mercredi 8 août 2012

Un « redressement productif » voué aux soins palliatifs

Cela nous ferait rire si nos voisins italiens, chez qui Mario Monti prône la croissance, avaient eu l’idée d’un nom de ministère aussi ronflant… Hélas chez nous il fait rire jaune. Comment nos dirigeants politiques peuvent-ils encore être pris au sérieux après des rodomontades de ce genre ? Il en est de même avec les propos de Mario Draghi qui rassure les marchés avec du vent et de l’argent factice qu’il ne peut émettre sans l’accord de l’Allemagne entre autres.

Le CAC40 en a profité pour se refaire une santé. Les investisseurs boursiers ont profité de l’aubaine pour acheter et puis vendre avec des profits importants en quelques jours sur le dos des petits investisseurs qui n’ont pas cette vitesse de réaction et peu de poids sur les cours. Les marchés savaient bien que l’embellie serait de courte durée et aujourd’hui le CAC40 replonge car la réalité ne tarde pas à se manifester.

Le talon d’Achille de la France est, depuis l’arrivée de l’euro, le déficit de son commerce extérieur. On peut parler d’un déficit chronique qui montre la faiblesse de nos industries exportatrices. Les délocalisations et surtout la disparition progressive de notre tissu industriel ne peut qu’engendrer ce résultat. C’est vers un déficit annuel de 70 Mds que nous nous dirigeons alors que l’Allemagne va encore maintenir un bénéfice plus de deux fois supérieur à notre déficit.

Ceci joue évidemment sur la croissance du PIB et la France va très probablement entrer en récession au troisième trimestre selon les estimations de la Banque de France. Il semblerait même que ces prévisions soient plutôt optimistes. Le gouvernement les a déjà ramenées pour 2012 de 0,4% à 0,3%.

Le budget 2012, qui a demandé de voter 7,2 milliards d’impôts supplémentaires et 1,5 milliards de gel de dépenses, va devoir être revu pour tenir l’objectif d’un déficit de 4,5% du PIB. Il est probable que la hausse des impôts jouera sur la consommation (après un fléchissement de 0,2% au deuxième trimestre) et la production par une hausse des coûts salariaux. C’est le chômage qui va aussi être affecté car les carnets de commande se vident. C’est le meilleur baromètre de la santé économique et du « redressement productif ».

Mais le budget 2013 qui va être à l’ordre du jour de la rentrée s’annonce encore plus difficile à négocier avec un objectif de déficit de 3% du PIB. Selon la Cour de Comptes c’est 33 milliards supplémentaires qu’il faut trouver. L’hypothèse de 1,7% de croissance a déjà été ramenée à 1,2% et le FMI prévoit 0,8%.

Le gouvernement n’échappera pas à une cure d’austérité d’une autre ampleur et rentrera dans le cycle infernal de l’austérité et de la décroissance. On voit mal comment nous pourrons encore emprunter aux taux consentis actuels même si nous apparaissons encore le pays le plus sûr après l’Allemagne. L’heure de vérité approche et l’accord intergouvernemental sur la création du MES et de la règle d’or va mettre le gouvernement au pied du mur. Le choix de la dépendance à l’austérité allemande ou de la sortie de l’euro va aussi se poser pour la France.

Il ne suffit pas de tourner autour du pot

Si l’on veut faire monter la mayonnaise.

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon