dimanche 15 juillet 2012

L’Europe prend l’eau et la France tire des leurres

Il serait bien difficile de trouver un réconfort dans les nouvelles qui nous parviennent de l’Europe et du monde. Au loin le Japon s’enfonce dans la dette. Les Etats-Unis stagnent en creusant la dette, La Chine ralentit aussi et on peut penser que les chiffres annoncés sont surestimés car ils ne correspondent pas avec la variation de leur consommation électrique.
 
En Europe :
  • Moody's a dégradé l'Italie...
  • les taux français sont devenus négatifs...signe de la panique générale chez les investisseurs
  • la Finlande joue les trouble-fête sur le MSE et l’aide à la Grèce
  • les banques espagnoles voient leurs dettes exploser auprès de la BCE
  • l'Allemagne, la France, l'Italie, l'Espagne, les Pays-Bas et la Grèce ont tous enregistré une croissance négative
  • l’activité manufacturière recule partout de la Tamise au Danube
  • le taux de chômage en mai s'élève à un niveau record de 11,1%...
  • un jeune de 18-25 ans sur deux est au chômage en Espagne et en Grèce

Pendant ce temps les grecs n’ont pas perdu leurs mauvaises habitudes et l’évasion fiscale représente un tiers du déficit national. L’assouplissement monétaire, la monétarisation de la dette, c’est-à-dire la création de liquidités ou vulgairement « fausse monnaie », continuent, avec la baisse des taux de la Fed et de la BCE, à être le crédo de la croissance. Ils s’avèrent depuis 2008 être des pétards mouillés. Pour la Fed la création de monnaie est officielle. Pour la BCE c’est le rachat discret d’obligations pourries grecques.

En France nous avons perdu 750.000 emplois en dix ans selon le premier ministre. La restructuration du groupe automobile PSA prévoit 8.000 suppressions d'emplois et la fermeture du site d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Le président Hollande crie au mensonge, cela ne changera rien. Le plan était effectivement dans les hypothèses depuis un an et la baisse des ventes l’a rendu inéluctable. C'est surtout l'histoire de l'acharnement d'une famille à vouloir garder le contrôle du capital dans un monde globalisé où un acteur familial et national est destiné à être broyé.

C’est aussi le leurre des gouvernements qui croient encore que le soutien financier direct à une filière en difficulté est autre chose qu’une difficulté repoussée dans le temps et un encouragement à ne pas prendre par le bénéficiaire toutes les actions qui s’imposent pour se remettre à flot. C’est la crainte d’Angela Merkel à propos de l’aide à la Grèce et, dans ce cas, on voit bien qu’elle n’a pas tort. 

Alors que dit le gouvernement ? Il nous parle de ne pas laisser une industrie privée faire ce qu’elle juge bon. Le dirigisme aurait-il déjà résolu des problèmes ? Est-ce grâce à Jospin que Michelin s’est sorti d’affaire ou grâce à des licenciements et autres actions de management ? L’Etat ne peut intervenir à court terme sur une industrie privée en particulier ; il le peut seulement sur une politique économique du moyen et du long terme. Son action ne peut que se limiter à amortir les chocs sociaux par l’aide au reclassement.

Les leurres de justice sociale, de redressement productif dans une situation, où les usines vont dégraisser leur personnel, due à la récession européenne qui commence à nous toucher, vont délocaliser ce qui peut encore l’être, ne servent qu’à cacher au peuple la réalité. La monnaie unique ne laisse aucune marge de manœuvre à un pays qui est dans une spirale négative ou qui la frôle comme nous.

La pression fiscale sur les riches ne suffit pas et les fait fuir ou mettre leurs capitaux à l’abri hors de France. Les pauvres doivent être protégés. Que reste-t-il à ponctionner ? La classe moyenne des travailleurs et des retraités. C’est donc la diminution du pouvoir d’achat en vue et la baisse de la consommation intérieure avec la difficulté de tenir nos engagements européens sur le déficit et la dette. Le coût du travail ne va pas diminuer et nos exportations ne seront liées qu’à la parité euro/dollar que seuls les américains peuvent maîtriser. Dans ces conditions le redressement productif ne peut que constater une diminution du tissu industriel, signe de licenciements, en dépit du « plastronnage » de son ministre.

Le bateau France ne peut plus sortir du port

Sans le remorqueur allemand

Quand la tempête souffle au large.

Il lui faudrait faire seul un grand carénage.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon