samedi 2 juin 2012

La vraie croissance c’est ça !

Le nouveau président ne parle plus que de croissance comme une idée nouvelle et pense que l’on peut en pousser les feux. Autrement dit il ne s’agirait que d’une volonté politique. Il est indéniable que si l’on baisse les charges des entreprises, on facilite leur compétitivité. Il est tout aussi indéniable que les recettes de l’Etat sont amputées dans un premier temps. Le pari est que l’augmentation du produit intérieur brut génère ensuite des recettes supplémentaires qui puissent compenser les pertes dues à la baisse provoquée des charges.

Ce pari est loin d’être gagné d’avance car il y a un effet retard entre la baisse des charges et la relance de l’économie. L’Etat vit sur des dettes et la baisse des charges ne peut que l’alourdir dans un premier temps. Il faut donc non seulement compenser la perte immédiate de recettes mais les intérêts d’emprunt. De plus la baisse des charges doit être très substantielle dans un marché mondialisé où règne la guerre des prix avec les pays à bas coûts salariaux et sociaux.

La prise de risque est grande pour avoir une chance de véritable relance et le résultat est loin d’être assuré dans les recettes attendues. C’est le cas des Etats-Unis qui ont investi 3000 milliards de dollars dans des plans de relance et qui ne l’ont pas toujours pérennisée. Par contre ils continuent toujours à creuser la dette ce qui peut finir par mettre en cause la solidité du dollar comme monnaie de référence.

Mais nous vivons en France un parfait exemple de ce qu’est la vraie croissance, celle qui est générée sans intervention de l’Etat. Il vient d’être mis en lumière par AREVA dans le domaine du nucléaire. Il ne s’agit pas ici d’ouvrir un débat pour ou contre le nucléaire. Il s’agit de parler du coût de fabrication d’un produit essentiel à l’économie mondiale actuellement, à savoir le combustible nucléaire, l’uranium enrichi.

La France produisait 25% des besoins mondiaux de cette matière énergétique dans l’usine Eurodif-Besse de première génération par un procédé dit de diffusion gazeuse dans l’une des plus grandes usines du monde. Pourtant ce procédé était très énergivore puisqu’à pleine puissance cette usine consommait la puissance électrique délivrée par trois des quatre réacteurs de la centrale EDF du Tricastin.

Cette usine permettait néanmoins d’alimenter une centaine de réacteurs dans le monde. Grâce aux efforts de recherche et d’innovation, un autre procédé est venu résoudre le handicap énergivore. Le procédé de centrifugation, qui utilise 50 fois moins d’énergie électrique, permet en plus des usines plus petites en taille et demandant moins de main-d’œuvre. Ce saut technologique a un impact direct sur le coût de fabrication de l’uranium enrichi.

Eurodi-Besse2 tourne désormais à plein régime et a sa production assurée jusqu'en 2020. Voilà un exemple typique d’une vraie croissance où l’on fabrique moins cher un même produit. Les économies réalisées permettent des réinvestissements dans d’autres activités et la dynamique économique s’autoalimente. On conçoit que cette croissance est lente et que l’on ne fait qu’en constater l’ampleur.

Ceci montre que la santé économique d’un pays est de plus en plus liée à sa capacité à innover. On ne peut rien espérer de bon d’une austérité qui se fasse en dehors de la réduction des dépenses de l’Etat, réduction qui ne doit pas affecter l’efficacité de tout l’appareil d’Etat. Les réductions qui se font sur le dos des consommateurs tout autant que la croissance créée artificiellement ne peuvent permettre que des sauvetages à très court terme dans l’histoire d’un pays. Il ne semble pas que ceci soit compris par nos têtes pensantes… à moins que l’on ne veuille pas le prendre en compte pour des raisons politiciennes.

Celui qui ne regarde que son nez

Ne peut espérer qu’une courte vue

Le mur vient sur lui, il est étonné

Et va, sans  voir, d’erreur en bévue.
Claude Trouvé
Candidat MPF aux législatives dans la 5ème circonscription de l’Hérault.