dimanche 1 juillet 2012

Le bon sens du paysan d’autrefois est-il définitivement perdu ?

Le paysan d’autrefois n’avait pas de PAC, pas d’aide sécheresse ni d’intempéries de toutes sortes et il savait qu’il y avait des bonnes et des mauvaises années. Le paysan d’autrefois ne prenait pas de risques. Il n’imaginait pas qu’en cas de problème, l’Etat serait là. Le paysan d’autrefois faisait ce que nos HEC connaissent sous le nom d’autofinancement. Il n’investissait pas plus que sa tirelire lui permettait.

Les temps ont changé. On a inventé le crédit comme une nécessité dans le management moderne ou dans le budget familial. On a baissé les taux d’emprunt pour promouvoir l’endettement. On a découplé la monnaie de l’or qui lui correspondait. On a inondé la planète d’argent factice pour relancer la croissance. On a mis dans l’esprit des consommateurs que l’on pouvait tout avoir tout-de-suite.

On court après la croissance pour pouvoir acheter toujours plus. Nous courrons après notre ombre sans regarder les pièges du sol que nous foulons. Le monde court à sa perte dans une folie consommatrice qui finit par crever ses bulles en laissant des millions de gens dans le dénuement et en détruisant des pans entiers de l’économie. Les Etats-Unis, dont la dette croît toujours, ont été inondés d’argent factice et la croissance en demande toujours plus pour se maintenir. L’Europe est aussi couverte de dettes et s’apprête à les mutualiser comme si répartir la pauvreté avait plus d’importance que de faire croître la richesse de l’ensemble.

Le seul dieu d’une société devenue essentiellement mercantile, c’est la croissance. Il faut consommer, consommer toujours plus pour alimenter la croissance. Se pose-t-on la question de savoir pourquoi les écarts se creusent entre les nantis et les pauvres ? Se pose-t-on la question de savoir pourquoi les pays s’endettent sans fin et les banques font faillite en Espagne, en Grèce, en Italie et même en Belgo-France avec Dexia ?

Se pose-t-on la question de savoir si la globalisation ou la mondialisation n’est pas en train de déstabiliser le monde ? Non c’est une affirmation qui n’a plus besoin de démonstration. Il n’y a pas d’autre solution et la messe est dite. La planche à billets est décrétée comme l’euphorisant miracle et il est devenu admis que les pays ne rembourseront jamais leur dette. Le bon sens paysan est devenu un empêcheur de vivre mieux. S’il y a des milliards d’êtres humains qui sont dans le dénuement le plus complet c’est qu’ils ne connaissent pas le dieu croissance.

La croissance ne se décrète pas mais on lui fait des offrandes financières pour qu’elle daigne nous bénir. On ne se préoccupe nullement du fait que la somme des croissances des pays du monde n’est différente de zéro que par le progrès des technologies, l’innovation, la recherche et l’amélioration de la gestion économique publique et privée. On a inversé les causes et les effets. Le déficit public ne doit plus s’adapter à la croissance mais c’est désormais la croissance qui doit s’adapter au déficit public.

Angela vient de desserrer les cordons de sa bourse, sous les seules menaces de départ de l’Espagne et de l’Italie. Le Bundestag risque de ne pas l’entendre de cette oreille et la Constitution allemande va sourciller sur toute perte de souveraineté lorsque le budget allemand va devoir être sous l’œil de Bruxelles. François Hollande s’est rassuré en mutualisant la dette. L’avenir du PIB est sombre, les diminutions du déficit public difficiles, les impôts et taxes impopulaires, il faudra donc trouver de l’aide et s’assurer aujourd’hui que la planche à billets est en état de fonctionnement.

L’apparente solidité de la France ne tient qu’à la confiance des investisseurs et à leur désir de diversifier leurs investissements en dehors de l’Allemagne, ce qui maintient encore assez bas nos taux d’emprunt. Mais on vient de décider de laisser filer la dette de l’Europe comme les Etats-Unis, la confiance des investisseurs peut quitter la France. La prochaine crise financière ne saurait donc tarder et les 11.000 milliards de dollars de dette européenne vont faire des petits en attendant.

Nos apprentis sorciers roulent pour la gouvernance mondiale

Celle des puissances financières qui n’ont que faire des peuples

Et du bon sens du paysan d’autrefois !

Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF du Languedoc-Roussillon