vendredi 11 mai 2012

Pourquoi va-t-on aussi dans le mur ?

La Grèce va devoir faire revoter un peuple qui rejette l’austérité et ne rêve que de l’aide de l’UE.  Voilà bien un rêve humain qui est de vouloir le beurre, l’argent du beurre et la crémière avec. On ne peut leur en vouloir car nous l’avons bien voulu. Nous n’aurions pas dû admettre la Grèce dans la zone euro au départ et l’avoir exclue en découvrant des comptes falsifiés. Depuis la Grèce n’a fait que s’appauvrir, incapable quelle est de soutenir ses exportations avec un euro aussi fort.

Bien sûr on dira qu’elle ne sait pas collecter les impôts mais l’argent facile de la zone euro avec des taux d’emprunt bas n’a pas fait avancer ce pays dans l’amélioration de ses structures administratives. Ne nous moquons pas trop car les réformes des dépenses de l’état français n’ont pas été entreprises depuis que notre dette augmente soit 38 ans ! Les impôts et axes ont fleuri car le train de vie de l’état ne s’est pas ralenti.

On voit mal comment le nouveau président de la République va réduire les dépenses publiques avec les mesures annoncées mais on sait désormais qu’il faudra trouver de l’argent chez les fortunés et  couper de nombreuses niches fiscales. Cet argent est soustrait à la consommation pour réduire le déficit du budget. Mais les besoins de financement de l’Etat sont en perpétuelle évolution pour payer les intérêts de la dette et les emprunts arrivés à terme. Le déficit 2012 est prévu à hauteur de 74 Mds€ et la dette était de 1700 Mds€ en 2011. Les besoins de financement sont évalués par ailleurs à 180 Mds€ en 2012 et 300 Mds€ !

Le mécanisme est clair, on emprunte sur les marchés, par émissions d’obligations souveraines, pour financer la dette et on emprunte en plus les montants nécessaires pour payer les remboursements de capital exigés. Autrement dit c’est la fuite en avant du particulier à qui la banque demanderait le remboursement le capital emprunté à la fin de la durée du prêt (emprunt in fine) et qui sollicite un nouveau prêt pour rembourser l’ancien. Notre dette publique représente plus de 10 mois du PIB annuel et près de 6 ans de recettes pendant lesquels notre défense, nos hôpitaux, nos fonctionnaires, nos collectivités territoriales ne seraient pas payés.

Les quelques chiffres ci-contre nous font percevoir la gravité de la situation. Le déficit 2012 c’est le versement de l’Etat aux collectivités territoriales et à l’UE pour 74Mds€ dont 19 pour l’UE. La dette s’aggrave chaque année et la confiance des investisseurs, dans les capacités de la France à rembourser sa dette, s’émousse. Elle va pousser les Agences de notation à déclencher un abaissement de notre note. Ceci va nous mettre un peu plus en difficulté et la note sera encore plus dégradée.

La croissance prévue en 2012 a, comme toujours été trop optimiste, et ne sera plus que de 1,3% au lieu des 1.7% prévus. Cela avait d’ailleurs nécessité deux révisions du budget en 2011. Ce sera encore le cas en 2012. On peut s’attendre à une perte de recettes de 8à 9 milliards qu’il va falloir trouver. Nous en sommes déjà à un déficit à la hauteur de 25% des recettes soit ¼ de celles-ci !

Dans notre endettement nous n’avons pas compté l’endettement des collectivités territoriales pour une dizaine de milliards ni celui des communes ni surtout l’engagement pris par l’Etat sur les retraites futures des fonctionnaires. Pour juger du poids de ces retraites futures il faut simplement regarder le chiffre des dépenses annuelles de personnel, soit 120Mds€.On peut estimer à 100Mds€ ce que représenteront ces retraites chaque année sur 17 ans environ de durée de vie supplémentaire. On atteint le chiffre de 1700 milliards, ce qui double la dette officielle.

La chance de l’Etat français c’est notre épargne

Gageons que nous ne serons pas épargnés !

Claude Trouvé