dimanche 15 avril 2012

Faut-il réélire Sarkozy sur son bilan et ses promesses ? (6ème partie)

Parmi les besoins primaires que nous avons tous, il y a la sécurité que nous assurent l’Etat, les forces de l’ordre et la justice. On ne peut parler de la sécurité sans voir, dans les dernières affaires, que le paysage évolue dans le mauvais sens. De plus en plus de cités sont l’objet de créations de zones de non-droit, des extrémistes tuent, la mafia règle ses comptes à Marseille entre autres villes et pollue les zones ghettoïsées, les armes circulent de plus en plus entre toutes les mains et les agressions aux personnes sont en constante augmentation.

Si la sécurité de nos biens semble mieux assurée, c’est principalement grâce aux moyens de sécurisation des automobiles par les constructeurs, et à ceux  mis en place dans un nombre de plus en plus grand d’habitations. Citons aussi l’augmentation des effectifs des polices municipales que nous payons dans nos impôts locaux. Evidemment la police montre son efficacité sur de grandes affaires où elle est fortement mobilisée. Encore faut-il noter que dans l’affaire Merah, la guerre entre le GIGN et le RAID, ainsi que le flou de la DCRI sur ses liens avec le tueur laissent un sentiment d’amateurisme et de non-dit.

Reste la sécurité routière dont on nous donne des chiffres très flatteurs et dont l’Etat s’impute l’entier bénéfice. La plus grande prudence s’impose car une part non négligeable de la diminution du nombre de tués tient à l’amélioration de la sécurité des voitures, freinage, pneus et résistance aux chocs entre autres. L’amélioration du réseau routier et de la signalisation sont aussi des facteurs significatifs. La tendance de Sarkozy à mettre en avant sa politique de radars est une façon également de faire rentrer de l’argent dans les caisses.

En 2008 on peut estimer que le seul maillage des radars fixes automatiques et son business induit ont rapporté près d’1 milliard d’euros à l’État. Les radars se sont multipliés entre 2003 et 2008, passant de 50 radars et 1,6 million de contraventions à 2 000 radars pour 10 623 573 flashes ! Le but est d’arriver à 5 000 radars en 2012 à raison de 500 nouvelles cabines tous les ans. En 2012 la probabilité moyenne d’avoir de nouveaux points retirés grimpera à près de 80 %.

“La Prévention Routière” est l’une des plus grosses associations à but non lucratif de France. Cette énorme structure créée par les assureurs est comparée à “une méga-tirelire engloutissant de lourds budgets issus de sociétés d’assurances, des caisses publiques (les impôts) et des stages de récupération de points”. Son budget : “17 millions d’euros et de grosses sommes qui se perdent en route dans une masse salariale généreuse et des frais divers, si on jette un coup d’œil sur les comptes 2008 selon Jean-Luc Nobleaux. Une véritable usine à fric qui n’est pas absolument pas contrôlée.

Si 1,5 million de Français d’en bas ont payé leurs amendes automatiques, pour les privilégiés d’en haut rien n’a changé : sur 1 an, pas moins de 7 000 hauts fonctionnaires et autres diplomates flashés ont fait sauter leurs « prunes » ! Voilà ce qui se cache derrière sur l’efficacité des radars largement surestimée, inégalité devant la loi et pompe à fric ! source : Observatoiredessubventions et LeCri.fr

La justice est-elle mieux rendue ? La qualité des magistrats n’est pas en cause mais les délais pour passer en justice ne cessent de s’allonger et les moyens de celle-ci sont en constante diminution alors que le nombre d’affaires augmente, ne serait-ce que par l’augmentation de la population. Une réforme était à faire mais sur quel plan le coût ou l’efficacité ?

« Réforme de la carte judiciaire
Pour les robes noires, elle est scandaleuse. Pourtant, la réduction du nombre de juridictions, menée à la hussarde par Rachida Dati, était indispensable pour freiner les gaspillages inouïs de l’institution judiciaire. Beaucoup de structures tournaient en-effet au ralenti. Sur 476 tribunaux d’instance, 178 ont ainsi fermé leurs portes, ainsi que 23 TGI sur 181 et 55 tribunaux de commerce sur 160. Cette saignée devrait… coûter au total 375 millions d’euros selon la chancellerie, car il a fallu rénover bon nombre de locaux. Mais, à terme, elle permettra à l’Etat d’économiser 50 millions d’euros par an. »(Capital)

On voit là le souci d’économie qui est louable mais l’efficacité de la justice y a perdu, reportant de plus le coût sur l’usager et son avocat qui doit souvent se déplacer loin de son étude, lequel augmente évidemment ses honoraires. Les moyens de la justice n’en ont pas été augmentés pour autant. Cela fait penser à la désertification de la ruralité où les moyens du service de l’Etat au citoyen sont de moins en moins présents et la notion de service public disparaît. Fallait-il obligatoirement fermer des tribunaux ou réorganiser en mettant des moyens plus modernes de gestion et d’organisation ? On ne le saura jamais mais la fermeture est toujours le moyen simple qui évite de se livrer au travail fastidieux d’audit.

Il ne faut oublier qu’en ce qui concerne les délinquants emprisonnés, les prisons sont surpeuplées. La France a d’ailleurs été mise à l’index par la Commission Européenne et sommée de respecter les individus comme le veut la Convention des Droits de l’Homme qu’elle a signée.

On voit que le bilan global, en dehors des annonces triomphantes de l’impétrant, est plus que mitigé et l’individu ne se sent ni réellement bien protégé, ni bien défendu mais a le sentiment de payer pour les économies et les bonus de l’Etat.

La répression n’a jamais supplanté la formation et le progrès technique

Et l’Etat, en oubliant son rôle de service public,

Ne peut transformer les citoyens « en vaches à lait »

Même au nom de la santé des Finances Publiques !

Claude Trouvé