mercredi 2 mai 2012

France-Allemagne : deux patients très différents pour un même remède !

Ces deux pays, dont les destins sont géographiquement liés, sont devenus plus interdépendants depuis le traité de Maastricht et la mise en place de l’euro. Ils sont maintenant l’illustration de l’inefficacité de l’euro pour garantir une évolution économique positive pour l’ensemble des pays. Les inégalités n’ont fait que croître entre en gros l’Europe du Nord et l’Europe du Sud. Ces deux pays sont considérés comme les deux piliers sur lesquels est bâti l’euro. Leur santé financière est indispensable au FESF et au futur MES, Mécanisme Européen de Solidarité, qui doit le remplacer ou le compléter. Pourtant force est de constater que les deux piliers n’ont plus la même solidité.

Au moment où un nouveau gouvernement français va prendre le relais, le fonctionnement de l’Europe va voir s’affronter ces deux pays sur leur devenir et celui de l’UE. L’austérité à l’allemande est remise en cause et la nécessité de croissance est devenue un souhait beaucoup plus impérieux pour la France que pour l’Allemagne. Toutefois la France est sous la menace de la perte de son AAA pendant que l’Allemagne affiche sa bonne santé même si sa croissance est ralentie. De plus l’écart économique entre les deux pays se creuse et se traduit par des taux d’emprunt qui divergent à notre détriment.

Jetons donc un coup d’œil sur un certain nombre d’indicateurs socio-économiques qui les caractérisaient fin 2011.
2011
France
Allemagne
PIB en Mds d’euros
2000,609
2570,8
Dette en Mds d’euros
1717,3
2088,472
Déficit public en Mds
103,074
25,8
Habitants
65.048.412
81.751.602
Ces principaux indicateurs nous montrent que l’Allemagne est plus puissante économiquement mais que sa population est plus importante ainsi que sa dette. Par contre son déficit est faible, ce qui prouve que sa santé est récente. Il faut donc en savoir plus.
Autres indicateurs
France
Allemagne
Dette en Mds d’euros
1717,3
2088,472
Dette/PIB
86,40%
81,20%
Dette/habitant euros
26400
25547
Déficit public en Mds d’euros
103,074
25,8
Déficit/Recettes publiques
12%
2%
Déficit/PIB
5,15%
1,00%
Déficit/habitant en euros
1585
316
Dépenses publiques/PIB
55,90%
45,60%
Balance du  commerce extérieur  en Mds d’euros
-70,05
158,1
Croissance
1,7%
3,0%
PIB/habitant  en euros
30776
31466
Variation productivité 2011/2010
1,1%
1,6%
Taux d'emploi
63,8%
72,5%
Chômage
10,0%
7,1%
Variation du coût salarial/2005
12,3%
5,1%
Prix à la consommation/2005
13,82%
13,40%
Pouvoir d'achat/UE
13,2%
4,6%
Démograhie/2005
3,63%
-0,95%
On perçoit sur ce tableau que peu d’indicateurs nous sont favorables. Parmi eux on note que notre pouvoir d’achat a plus progressé que celui des allemands et que notre démographie est plus favorable. On peut avoir toutefois une meilleure vision en représentant graphiquement les variations relatives,  favorables ou non, de ces indicateurs entre les deux pays.

 

 Quatre indicateurs nous sont effectivement favorables la dette, le PIB/habitant, l’augmentation du pouvoir d’achat et principalement la démographie. Cette dernière n’est favorable que dans la mesure où l’on peut la suivre par l’éducation, la formation et surtout la création d’emplois. Dans le cas contraire cela redevient un facteur défavorable.

Par contre quatorze indicateurs nous sont défavorables et pas des moindres. En premier lieu le commerce extérieur où l’écart entre les deux pays a été de 228 Mds€ ! C’est plus de deux fois notre déficit public. Mais huit indicateurs sont particulièrement défavorables. Quatre d’entre eux concernent le déficit public qui s’avère lourd par rapport au PIB, aux recettes publiques et au nombre d’habitants. En 2011 chaque français a vu croître  sa dette de 1.585 euros qui atteint au total 26.400 euros, ce qui creuse l’écart avec l’Allemagne.

La croissance est devenue très inférieure à celle de l’Allemagne et ceci se traduit principalement sur le chômage et un peu moins sur le taux d’emploi. Il faut noter que cette croissance faible s’est accompagnée d’un coût salarial augmentant plus rapidement, de même que le pouvoir d’achat. On peut en déduire que le salarié allemand a moins bénéficié d’une croissance forte que le salarié français d’une croissance faible. Une bonne part de la différence de coût salarial entre les deux pays y trouve son origine. On voit combien est fragile la théorie comme quoi il faut redonner du pouvoir d’achat pour booster la croissance. Ce n’est strictement vrai que lorsque l’on a une croissance basée presque exclusivement sur la consommation intérieure.

Ce panorama entre les deux pays montre que l’Allemagne vit beaucoup aux dépens de la France qui est son principal client sans une véritable réciprocité. Cette dernière est en proie à un déficit chronique et on peut ajouter que ses dépenses sociales par rapport à son PIB sont de 10% supérieures à celles de sa voisine. Globalement son déficit public est devenu un lourd handicap mais c’est surtout la voie des impôts et taxes qui a été choisie plus que la réduction des dépenses de l’Etat et des collectivités territoriales. C’est la compétitivité de nos entreprises qui en paiera le prix.

Il n’y a pas de solution possible dans la continuation vers le mondialisme sans contrainte, la monnaie unique et la volonté de fédéralisme. Le remède actuel à base de liquidités aux banques et finalement aux états faibles malades d’austérité trop tardive. La France se trouve désormais dans l’impossibilité de poursuivre sur la route de l’euro avec succès sans abandonner ses pouvoirs régaliens pour un avenir qu'elle ne maîtrisera plus.

Il n’est jamais trop tard pour bien faire

Mais il commence à se faire bien tard !

Claude Trouvé