jeudi 17 mai 2012

La Grèce, un grain de sable qui bouleverse l’économie mondiale

La Grèce s’est mise en parenthèses avec un gouvernement provisoire de technocrates pour préparer les élections du 17 juin. Le parti radical de gauche Syriza, qui rejette le plan d’austérité, est donné favori dans les sondages. La Grèce ne représente que 2,5% du PIB de la zone euro mais elle pose un problème de survie à son ensemble. Par contrecoup c’est la planète entière qui est en émoi. Les bourses mondiales sont affectées, Wall Street et la City accusent le coup ainsi que Tokyo.

Cette démission du gouvernement grec a des répercussions immédiates. Durant la seule journée de lundi, les grecs ont retiré 700 millions d’euros dans les banques. L’Espagne, économie fragilisée, qui est entrée en récession de 0,3% pour le deuxième trimestre, vient d’emprunter 2,5 milliards à court terme mais avec des taux d’emprunt majoré de 1,5% en moyenne. « Signe des préoccupations agitant les marchés, la prime de risque espagnole (surcoût que doit payer l'Espagne pour emprunter à dix ans, par rapport à l'Allemagne, considérée comme référence) avait atteint mercredi un nouveau record historique, à 507 points (AFP) ».

Son chômage historiquement élevé avec 24,4% laisse mal augurer de la réussite de son plan d’austérité dont les objectifs ont été pourtant unilatéralement allégés. Tout ceci ébranle la confiance des marchés et le CAC40 accuse le coup depuis plusieurs jours. La sortie de l’euro devient une hypothèse de plus en plus probable et l’idée progresse dans l’esprit des grecs même si la majorité d’entre eux veulent y rester. Il n’est pas sûr que l’effacement total de la dette grecque soit de nature à sortir ce pays de l’impasse. On voit mal les allemands accepter cette solution et surtout d’aller plus loin. Mais la Grèce a été acceptée dans l’euro et a théoriquement droit à la solidarité des autres pays selon les traités.

Si sortie il y a, elle devra être « ordonnée », selon Christine Lagarde, ce qui veut non seulement dire que celle-ci doit se faire en concertation et en bon ordre mais qu’elle doit être aidée. Ce qui veut dire en clair que les européens, la BCE et le FMI devront y mettre de leur poche. Plus la crise grecque tarde à trouver une solution, plus la probabilité de voir l’Espagne demander une aide supplémentaire augmente sous la pression des taux d’emprunt et de l’augmentation des primes de risque.

On voit que les préoccupations majeures immédiates prennent largement le pas sur celles à plus long terme. Le décalage est criant entre l’urgence d’inclure des objectifs de croissance dans le futur traité et la situation explosive d’une zone euro qui s’essouffle sur le cas grec, sans avoir les moyens de traiter aussi l’aggravation du cas de l’Espagne. Il y a toujours un grand retard dans la prise de décision dans ce « machin », comme dirait De Gaulle, qui est le fonctionnement de l’UE.

Le dogme de l’euro mobilise et épuise toutes les énergies pour le sauver. Il empêche d’envisager sereinement un autre fonctionnement de l’Europe à partir du moment où les « élites » ont déclaré que c’était la seule solution. L’évidence des disparités criantes, entre les pays qui la composent, devait être résolue par la monnaie unique, elles n’ont fait que s’aggraver. L’euro est trop cher pour permettre aux pays du sud d’avoir une balance équilibrée du commerce extérieur, mais ces pays n’ont aucune prise sur cette monnaie.

Notre nouveau gouvernement se retrouve, par ses annonces de campagne, devant la quadrature du cercle. Il a développé dans l’esprit des français que croissance et austérité n’étaient pas incompatibles. Cette vision fait fi de deux évidences. Premièrement les principaux acteurs sont les producteurs eux-mêmes et les mesures d’encouragement n’ont pas des effets immédiats. Deuxièmement la croissance prévue ne sera atteinte ni en 2012, ni en 2013. Pendant ce temps la dette croîtra d’autant plus vite que l’austérité sera faible. Si celle-ci est trop forte, c’est la croissance par la demande intérieure qui s’affaissera.

Pour le peuple le miroir aux alouettes a fonctionné mais c’est lui seul qui va en payer les conséquences car les prédictions d’un certain nombre de politiques et d’économistes avant le traité de Maastricht vont se réaliser.

« Une monnaie unique pour quinze ou vingt économies différentes, ça ne peut pas marcher ! Nos salariés, commerçants, entreprises, consommateurs vont le payer cher. D’abord pour y rentrer, un jour pour en sortir. L’euro est la religion des élites, pas celle du peuple » Philippe De Villiers (12/09/1992)

Chers concitoyens, ne nous trompons pas deux fois,

Le monde nous regarde avec inquiétude,

Votez pour une autre route !

Claude Trouvé
Candidat dans la 5ème circonscription de l'Hérault