mardi 2 octobre 2012

Ecologie oui… mais intelligente (6ème partie)


La précédente chronique a mis le doigt sur la vulnérabilité des prévisions. Il y a un siècle, les réserves de pétrole étaient évaluées à 40 ans de consommation, les réserves de charbon à un siècle. Aujourd’hui on parle de nouveau de 40 ans pour le pétrole et de trois siècles pour le charbon. Si tant est que la relation adoptée de cause à effet entre le gaz carbonique et le changement climatique est dans le bon sens, les prévisions pour la fin du siècle varient sensiblement avec une élévation de température de 1°C à 5°C.

Ceci faisait dire en 2002 à J.P.Dupuy, à l’école Polytechnique, : « On ne sait pas si le réchauffement climatique issu des gaz déjà présents dans l’atmosphère provoquera, à l’échelle de quelques siècles, une augmentation de température de moins de deux degrés ou de plus de sept degrés, la différence d’impact entre ces deux conjectures étant du même ordre que celle qui sépare un bobo au menton d’un choc mortel sur la tête. » En fait on ne sait pas définitivement si le réchauffement climatique que l’on aperçoit sur les neiges du Kilimandjaro provient d’un cycle normal de réchauffement climatique ou d’une accélération du réchauffement dû à l’effet de serre.

L’émission de CO2 fait partie du cycle normal de la vie et la récupération de l’oxygène se fait par les arbres entre autres. Or nous assistons à une déforestation accélérée par l’arrivée de pays émergents comme le Brésil, l’Indonésie, la Malaisie et les Philippines et de nombreux pays d’Afrique. Entre le début du Xe siècle et la fin du XIXe, le taux de couverture sylvestre de l’Europe occidentale est passé de 90% à 20%. L’alibi écologique sert souvent de paravent à un interventionnisme étatique avec des enjeux considérables des pouvoirs qui vendent par pan entier à des compagnies privées d’exploitation et distribuent les sols récupérés à leurs amis politiques. N’est-on pas en train de dépasser tout simplement le point d’équilibre au-delà duquel le CO2 s’accumule naturellement ?

La France a-t-elle raison de mettre la pression sur la réduction des émissions de CO2 ? Oui si l’on considère que cela va dans le bon sens, mais cela en vaut-il la peine ? Entre 1990 et 2000 la proportion de CO2 dans l’air a varié de 6,9%. La part des Etats-Unis dans les GES (émissions de gaz à effet de serre) était de 25%, celle de la Chine de 13,8%, de 4,74% pour la Russie, de 8,5% pour le Japon, de 7,4% pour l’Allemagne (qui revient au lignite et au gaz !), de 4,3% pour le Royaume-Uni, 3% pour la Pologne et seulement de 2,7% pour la France. Le bon élève France a d’ailleurs eu honte d’avouer la raison pour laquelle il se trouvait en-dessous des normes fixées par le protocole de Kyoto, ceci étant dû essentiellement à l’énergie nucléaire… qui a de plus réduit les émissions de dioxyde de soufre !

Les Etats-Unis ont quitté le protocole en 2001, la Chine et l’Inde ne sont pas tenues d’appliquer les contraintes en tant que pays émergents, l’Australie a signé le protocole mais ne l’a pas ratifié. Autant dire que si la France réduit à 0% ses émissions à effet de serre, c’est comme pisser dans un violon pour faire de la musique… N’empêche que ceci sert d’argument à des orientations politiques et énergétiques. L’énergie et les finances que nous dépensons pour cette orientation pourraient sans doute trouver une meilleure utilisation surtout en temps d’austérité en particulier dans des domaines de recherche où notre pays est bien placé.

Les Etats-Unis et les monarchies pétrolières du Golfe  ont pour intérêt stratégique le maintien du pétrole dans son rang de source dominante d’énergie. La bataille du CO2 d’origine polluante est donc perdue d’avance mais reste un excellent argument politique. Seule la constante percée technologique et surtout scientifique peut permettre à la France de redresser la tête alors que notre budget recherche en pourcentage de PIB est cinq fois inférieur à celui des Etats-Unis. L’écologie ne doit pas freiner la science mais l’accompagner pour en tirer le meilleur profit pour l’homme et son environnement. Les pays pétroliers et en particulier musulmans vivent de la rente du pétrole, notre arme c’est la science. Toute dépense mal orientée nous fait perdre de la puissance, j’ai peur que ce soit le cas !

Pour étendre l’Empire, les Etats-Unis préfèrent…

Faire faire la guerre par les autres.

L’intelligence a toujours adopté la loi du moindre effort,

Car s’épuiser en efforts inutiles relève de la bêtise.

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon