mercredi 20 juin 2012

Ils sont tous d’accord sur la croissance…de l’absurde !

Plus les évènements se précipitent plus les dirigeants du monde perdent le sens des réalités et nous basculons chaque jour un peu plus dans l’absurde. 

Titre de Direct Matin : La croissance fait consensus [au G20]. Conclusion de l'article : "Quant aux mesures susceptibles de relancer la croissance, elles ne semblent pas devoir être explicitées." C’est la nouvelle expression journalistique, on ne se met plus d’accord comme autrefois, « on fait consensus ». On aurait pu croire, que lorsque l’on n’est pas d’accord, « on fait la gueule ». Non pas du tout on « fait débat ».

Comment ne pas être d’accord sur plus de croissance quand on sait que le déficit est mesuré en pourcentage du PIB pour juger de son ampleur et donner des règles contraignantes aux Etats. Si l’on augmente la croissance, donc le PIB, de 4%, on peut se permettre d’augmenter le déficit jusqu’à 2% tout en affichant une baisse de 2% sur l’indicateur déficit/PIB. C’est la manière rêvée de dépenser plus tout en réduisant ce foutu indicateur sur lequel nous nous sommes engagés à 3% pour 2013. C’est un calcul du niveau du cours moyen ou même élémentaire… docteur Watson !

La France pousse de toute la force de ses petits bras et fait front au visage austère de l’Allemagne qui bêtement ne s’intéresse qu’au numérateur, nommé déficit, du pourcentage déficit/PIB. Tous les autres veulent aussi de la croissance. Les Etats-Unis, la Chine, le Brésil, la Russie se repaissent du grand marché que représente l’Europe pour écouler leurs produits. La seule petite difficulté c’est que la croissance, dont on a besoin tout-de-suite, demande d’injecter de l’argent frais. On a beau faire, beau dire et refaire les comptes, il n’y a que des dettes. Le monde a une dette qui croit chaque jour et atteint les 40.000 milliards de dollars dont 9.000 pour les Etats-Unis.

Alors chacun y va de sa méthode, les QE, TWIST, LTRO, FESF, MES fleurissent, tous maniés par les mains expertes de la FED ou de la BCE. Le seul but est de remettre de l’argent dans le circuit d’une part pour boucher des « trous bancaires et souverains » ou pour créer de la croissance. C’est, dans ce dernier cas, ce que l’on appelle la croissance artificielle et, dans le premier cas, le « tonneau des Danaïdes ». La FED parle de « relancer la croissance américaine » pour rassurer les marchés. Ceux-ci attendent un nouveau QE3 succédant aux 3.000 milliards des deux précédents dont l’effet sur la croissance est jugé insuffisant.

C’est tout-de-même trois mille milliards envolés, disparus… et une croissance toujours aussi molle. Mais en Europe la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Grèce, Chypre ont un déficit qui évolue plus vite que la croissance et sont ou vont entrer en récession. Alors comme les malades dont les poumons ne répondent plus, ils demandent de l’oxygène, c’est-à-dire un air « surdopé ».

La Grèce est dans cet état et devra rester sous tente à oxygène une dizaine d’années. Le Portugal, l’Irlande, l’Espagne y ont fait et vont encore y faire des séjours de plus en plus rapprochés. L’Italie s’y prépare et l’agence de notation américaine Egan-Jones dégrade la note souveraine de la France.

« Plus petite que ses consœurs Standard & Poor's, Moody's et Fitch, elle a estimée que la France ne peut plus figurer dans les pays notés "A" (catégorie la meilleure pour un investissement), c’est pourquoi elle a estimé que la France sera désormais un placement de qualité moyenne et la qualifie de "BBB+" et qui assorti sa note d’une perspective négative. Une décision selon elle de vouloir anticiper la fin de l’indulgence des marchés financiers vis-à-vis de la France. C’est donc une dégradation de deux crans avec une perspective négative à la clé ! » (Ensemble pour la France)


Pendant ce temps l’Europe du Sud évoque la croissance comme le peuple du Sahel évoque la pluie et racle le fond des tiroirs-caisses. Le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies, a ainsi admis mercredi que le gouvernement était en quête de 10 milliards d'euros pour boucler le budget 2012, et a détaillé une série de "mesures d'urgence" portant sur la fiscalité. Car comme chacun le sait il est beaucoup plus facile de faire ainsi rentrer l’argent plutôt que de réduire les dépenses… c’est ce que l’on appelle l’austérité à la Française.

Posons donc en principe qu’aucun Etat ne remboursera sa dette,

Ajoutons-y une union budgétaire et bancaire qui nivelle leurs différences,

Dépensons alors d’une façon « croissante » dans la solidarité et l’impunité

La dette souveraine n’existera plus dans le club des sans-soucis

Et nous non plus !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon