vendredi 27 juillet 2012

Cesseront-ils de pratiquer un libéralisme dévoyé ?

Le plan de licenciement de PSA a donné naissance à un nouveau plan d’aide à l’industrie automobile et à une attaque en règle du ministre du Redressement Productif contre la mauvaise gestion de ce groupe privé. Ceci a eu pour premier effet de vexer la famille propriétaire, le directeur et, cerise sur le gâteau, de faire chuter un peu plus l’action en Bourse de Peugeot, en doublant sa vitesse de dépréciation. 

Il est étrange que ce ministre, qui s’était proclamé le chantre de la « démondialisation » en tant que candidat à la primaire socialiste, considère que cette industrie ne peut invoquer le coût du travail en France pour expliquer une partie de ses difficultés ou tout au moins n’y accorde que peu d’importance. PSA avait été félicité pour avoir moins délocalisé que Renault et encouragé à continuer par le précédent gouvernement mais avec l’appui de l’opposition sur ce point. S’il y a faute, elle est au moins partagée !

Mais le plus grave est l’entêtement que mettent nos dirigeants à pratiquer l’interventionnisme dans un libéralisme mondialisé de libre-échange sans contrainte, par ailleurs soutenu et promu par la politique européenne. Il y a là une contradiction fondamentale. L’interventionnisme du gouvernement précédent sur l’industrie automobile n’a pas rendu une vraie santé à cette industrie qui est touchée par le ralentissement économique mondial, par une baisse du marché intérieur dû à la restriction du crédit et au ralentissement actuel de la demande en raison de cet interventionnisme lui-même.

On a injecté de l’argent pour retarder l’échéance. Par ailleurs ceci fausse les réflexions du management de l’entreprise aidée qui n’assume plus pleinement la situation et ne prend donc pas forcément les décisions courageuses qui s’imposent. De plus l’orientation du choix de dépenses sur le particulier n’est pas forcément bonne pour l’économie en général. Au lieu d’acheter une voiture par effet d’aubaine, n’aurait-il pas été mieux pour monsieur Untel de soutenir les entreprises du bâtiment en faisant des travaux d’amélioration de son habitat ?

La demande a été forcée et ne correspondait plus à son évolution naturelle et a eu pour effet de déséquilibrer l’économie dans d’autres secteurs par des interventions importantes, imprévisibles et d’autant plus brutales. Le plan de soutien à l’industrie automobile en mettant l’accent sur la propulsion électrique veut encore influer sur la demande et nous pousse donc à acheter une voiture électrique, même si elle ne correspond pas à nos goûts ou nos besoins, mais nous force de toutes façons à payer par nos taxes et impôts les subventions nécessaires à ce soutien.

D’autre part le marché actuel est très restreint, de l’ordre de 1%, sur la voiture électrique et les subventions vont aller pour partie sur des constructeurs qui ne sont pas forcément français implantés en France et pas sur des constructeurs français réalisant la chaîne finale de montage à l’étranger. Une partie du soutien se noie donc dans le libéralisme mondial alors qu’en plus le gain sur l’emploi est sujet à interrogation. En effet les constituants d’une voiture peuvent venir de tous les pays du monde. Est-ce plus profitable pour l’emploi d’aider une société étrangère réalisant la sortie d’usine sur notre territoire à partir de constituants provenant de l’étranger ou une usine française réalisant cette même sortie d’usine sur un territoire étranger à partir de constituants faits en France ?

La réponse est impossible sans une étude au cas par cas. On voit bien que dans le contexte du libéralisme, ces interventions sont plus pénalisantes que bénéfiques et sont en plus une entorse au principe de libre-concurrence que l’État n’a pas remis en cause. Bruxelles pourrait d’ailleurs avoir son mot à dire. Il ne semble pas que l’UE ait encore adoubé le plan de « redressement » de la filière automobile concoctée par le même ministre.

Enfin si l’État intervient sur le plan de licenciement prévu par l’entreprise, il y a de fortes chances que ce plan soit moins valable et donc que l’entreprise en bénéficie moins, ce qui se retournera contre les salariés. Par contre l’État est responsable d’une solidarité nationale et il est normal qu’il mette tout en œuvre pour que les salariés en détresse soient récupérés dans les emplois non pourvus le plus rapidement possible. C’est tout le travail d’adéquation entre l’offre et la demande par des opérations de formation et de reclassement ainsi que de soutien financier temporaire, or il y a encore beaucoup d’emplois non pourvus malgré le chômage actuel. On fait même venir des travailleurs de l’étranger !

L’État est aussi responsable des taxes et impôts qui frappent les sociétés. Ceux-ci ont un impact sur les coûts de production et le pouvoir d’achat des consommateurs. Quand il est en déficit par mauvaise gestion, il a la mauvaise habitude d’augmenter la pression fiscale… les industries en sont-elles responsables ? Si notre commerce international est tant en déficit, n’y a-t-il pas une faute de l’État ?

Vouloir nier qu’une entreprise peut traverser une période difficile et même en mourir, c’est ne rien comprendre au monde commercial, artisanal et industriel. Quand le charbon s’est révélé trop cher à extraire dans les bassins miniers français, alors qu’il est de plus en plus extrait en Chine actuellement, aucun plan de soutien n’aurait empêché leur mort. Le mieux était de le prévoir le plus tôt possible et d’envisager toutes les solutions pour une reconversion dans d’autres métiers et des aides à la retraite.

L’interventionnisme fait dans l’urgence,

N’est qu’une dépense aux effets pervers

Et c’est prendre le problème à l’envers

Car moins taxer a meilleure influence.

Claude Trouvé
Coordonnateur MPG du Languedoc-Roussillon