lundi 23 juillet 2012

Le siège de la Syrie, un dangereux « casus belli »

Le monde occidental avec la complicité d’une partie du monde arabe et d’Israël s’est engagé dans un conflit voulu  par les américains sous le paravent habituel de l’ONU et de la lutte pour la démocratie. Il est de plus en plus clair que, d’une part la majorité de la population reste fidèle à son chef Assad, et que d’autre part l’Armée Syrienne de Libération est constituée d’une grande part de mercenaires venus des pays arabes Libye, Jordanie, Egypte entre autres.

Il devient de plus en plus difficile de justifier notre acharnement sur le régime officiel syrien au nom des atrocités commises quand on déclare une vraie guerre par insurgés et mercenaires interposés. Ceux-ci sont fournis en armes, en matériels et en renseignements par satellites et drones entre autres, et bénéficient d’un appui financier, diplomatique et médiatique. Mais de toute évidence il n’y a pas eu de soulèvement populaire à Damas, cela aurait fait basculer le pouvoir lors de l’attaque « finale » de l’ASL sur Damas, attaque orchestrée de l’extérieur avec de plus un attentat masqué sur les représentants du pouvoir civil et militaire. On retrouve là le scénario de la Libye avec l’action de destruction lancée par les Etats-Unis sur Khadafi pour en finir plus vite et cela en dehors de tout accord explicite de l’ONU et du Conseil de Sécurité.

Cette fois l’intervention militaire plus directe de l’OTAN sur le terrain est bloquée par les russes et les chinois. Il est connu de tous les historiens que la Russie a toujours cherché une ouverture maritime directe sur la Méditerranée. Le port d’Odessa sur la mer noire a déjà dû être négocié avec l’Ukraine lors de l’indépendance de celle-ci mais il impose le passage par le détroit des Dardanelles contrôlé par la Turquie, membre de l’OTAN. Le petit port syrien de Tartous qui accueille les navires russes est donc d’une importance stratégique première.

L’escalade de la guerre des Etats-Unis contre l’Etat syrien, dont les contours de guerre d’usure se précisent, peut amener les russes avec l’appui des chinois à une situation de défense de leurs intérêts vitaux, guerre dont les conséquences sont incalculables. Ils ont pour eux la réalité militaire du terrain et le peuple syrien en majorité fidèle. La victoire militaire des insurgés par mercenaires interposés paraît de plus en plus improbable. La presse occidentale annonce encore les combats à Alep comme une « étape décisive », une fois de plus, mais celle de Damas est perdue après de lourdes pertes humaines et matérielles.

Un nouveau plan états-unien est donc en cours de réalisation. C’est ainsi qu’une rédaction d’une nouvelle Constitution syrienne est en cours à Berlin par un groupe d’une quarantaine d’exilés syriens sous la présidence de Steven Heydemann, un double national US-israélien qui a longtemps travaillé pour la CIA. D’autre part vendredi 20 juillet 2012, vers 19h, des signaux ont commencé à être envoyés pour caler de nouvelles chaînes sur ArabSat et NileSat. Les signaux imitent ceux des télévisions syriennes dont ils reproduisent à la fois l’habillage et les logos.

« Les signaux authentiques des télévisions syriennes ont été interrompus hier par ArabSat et NileSat. Leurs sites internet ont été attaqués et sont inaccessibles. Selon l’agence SANA, citée par Ria-Novosti, une entreprise de production de décors de cinéma a construit à Al-Zoubayr (Qatar) des décors reproduisant des villes syriennes. De faux reportages d’actualité y sont tournés en vue d’alimenter les fausses chaînes de télévision qui sont en cours de calage sur ArabSat et NileSat.  Un présentateur de la télévision syrienne, Mohammed Saeed, a été enlevé à Damas par l’ASL. » (Réseau Voltaire)

La Russie est bien sûr au courant de tous ces préparatifs pour une guerre d’usure mais il n’y a pas loin à ce que ses interventions à l’ONU ne soient plus seulement des votes de blocage de tout ce qui ressemblerait à une intervention directe de l’OTAN. Elle ne pourra pas tolérer longtemps que la Syrie soit lentement asphyxiée sans réagir. Elle sait que les Etats-Unis veulent mettre à genoux l’Iran et la Syrie comme ils l’ont fait pour l’Irak et la Libye mais la lutte pour la démocratie ne trompe plus personne, les intérêts sont bassement matériels au mépris du peuple syrien.

On ne peut jouer avec le feu

Et dire après que l’on se brûle,

Car la France joue un jeu dangereux

Pour le compte d’une puissance étrangère.

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon