mardi 18 septembre 2012

Écologie oui… mais intelligente (2ème partie)

Il est difficile de ne pas considérer que, dans la plupart des cas, une action écologique ne soit pas soit un investissement soit un surcoût dans des dépenses de fonctionnement. C’est une charge que la société consent dans le but de protéger l’homme en protégeant éventuellement la nature. Dans ce dernier cas on peut se demander par exemple si la réintroduction coûteuse du loup et de l’ours, qui sont des prédateurs et peuvent même s’attaquer à l’homme, est vraiment judicieuse, même si on en comprend la motivation.


La notion d’utilité et de coût doit toujours rester au centre du débat si l’on ne veut pas tomber dans des excès. Par ailleurs il faut remarquer que l’attitude écologique est souvent une attitude passéiste qui a tendance à rejeter les progrès de la science et de la technique qui génèrent toujours des inconvénients collatéraux. C’est le cas des décisions sur la production d’électricité, qui sont avec le changement climatique, les grands chantiers prioritaires actuels.

Le nucléaire est la cible politique privilégiée car elle s’appuie sur la notion d’un risque engendrant facilement la peur. C’est le feu de l’enfer d’autant plus dangereux qu’il peut nous pénétrer insidieusement. Les décisions prises en sont-elles pour autant raisonnables ? Non si l’on s’en tient à ce seul facteur, car la probabilité d’accident (c'est-à-dire pourtant gravement atteinte à l'homme ou à l'environnement) est très faible et de moins en moins probable avec les évolutions techniques. Plus de quatre cents réacteurs fournissent de l’électricité dans le monde. Tchernobyl, accident directement imputable à l’homme depuis la conception, la construction et l’exploitation, s’est produit dans un pays où aucune des conditions de sécurité (dites de sûreté), n’ont été prises et où aucun organisme de contrôle indépendant n’existe.

Fukushima a eu pour cause l’arrivée d’un tsunami dont les conséquences non nucléaires sur la population et les dégâts matériels sont sans commune mesure avec ceux provoqués par les réacteurs endommagés. Même si l’on peut imputer aux concepteurs une sous-estimation de la hauteur de la vague dévastatrice, il convient de noter que les conséquences n’ont rien à voir avec l’accident de référence de Tchernobyl.

Ceci étant dit, est-il impératif d’arrêter le nucléaire en France ?

Est-ce pour des raisons de risque imprenable ? Aucun accident grave comparable, même moindre, n’est à noter dans ce pays de Becquerel, de Pierre et Marie Curie. Pionnier dans ce domaine, pays le plus nucléarisé du monde par rapport au nombre d’habitants, il a montré depuis plus d’un demi-siècle sa capacité à maîtriser ce type d’industrie. Il a eu la sagesse de la mettre sous le contrôle de l’Etat et a ajouté un organisme de contrôle indépendant, l’Autorité de Sûreté Nucléaire. Imputer à cette industrie le soupçon d’un accident probable, voire inéluctable, est un camouflet irraisonné et préjudiciable au rayonnement du génie français que la France a bien besoin de faire reconnaître dans le monde actuellement.

Est-ce pour des raisons d’indépendance énergétique ?
  
Les énergies renouvelables n’assurent pas une permanence d’approvisionnement car elles sont liées aux conditions naturelles que nous ne maîtrisons pas. Elles nécessitent de faire appel pour une part importante à des énergies fossiles. On ne peut donc pas atteindre l’indépendance complète. Par ailleurs pour le solaire, nous ne disposons pas de toutes les matières premières nécessaires à leur réalisation. Enfin il s’agit de techniques connues et facilement copiables qui livrent ces produits à une très forte compétition mondiale où nous ne tenons pas la première place. L’indépendance acquise est toute relative et pour des raisons économiques, liées à la minimisation des dépenses en achetant à l’étranger, celle-ci peut être illusoire.

A contrario nous avons une filière nucléaire qui s’appuie sur des fabrications pour la plupart sur notre sol ou en Europe et un combustible très répandu dans le monde, Afrique, Amériques, Asie, Australie. Ceci garantit une sécurité d’approvisionnement. Le prix du combustible n’entre que pour 28% dans le coût du Kwh. L’impact des variations de son coût sur le coût total sont donc très amorties. L’argument d’indépendance énergétique est donc loin d’être une raison probante orientant le choix.

Une raison pourrait être que ses nuisances, ses inconvénients ne peuvent être gommés par une évolution technologique ou que celle-ci en est arrivée à un point d’amélioration ne pouvant être dépassé ? Ce serait en effet une bonne raison pour se tourner vers d’autres sources d’énergie mais aussi nier les progrès de la science et l’intelligence humaine. Je me propose de vous en entretenir dans le prochain article. Puis j’aborderai aussi la prise en compte du changement climatique.

L’ours a tué l’homme aux mains nues.

L’homme n’a pas muré la caverne.

Avec l’arme à la main, l’homme a tué l’ours

Et avec sa peau il a vaincu le froid.

Claude Trouvé
Coordonateur du MPF Languedoc-Roussillon

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