dimanche 17 juin 2012

Quel avenir pour la Grèce ?

La sortie de la Grèce de la zone euro n'est plus un tabou depuis plusieurs mois. Le pays jouera, aujourd’hui dimanche 17 juin, son maintien ou son éviction de l'union monétaire lors des élections législatives. Pour limiter les répercussions de cette décision au sein de l'Union européenne, des responsables financiers européens discuteraient depuis six semaines, pendant des téléconférences, des plans d'urgence à mettre en place.

Des responsables de l'Union européenne ont indiqué hier à Reuters que plusieurs hypothèses étaient sur la table. Parmi elles, la solution extrême qui consisterait à imposer à la Grèce des contrôles aux frontières. Les discussions ont porté sur la possibilité de suspendre les accords de Schengen, qui organisent la libre circulation et les contrôles aux frontières dans la majorité des 27 pays de l'UE. La sortie de l’euro est donc bien envisagée sous tous ses aspects.

La Grèce peut-elle s’en sortir sans annulation totale de sa dette et aide pendant plus d’une dizaine d’années ? La réponse est non, le pays est exsangue. L’un des meilleurs indicateurs de la santé économique d’un pays est son taux de chômage. Le graphique ci-joint montre que non seulement celui-ci est l’un des plus élevés d’Europe mais qu’il est dans une progression constante et forte.

Les recettes publiques ont reculé de 3,67% sur les cinq derniers mois et viennent donc atténuer l’effet des mesures d’austérité qui elles-mêmes jouent sur la croissance déjà négative à -3% en 2011. Les grecs retirent de l’argent à un rythme de 700 à 800 millions par jour. La panique s’empare non seulement des citoyens grecs mais de toute l’Europe en particulier sur les banques très sujettes à la faillite grecque.

La Grèce se vend au plus offrant. Un contrat de 3,4 milliards d'euros a été passé l’an dernier avec le chinois Cosco pour exploiter deux quais du port du Pirée. Mais les pays du Golfe, les russes, les anglais, les français sont en train de dépouiller plus ou moins ce pays. Tout cela passe par un grand programme de privatisation qui devrait dégager 1 milliard d'euros d'ici à 2013, mais dont l'ampleur sera déterminée au coup par coup. «Dans certains secteurs, comme les casinos, l'État cédera toutes ses parts comme dans d'autres, surtout dans ceux qui sont liés aux ressources naturelles. »(AFP)

Le résultat des élections grecques risque de ne pas changer grand-chose dans le sort réservé à la Grèce. C’est en fait à l’Allemagne, premier pourvoyeur des aides aux pays en difficulté, de décider. Le FMI a clairement annoncé que les conditions de prêt à la Grèce n’étaient plus négociables. C’est donc l’Allemagne qui va se trouver devant un choix difficile avec la pression d’une France qui voudrait bien se servir de sa caution pour ouvrir la planche à billets sans risque.

Néanmoins le temps presse, la Grèce sera à cours d’argent fin juillet et si rien n’est fait du côté de l’Europe, on n’empêchera pas la banque grecque de faire marcher la planche à billets puisqu’elle en a les moyens techniques. L’Europe ne peut qu’annuler la dette, relâcher un peu sur les mesures d’austérité et étaler la dette à venir sur un plus grand nombre d’années. 70% des grecs souhaitent, selon les sondages, rester dans l’euro, c’est humain de vouloir rester dans une zone euro qui les aident et de ne pas accepter une austérité qui les appauvrit chaque jour. Mais leur avenir ne leur appartient plus s’ils gardent l’euro.

La Grèce ne fera pas faillite c’est l’Eurozone qui est menacée. "Les architectes de la zone euro ont ignoré l'hétérogénéité de l'Europe afin d'imposer une fausse homogénéité [...]. Pendant un certain temps, cette similitude fictionnelle a fonctionné... ou a semblé fonctionner. Mais en vérité, cela n'a jamais vraiment marché, comme le prouve très clairement l'expansion de la crise. Même si la structure de l'Eurozone a permis aux Grecs d'emprunter de l'argent comme s'ils étaient des Allemands, cela ne les a pas empêchés de rembourser leurs dettes comme des Grecs". (Dan Denning)

Les vraies questions, ignorées dans nos présidentielles,

Vont être posées aujourd’hui par les électeurs grecs

Avant que les dettes espagnoles et italiennes nous obligent à choisir

« To be in or not to be in »

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon