jeudi 6 septembre 2012

La lente agonie de l’euro gangrène ses peuples


Le cauchemar succède au rêve. Les idéologues de l’euro rassemblent leurs dernières forces et mettent le malade sous perfusion. Cruelle désillusion lorsque l’on voit la Bulgarie, l’un des pays européens les plus pauvres, renoncer à l’euro. Un tel renoncement, de ce qui était promu comme la monnaie qui protège et permettait un bon social et économique dans le XXIème siècle, sonne la fin du rêve. Le rêve éveillé perd ses illusions.

La panique s’installe discrètement encore mais les banques et certains pays européens ou non se préparent à la fin de l’euro, enfin celui qui existe actuellement. Le 12 septembre l’euro joue sa survie. Je dis bien sa survie car le mot est fort. Ce n’est pas sa relance qui se joue mais sa survie pour… un certain temps. Il s’agit donc d’éviter une mort subite pour une vie végétative sous perfusion. A tout hasard, selon le Wall Street Journal, la Banque d’Irlande plancherait sur la possibilité de frapper de nouveau sa propre monnaie.

Des bruits courent sur la fabrication discrète de drachmes en Grèce, même si elle est démentie. D’autres pays comme la Bosnie, la Suisse ou la Lettonie dont les monnaies sont indexées sur l'euro réfléchiraient également à de possibles devises remplaçantes. L’agence Moody’s passe le triple A de la zone euro en perspective négative et pourrait bientôt la dégrader. Elle considère que désormais le sauvetage des pays en difficulté par les pays sains risque d’alourdir leur déficit au point de les handicaper eux-mêmes.
L’euro ne tire plus l’Europe vers le haut, sa croissance est notoirement plus faible que les autres grands acteurs internationaux et pays émergents. Elle menace même de plonger dans la récession et un chômage massif. La zone euro souffre d’un problème de compétitivité qui l’empêche d’envisager toute croissance globale. Seule est permise une croissance relative interne. C’est le cas de l’Allemagne qui s’enrichit aux dépens de ses voisins.
Malgré les mesures prises depuis le début de 2010, pays après pays, cette crise s'étend, de la Grèce à l'Irlande, de l'Irlande au Portugal, puis à l'Espagne et à l'Italie. Les politiques d’austérité ne vont que faire décroître les recettes fiscales et augmenter les tensions sociales. La compétitivité est tributaire de la cherté de l’euro. Même l’Allemagne se voit en prise avec cette difficulté pour son exportation. La récession des pays du sud en particulier vont avoir désormais des répercussions négatives sur son économie.
Seulement voilà, l’euro est un dogme avant de devenir un mythe. Les grands esprits, qui en ont accouché, l’on fait gober à 17 peuples comme la panacée. Ils se réunissent de plus en plus souvent en conclave pour se pencher sur sa maladie et imaginent des potions de plus en plus radicales et de plus en plus souvent.
Les subventions aux entreprises grèvent les budgets (plus de 3% du PIB) mais le déficit commercial se creuse. Les recettes fiscales directes et indirectes sur les particuliers diminuent la consommation et plombent la croissance. Il n’y a pas de miracle pour une zone euro qui s’est lourdement endettée. Il faut retrouver de la croissance, donc de la compétitivité, donc diminuer le coût des produits. Le principal levier de commande est la baisse des coûts salariaux. Sur eux pèse la pression fiscale et elle est de 20 à 30% supérieure à celle de l’Allemagne, pression qui génère des recettes engouffrées dans un Etat-Providence français beaucoup plus dispendieux que son homologue allemand.
La monnaie euro est donc au centre du débat. Nous vendons globalement trop cher en Europe. SI le mal est général c’est qu’il y a une cause commune et contagieuse. La dépréciation de la monnaie est sans aucun doute le véritable remède et le plus facile à mettre en œuvre… encore faut-il que tous ceux qui ont intérêt au maintien de la situation actuelle pour leur plus grand profit se taisent. Ils sont nombreux et puissants, les politiques planqués à Bruxelles, les banquiers et les multinationales.
On tuait autrefois les bébés mal nés, c’était cruel mais efficace. Or s'il y a un élément qui caractérise notre Zone euro, ce sont bien ses différences culturelles, sociales, fiscales et économiques parfois diamétralement opposées. L’euro ne peut survivre que par son éclatement en deux, trois… ou dix-sept parties.
Pas une seule union monétaire n'a survécu aux différences culturelles et économiques de ses parties.
 
L'union monétaire austro-allemande ne tint que de 1857 à 1867. L'union monétaire latine, qui vit le jour en 1865 (France, Belgique, Suisse, Italie), fut dissoute en 1925. Même l'union scandinave (Danemark, Norvège, Suède) créée en 1872 entre des pays pourtant culturellement et économiquement très proches, a fini par être dissoute. C'est dire.
L’euro ? Il doit survivre… cochon qui s’en dédit !
Le peuple ? Il est là pour un semblant de démocratie
Et porter son obole dans le tonneau des Danaïdes !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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