’une zone euro plus resserrée. Ceci sonne comme un aveu de l’impossibilité de faire fonctionner l’Europe telle qu’elle est construite actuellement. Mais l’euro reste indestructible… sauf que, comme c’est un postulat, cela n’a pas besoin d’être démontré. Circulez, il n’y a rien à voir !

L’avenir se plie rarement à leurs rêves des politiques

Et lorsqu’ils nous font rêver, c’est pour nous endormir !

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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