mercredi 18 avril 2012

Faut-il réélire Sarkozy sur son bilan et ses promesses ? (7ème partie)

L’austérité est à nos portes. Pour des raisons électorales on cache au peuple l’ampleur de l’effort à fournir. On craint que les annonces effraient ceux qui espèrent être encore au temps des cigales. Mais pire, les candidats à la fonction suprême ne montrent pas l’ampleur de ce qui doit être fait d’abord dans le fonctionnement de l’Etat lui-même. Ils ne montrent pas l’exemple que doivent être des dirigeants soucieux d’efficacité et d’économie budgétaire. Les réformes structurelles fondamentales ne sont pas à l’ordre du jour parce qu’elles n’ont pas d’effet immédiat et parce que ce sont les plus difficiles à mettre en œuvre. Par contre la créativité de nos dirigeants n’a pas d’égal pour créer de nouvelles taxes, de nouveaux impôts ou flairer les niches fiscales !

Alors Sarkozy a voulu une France du changement lui aussi mais il est parti avec les pieds en France et la tête aux Etats-Unis. Il l’a dit aux français d’Amérique après son élection : « le but de ma politique est que vous ne soyez pas dépaysés quand vous reviendrez en France. » Cette position naïve de mimétisme est née d’un livre qui est le livre de chevet de l’Etat, paru aux Etats-Unis, et dont le sous-titre est : «  Comment l’esprit entrepreneurial transforme le secteur public. » Ceci s’est traduit dans les réformes constitutionnelles de 2008, comme la possibilité pour le président de s’adresser aux chambres, ou comme la volonté d’abaisser le Premier Ministre dont le rôle devait se réduire à celui d’un simple Chef de Cabinet, ou encore comme la saisine directe du Conseil Constitutionnel.

Il s’est instauré l’idée que le régime présidentiel français n’était pas adapté à la mentalité française et qu’il fallait tendre vers une présidentialisation totale à l’américaine. Ce faisant on a détricoté une constitution qui avait fait ses preuves et qui devait sa force à sa longévité. Ce tripatouillage à l’américaine s’est propagé dans les réformes administratives comme le rapprochement de la gendarmerie de la police comme aux Etats-Unis. Pourtant il y a divers services de police concurrents et nous n’étions pas le seul pays à avoir une force de l’ordre de statut militaire.

Il n’est pas jusqu’aux communes qui sont jugées trop nombreuses alors qu’elles ne sont que le résultat de l’histoire d’un pays très agricole ayant constitué un maillage fin de son territoire à la différence des Etats-Unis où les communes sont séparées par des distances considérables. Les régions elle-même sont considérées comme trop petites alors qu’elles sont, en moyenne, de la taille des régions européennes. Les départements sont remis en cause alors que l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne ont des niveaux administratifs aussi nombreux même si les pouvoirs peuvent y être différents. On a l’impression d’une grande démolition de la structure constitutionnelle et administrative pour des résultats qui n’ont rien de probants.

« Réforme des collectivités territoriales
Communes, communautés d’agglomération, départements, régions… Nicolas Sarkozy avait promis de mettre de l’ordre dans ce bazar en supprimant les échelons locaux les plus coûteux et les moins utiles. Raté! Effrayé par la levée de boucliers des édiles, il s’est contenté de créer des conseillers territoriaux, sortes de super-élus qui siégeront à la fois dans les départements et les régions. Pour le reste, rien. Cette réformette a cependant suffi à faire perdre le Sénat à la droite en 2010. »

Par contre un véritable audit redéfinissant le rôle, les missions de chacun, le « qui fait quoi » est d’une urgence réelle ce qui permet de redéfinir l’utilité de chacun. On ne peut avancer dans ce domaine sans confier à un organisme, indépendant de l’administration, la mission de dresser un bilan du fonctionnement actuel. Cela n’a pas été fait.

« Fusion des administrations fiscales
DSK en rêvait, Sarkozy l’a faite! Effective depuis avril 2008, la fusion des deux principales administrations de Bercy, la Direction de la comptabilité publique (elle comptait) et la Direction générale des impôts (elle prélevait), a amélioré le service aux contribuables, qui bénéficient désormais d’un guichet fiscal unique. Grâce aux économies d’échelle et de personnel, elle devrait aussi permettre de gagner quelques millions par an. Du moins en théorie. Car, là encore, et même si 7000 des 127200 postes ont été supprimés, l’Etat a redistribué plus de la moitié des économies réalisées aux agents restés en place. Selon la Cour des comptes, le seul alignement des salaires sur les niveaux les plus hauts a coûté 111,4 millions d’euros entre 2009 et 2012. Si l’on ajoute les frais de rénovation des locaux, la note s’élève à près de 500 millions d’euros en cinq ans. »(Capital)

La redistribution des gains en salaires, qui vont rentrer désormais chaque année dans les dépenses de fonctionnement, donne un bilan économique très mitigé et ne laisse qu’une raison valable que seul l’Etat peut juger… en est-on plus efficace ?

Les économies sont souhaitables mais une idéologie réformatrice,

Qui substitue des dogmes à la simple recherche de l’efficacité,

Démolit inutilement la technostructure et le sens de la qualité du service public

Claude Trouvé