samedi 23 juin 2012

De reculades en désaveux

Le nouveau président Hollande avait sur la politique économique et écologique une vision volontariste, novatrice où l’austérité était mise sous l’édredon et la croissance élevée au rang de fontaine de jouvence. Il n’est pas de jour depuis où l’on n’assiste pas à des revirements de trajectoire ou à des couacs gouvernementaux.

Cela a commencé par des ministres dont l’envie de faire parler d’eux était irrépressible. Cécile Duflot, de paroles, n’a pas hésité, au nom de l’écologie, à annoncer la légalisation de la vente du cannabis. C’est vrai que fumer de l’herbe vous hisse au rang de sous-préfet aux champs, écologiquement parlant. Elle a été relayée par Vincent Peillon qui a enfin tranché dans ce serpent de mer qui date d’au moins soixante ans. Les vacances de novembre doivent être rallongées et la semaine de quatre jours abrogée. En pleine concertation avec lui-même, ce ministre a ainsi fait la une des journaux. Aussitôt annoncées, ces mesures sont reportées à plus tard au mieux par un chef de gouvernement, porte-parole du président.

Et de deux. Mais ce dernier a sa propre liste de reculade et de désaveux. Son credo de la croissance devait être nourri par des euro-bonds de mutualisation de la dette. Averti du refus de l’Allemagne, il avait annoncé qu’on allait voir ce que l’on allait voir. On a vu en effet Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, annoncer implicitement, ce 20 juin 2012, leur abandon spectaculaire à l’hebdomadaire allemand Die Zeit. « Il est vrai qu’une communautarisation des dettes exige nécessairement une plus forte intégration politique et nécessitera certainement plusieurs années… ».

Et de trois. Le même président se faisait fort de convaincre l’UE de la nécessité d’instaurer la taxe sur les transactions financières, la TTF. Il y avait là une source juteuse d’argent dont l’Europe avait besoin… pour la croissance. Les 27 pays se sont montrés dans l’ensemble sceptiques, hors les pays de l’Europe du Sud en difficulté financière. Angela Merkel en a accepté le principe mais sans réel enthousiasme. La TTF prend plutôt la direction de discussions sans fin sur sa finalité et ses conditions d’application dans un nombre limité de pays.

Et de quatre. La cerise sur le gâteau est sans doute l’affaire Shell et les forages en Guyane. Dans le premier gouvernement on avait intronisé avec force arguments une socialiste, Nicole Bricq, au ministère de l’écologie et du développement durable. Celle-ci déclarait d’ailleurs : « Les réactions de la mouvance écologiste ont été très favorables, pour une raison bien simple : je connais les dossiers, j’ai une vraie légitimité et une forte conviction. J’ai, par exemple, beaucoup contribué en 2008, alors que le premier secrétaire du PS était François Hollande, à intégrer l’écologie au sein de la déclaration de principe du Parti socialiste ». Elle ajoute : «  Il y a, j’en conviens, de petites différences culturelles entre certains de mes collègues et moi. Je ne nie jamais les obstacles, car il faut les connaître pour les surmonter, mais je pense avoir des appuis de poids au sein du gouvernement, parmi les associations et dans la société. Ce sera décisif. » Sans aucun doute cette ministre a été choisie pour sa compétence !

Forte de cet appui gouvernemental et présidentiel, notre ministre annonce : « Je remets à plat tous les permis. Je remets donc à plat le permis de la société Shell en Guyane ». Pour justifier sa position, elle avait invoqué « l’attachement du gouvernement à la protection de la faune marine et de l’environnement » [sic !] et avait affirmé qu’elle ne disposait « d’aucune garantie » de la part de Shell. (François ASSELINEAU)

Cette disposition avait été avalisée par notre fringant ministre du Redressement Productif. Mal lui en a pris. La voilà virée de son ministère pour le Commerce extérieur lors du remaniement ministériel. Comble du camouflet, le permis de forage de Shell est attribué en Guyane par le couple Hollande-Ayrault. De plus la ministre va devoir aller vanter à l’extérieur, les mérites écologiques du nucléaire français.

Et de cinq. De plus Arnaud Montebourg avale un autre chapeau et est renvoyé au « sauvetage des improductifs » comme Doux et les autres à titre de redressement pour bévue ministérielle. Et de six.

Le détricotage économique et écologique du programme présidentiel

N’est nullement un aveu de faiblesse mais une manière de gouverner !

Ça promet… une franche rigolade des allemands

Qui ne comprennent déjà plus rien à la politique française.

Qu’ils se rassurent, nous non plus !

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon