jeudi 12 avril 2012

Faut-il réélire Sarkozy sur son bilan et ses promesses ? (4ème partie)

Il n’est pas sûr que le bonheur des français soit le « travailler plus pour gagner plus ». S’il est impératif d’atteindre un niveau de revenu capable de satisfaire nos besoins physiologiques, le bonheur de la société de consommation, qui pousse à toujours à satisfaire de nouveaux désirs, ne conduit pas nécessairement à sa réalisation. Par contre le besoin de sécurité lui fait partie d’un des premiers niveaux à satisfaire pour progresser vers le bonheur. Cela couvre des besoins physiques, économiques et psychologiques. Ce besoin doit être couvert par de bonnes conditions de travail, tout ce qui touche aux assurances sociales, la sécurité de l’emploi et celle par rapport au monde extérieur.

Sur le plan des bonnes conditions de travail, il y a les conditions matérielles et psychologiques. Si l’Etat et les syndicats veillent au respect de bonnes conditions matérielles, il est apparu durant ce mandat présidentiel que les contraintes psychologiques sur le salarié s’étaient aggravées. Le nombre de suicides dans les usines automobiles, à France Télécom, par exemple, a anormalement grossi. Une des causes tient aux conséquences des 35 heures, à la recherche de compétitivité des entreprises, à la diminution du personnel dans la fonction publique. Nicolas Sarkozy en vantant la notion de travail n’y a pas associé la nécessité de contraintes psychologiques acceptables. Qu’a-t-il fait dans ce domaine ? Voici ce qu’en dit Capital
Assouplissement des 35 heures
Depuis 2007, le président et l’UMP n’ont eu de cesse de dénoncer les lois Aubry, responsables selon eux de l’effondrement de notre compétitivité. Mais plutôt que de supprimer une bonne fois pour toutes les 35 heures, ils les ont détricotées à coups de réformettes. En 2008, le gouvernement a commencé par autoriser les entreprises à augmenter le quota d’heures sup et le forfait jours des salariés qui l’acceptent, et ce au cas par cas.

Un système auquel très peu d’entre elles ont eu recours
: entre-temps, la crise est arrivée. Pour couronner l’ouvrage, Nicolas Sarkozy a demandé le 29 janvier dernier aux partenaires sociaux de permettre aux entreprises de moduler – à la hausse comme à la baisse – la durée de travail en fonction de l’activité du moment. La fin des 35 heures, cette fois? Pas sûr. «Tout dépendra des modalités que -définiront les syndicats, confie un député de la majorité. A tous les coups, ils vont nous bâtir une de ces usines à gaz dont ils ont le secret, et la réforme sera inapplicable dans les faits.»

Que ce soit sur le plan économique ou sur les conditions de travail, cette « mesurette » n’a rien réglé. Le tabou des 35 heures a à peine été écorné et il règne toujours dans les entreprises le sentiment qu’il faut demander aux salariés de faire en 35 heures ce qu’ils faisaient en 39 heures. C’est un réflexe d’entreprise compréhensible quand il faut faire face à la concurrence étrangère. L’augmentation des coûts de main-d’œuvre a augmenté de 10% par cette réduction du temps de travail. Cela joue de 1 à 7% sur le prix de revient selon les entreprises. Mais pour le salarié, tout ceci se traduit par une pression accrue et une augmentation du stress dans de nombreux secteurs d’activité.

En ce qui concerne la sécurité de l’emploi, la crise n’est évidemment pas favorable.  Elle demande une grande flexibilité entre les bassins d’emploi et entre les activités. La notion de sécurité ne peut être liée à la stabilité dans un emploi et un lieu donnés. Par contre cela n’implique pas nécessairement des contrats précaires à durée fixée par l’Etat. Sur ce point une mesure a été prise en matière de flexibilité et de sécurité.
« Rupture conventionnelle
Sarkozy avait un grand projet: supprimer tous les contrats de travail existants, CDD et CDI en tête, et les remplacer par un «contrat unique» plus facile à rompre pour les employeurs. En échange, les salariés auraient bénéficié de nouveaux avantages, comme le maintien de leurs droits de formation d’une entreprise à l’autre, et une aide à la recherche d’emploi vraiment efficace. Mais après des mois de négociations, les partenaires sociaux ont accouché d’une souris: la rupture conventionnelle. Celle-ci permet à l’employeur et au salarié de se séparer à l’amiable (avec des indemnités), tout en ouvrant droit aux allocations chômage. Sur le papier, c’est un succès: 600000 ruptures conventionnelles ont été signées depuis 2008. «Sauf que, à y regarder de près, les employeurs ont détourné cet outil pour maquiller des licenciements économiques ou des préretraites», dénonce l’économiste André Zylberberg. »

La mise au chômage a été facilitée effectivement, ce qui a pu être un gain pour certaines entreprises. La recherche de la flexibilité du marché de l’emploi, économiquement souhaitable, n’a abouti que sur une augmentation du chômage, donc une augmentation des dépenses de l’Etat, sans redonner réellement des chances de retrouver un emploi au salarié.

Après ce bilan très mitigé et ne préparant pas l’avenir, il nous reste à voir prochainement ce qui concerne la sécurité des personnes et des biens et ce qui touche aux assurances sociales.

Bonheur au travail et sécurité d’emploi

Ou deux impasses d’une politique de crise

Sans réelle efficacité.

Claude Trouvé