dimanche 8 juillet 2012

Apprendre à ne pas péter plus haut que son… derrière.

Cet objectif n’est pas aussi vulgaire sur le fond que son expression le laisse paraître. Dans quelle France, dans quelle Europe, dans quel monde vivons-nous ? Dans le monde de l’illusion. Celui où l’on décide de se répartir les richesses avant de savoir de quel montant elles sont. Les grands penseurs de l’économie, parodiant Keynes hors du contexte d’application de ses idées, nous ont ainsi transformés en faux monnayeurs.

Nous attendons tout, toujours plus, toujours mieux, toujours plus vite. Tout cela pour trouver l'euro trop fort, le pétrole trop cher, le CO2 trop abondant, les logements insuffisants, les drogues trop libres, l'éducation nulle, l’administration pléthorique, la médecine en décrépitude, l’immigration envahissante, l’insécurité croissante. Il n'y a pas encore une France en faillite, mais déjà une France en décrépitude, pays pourtant bien plus gâté que d'autres par la nature.

Après une campagne d'espérance, chaque jour nous apporte sa cohorte d'augmentation de tarifs, de blocage de prix, de réduction d'avantages, d’alourdissement des charges aux entreprises, de revue à la hausse du barème fiscal, de promesses de réformes  de structures sur 5/10/15 ans qui devraient nous emporter vers le bonheur. Les marchands d'illusions continuent à anesthésier le peuple car avec près de 1800 milliards de dettes à fin 2012, nous ne sommes pas en faillite, nous sommes ruinés.

Quelles potions donne-t-on à la malade ? Chaque jour, en dehors des grands discours d'espoir, des constitutions de commissions, de concertations sociales ou de Grenelles de tout, nous retrouvons la cohorte des mini-mesures de rigueur ou d'efforts qui nous sont demandées depuis 40 ans. Lisez les journaux quotidiens de ces jours-ci et vous aurez le sentiment d'avoir lu les mêmes en 1970, 81, 84, 92, 95, 2002, 2007. Comment pouvons-nous croire que nous ayons une chance de retrouver un présent et a fortiori un avenir ?

Nous nous comportons globalement comme si la croissance européenne et particulièrement française était celle de la Chine, d’ailleurs en baisse. Tous les pays occidentaux qui inondent l’économie de liquidités voient leur croissance stagner ou pire régresser. L’idée s’est incrustée que la croissance doit être de 3% pour stabiliser le chômage et nous avons dépensé en comptant sur elle comme si elle était programmée pour arriver tout seule. Si nous continuons à nous maintenir à la valeur des dépenses du budget  actuel, c’est une croissance de plus de 6% qu’il faudrait avoir pour générer les recettes fiscales équivalentes... un rêve chinois pour l’instant.

Il devient de plus en plus clair que, sans un contexte particulier comme celui de la Chine par exemple, la croissance ne se décrète pas mais se détermine elle-même à partir d’une part du dynamisme, du pouvoir d’invention, d’innovation et de management des hommes et d’autre part de l’abondance des matières énergétiques et minières.

On constate par ailleurs que nous allons vers une croissance qui peut être plutôt espérée entre 0 et 1%. C’est sans doute la croissance sur laquelle les européens peuvent raisonnablement compter pour l’instant sans se servir de la dette ou de la fausse monnaie. C’est pour nous la perspective d’un déficit budgétaire qui soit beaucoup plus proche de zéro que des 3% du PIB prévus vraisemblablement en 2014. Cet objectif budgétaire ne serait tenable dans le temps que si nous remboursions, très rapidement et totalement, notre dette.

Si nous ne modifions pas fondamentalement la situation de celle-ci soit par la faillite, la dévaluation ou l’utilisation de l’épargne des français avec un protectionnisme ciblé, tous les mini-ajustements ne feront rien de solide et risquent seulement d’ébranler un peu plus notre « santé » économique. Ces interventions d’urgence et risquées ne sont plus que les seules qui peuvent stopper notre lente décrépitude.

Si nous hésitons encore il faudra se résoudre à changer nos mentalités, notre niveau de vie, notre protection sociale et le gouvernement à tailler des coupes sombres dans les dépenses les moins indispensables ou les moins productives… ce qui est loin d’être dans les têtes des élus actuels.

La croissance à 6%, ou même à 3%, ne reviendra pas avant longtemps. Les 120 milliards prévus par l’UE, dont il ne va rester que 35 milliards nouveaux réellement injectés dans l’économie européenne à condition encore qu’ils arrivent dans des dépenses réellement utiles à la croissance, ne sont qu’une goutte d’eau par rapport à ce qu’on fait américains et japonais sans succès.

C’est à une révolution des mentalités que la France devra son salut. Ne plus s’agenouiller devant les dictats de Bruxelles et du FMI, retrouver une monnaie flexible, dépenser moins, importer moins, taxer le superflu et les produits importés trop concurrentiels, reconstruire une administration plus efficace et moins dispendieuse, faire la chasse au gaspillage dans les domaines cruciaux de la défense, de la santé, de l’éducation, de l’immigration en particulier illégale, sont les passages obligés pour se libérer du poids de la dépense publique et du déficit du commerce extérieur.

Le changement de mentalité, que nos anciens ont connu après la deuxième guerre mondiale, est indispensable. « Un sou est un sou » disait Georges Besse, un grand patron trop tôt assassiné. Chacun doit être conscient que le redressement du pays passe avant tout et que chacun y a sa part de devoir. Il faut redonner le goût du travail, encourager celui d’entreprendre et d’investir par l’allègement des charges et des contraintes, mettre la flexibilité au cœur du management des entreprises et de l’État. Ce sont les clés pour pouvoir fournir au tissu économique les moyens de fabriquer chez nous les produits indispensables, de reconquérir notre savoir-faire, de revaloriser les salaires au rythme de l’augmentation de la valeur ajoutée et de redonner aux jeunes un but, du travail et de l'espoir.

La France est en décrépitude depuis trente ans

Par la seule faute de ses gouvernants.

Seule la volonté et la discipline du peuple peut l’en sortir

A condition que ses dirigeants en prennent conscience.

Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF du Languedoc-Roussillon