jeudi 26 avril 2012

2012 : Royaume-Uni en récession, France en pré-faillite !

Cameron vient de l’avouer le Royaume-Uni est rentré en récession après deux trimestres de déficit de croissance et malgré ou à cause d’un plan « ambitieux »… d’austérité. Pourtant le Royaume-Uni emprunte sur les marchés à un taux plus bas que la France. Nous sommes dans cette situation ubuesque où la France, au contraire du Royaume-Uni, conserve une croissance anémique et se voit mise en observation avec une perte de confiance des investisseurs puisque son taux d’emprunt vient de dépasser 3,1%. Toutefois les deux sont implicitement menacés de perdre le triple A.

Merkel, BCE, FMI jugent la santé des pays européens à leur plan d’austérité. Cette vue s’avère donc bien réductrice et particulièrement pour des pays dont d’une part la charge de la dette est importante et d’autre part le commerce extérieur très déficitaire. Serait-ce ce que dit Mario Draghi, président de la BCE devant le parlement européen à Bruxelles ?

« Nous avons un pacte budgétaire (...). Nous devons revenir en arrière et en faire un pacte de croissance. »

Seulement voilà tout est dans la recette à trouver. Angela Merkel lui emboîte le pas à sa manière qui devra être la nôtre comme d’habitude :
 « Nous avons besoin de croissance, de croissance sous forme d'initiatives pérennes, pas juste de programmes de conjoncture – qui creuseraient encore la dette publique – mais de croissance, comme Mario Draghi l'a dit aujourd'hui, sous forme de réformes structurelles. »

De toute évidence aucun de nos deux candidats n’a un programme structuré pour réaliser ces deux objectifs dans le cadre de l’euro et des traités actuels même avec un zeste de croissance souhaitée. Aucun d’eux ne peut y trouver un encouragement pour son programme. « Un pacte de croissance », voilà qui fleure bon le keynésianisme, encore un peu d’argent pris sur le futur pour être habilement redistribué.

Le rachat des obligations souveraines par la BCE n’est plus ni moins qu’une planche à billets, c’est-à-dire un travail de faussaire qui est l’un des crimes le plus sévèrement puni par la loi.  Les liquidités que la BCE a déjà pratiqué n’ont d’ailleurs pas quitté les banques qui ont reconstitué leurs fonds propres et hésitent à prêter à des Etats ou des entreprises dont la solvabilité ne serait pas solide. La demande n’est d’ailleurs pas très importante de la part d’industries qui hésitent à investir, vu le contexte économique actuel de ralentissement de la croissance mondiale.

Pour se faire une idée de ce qui attend la France dans ses comptes publics, nous ne disposons pas du petit document synthétique joint à notre déclaration de revenus cette année. Il faut aller piocher dans des documents beaucoup plus absconds. Voilà ce que donne la comparaison entre 2011 et le budget 2012.

Dépenses en milliards d’euros
2011
2012
Total
363,4
376,2
Enseignement et recherche
87
87,6
Collectivités territoriales
58
?
Charge de la dette
45,4
48,8
Défense
37,4
38,0
Sécurité
16,8
17,5
Solidarité, insertion et égalités de chances
12,4
12,7
Gestion des finances publiques et des ressources humaines
11,7
11,6
Travail et emploi
11,6
10,1
Ecologie et développement durable
9,5
9,6
Ville et Logement
7,6
7,6
Justice
7,1
7,4
Union Européenne
18,2
?
Autres missions
40,7
?

Recettes en milliards d’euros
2011
2012
Total
271,8
290,8
Impôt sur le revenu
130,9
137,8
Impôt sur les sociétés
44,8
44,9
Taxe d’importation des produits pétroliers (TIPP)
14,1
14,0
Autres recettes fiscales
12,9
18,6
Autres recettes
16,9
15,8
TVA
130,9
137,8

Vous noterez que la charge de la dette (c’est à dire non pas son remboursement, mais le seul fait de payer les intérêts) est devenue le troisième poste de dépense publique.
  • Cette charge absorbe 16,8% des recettes et 82% de nos impôts sur le revenu.
  • Le déficit fiscal se monte à (dépenses – recettes)/ recettes soit (376,2 -290,8) / 290,8 soit 85,4 / 290,8 et donc 29,4 % des recettes.

En France, 100 de dépenses sont financées par 70 de recettes et 30 de déficit. Ce n’est pas tenable et l’austérité à la française qui consiste à taper sur le contribuable pour augmenter les recettes sans diminuer les dépenses n’est pas la solution. L’OCDE s’est penchée sur notre cas et nous conseille de réduire les frais de gestion administrative de notre système de santé, les prestations familiales, d’augmenter la TVA.

Quand on veut atteindre un ratio nul d’augmentation de la dette par rapport au PIB, c’est-à-dire ce qui est prévu pour 2016 ou 2017 selon les candidats, il y a deux façons d’y parvenir comme nous l’avons appris au lycée. On peut avoir une augmentation nulle de la dette mais on peut aussi avoir un PIB devenu infiniment grand, le ratio sera nul aussi. J’ai peur que ce soit, vu les prévisions trop optimistes sur la croissance, la deuxième manière sur laquelle compte le gouvernement futur, c’est-à-dire l’irréalisable car la recette de la croissance n’est pas trouvée.

Royaume-Uni et France ne sont pas seuls…

La Grèce s’enfonce dans une récession plus grave que prévu

Madrid et Rome empruntent à des taux en forte hausse

L’Europe se débat contre les remèdes aux déficits avant de sombrer.

Claude Trouvé