lundi 30 avril 2012

L’Europe aveuglée par son refus de puissance

En rêvant de bâtir un continent avec des peuples réunis sous une même administration et une même monnaie, l’Europe a renié volontairement en même temps toute volonté de puissance. Son peu de goût pour assurer sa défense, son ouverture aux migrations et aux échanges internationaux sans contrainte sont les marques du choix d’une mondialisation heureuse. La vente de produits élaborés sur son territoire était censée lui apporter la prospérité.

L’Europe a pourtant une difficulté majeure à surmonter, c’est la faiblesse de ses matières premières peu présentes dans son sous-sol. Il semble que les crises financières de liquidité et de solvabilité des banques et des états aient complètement rejeté dans l’oubli ce qui préoccupe toutes les puissances de la planète. Pourtant les ressources minières et agricoles ne sont pas inépuisables même si sur certaines une course se déroule entre la production épuisant les réserves et la découverte de nouveaux gisements ou l’augmentation de la fertilité des sols.

Cette bataille de l’homme ne sera pas gagnée sur tous les tableaux et des pénuries vont se faire jour dans certains secteurs vitaux. Les pays qui ne l’auront pas anticipé deviendront les esclaves des autres. Cette idée n’est pas une simple anticipation destinée à faire peur, elle est chiffrée avec plus ou moins de précision mais montre l’urgence du risque. On ne saurait, dans ce domaine, mieux illustrer le « diriger c’est prévoir ».

Les matières à risque sont nombreuses. L'or, par exemple... l'argent, le sel, l'huile de baleine, l'ivoire, les épices, les diamants, le pétrole brut, le bois et même le bat guano (engrais naturel fait de fientes d'oiseaux marins et de chauve-souris !). Pour le moment, ça ne semble pas trop dramatique... surtout quand toute notre attention est portée à la crise financière... aux élections présidentielles... aux faits divers qui ne manquent pas...

Pourtant « Barry Callebaut, numéro un mondial du chocolat, a annoncé dans Les Echos de janvier 2012 le risque de pénurie sur le cacao à un horizon de 10 ans. Toujours selon Les Echos, l'Organisation internationale du cacao (ICCO) affirme que si rien n'est fait, le prix du cacao sera multiplié par cinq ou six à horizon 2030. Il parait qu'on trouvait jadis des pépites de cuivre de 60 livres (27 kg) gisant sur le sol à proximité du site de Bingham Canyon, une mine de renom dans l'Utah. Mais pour extraire ce cuivre de la mine aujourd'hui, il faudrait retourner quatre tonnes et demi de roche -- à 4 000 mètres de profondeur ! Dans ces conditions, les coûts explosent.

Selon certaines estimations, on peut s'attendre à une pénurie de métaux comme le palladium (en 2023), l'or (en 2025), le zinc (2025), l'indium (2025), l'étain (2028) -- et la liste continue :  (les dates précises importent peu) l'argent-métal et les terres rares nécessaires pour fabriquer des téléviseurs à écran plat, téléphones cellulaires, ordinateurs et autres écrans tactiles électroniques personnels... Le molybdène, le chrome, le manganèse, le zinc et le nickel sans oublier l'acier pour produire nos ponts, immeubles et matériels de forage... Les métaux industriels de base comme le cuivre et l'aluminium pour réaliser le câblage et les composants dont on a besoin pour fabriquer les avions et les blocs moteurs. La potasse et les phosphates dont dépendent les agriculteurs pour nourrir plus de sept milliards de personnes... à un rythme industriel postmoderne ! » (Chronique Agora)
  
Les gouvernements des pays développés à travers le monde comprennent que le risque de pénurie serait dramatique. C'est pourquoi ils déploient toutes sortes de stratégie pour tenter de verrouiller les ressources, l’Europe non car elle a décidé de renoncer à la puissance… dans un monde de fraternité idéalisé de mondialisation où seul le commerce tranquille peut exister.

"La Russie est décidée à se lancer à toute vapeur et sans complexe dans la bataille géopolitique pour le contrôle des formidables ressources énergétiques de la région du Grand Nord." -- Le Figaro du 14/10/2007. Mis à part le pétrole, la région regorgerait d'or, de platine, de manganèse, de plomb, d'étain et bien plus encore.

La Chine entre en jeu également -- avec une démonstration de force sur le terrain des terres rares par exemple et de plus en plus contestée : "Les États-Unis, l'Union européenne et le Japon ont porté plainte, mardi 13 mars [2012], contre la Chine auprès de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) pour ses pratiques "déloyales" sur les exportations de métaux appelés "terres rares"." -- Le Monde du 14/03/12. La Chine produit plus de 95% des terres rares de la planète -- et elle n'est pas le seul pays à faire preuve d'un certain nationalisme en ce qui concerne ses richesses naturelles.

La pénurie c’est l’augmentation exponentielle des coûts et ensuite la dépendance d’un pays ou d’un continent. C’est pourquoi on constate un combat titanesque entre les puissants, au premier rang desquels il faut placer la Chine et les États-Unis  pour geler à leur profit les ressources de la planète. Bien des conflits trouvent là leur explication et c’est désormais un combat de survie qui n’exclue pas les guerres. Si le réchauffement de la planète est réel, on lorgne sur les richesses du pôle nord, mais aussi des astéroïdes et même de celles des astres proches de nous. On est bien loin des « croisades » que mène la France où tout au moins ce qu’elle fait croire à son peuple.

L’Europe empêtrée dans ses dettes,

Géant aux pieds d’argile, reste la tête dans les étoiles

Avant que le ciel ne lui tombe sur la tête.

Claude Trouvé

dimanche 29 avril 2012

L’histoire est un éternel recommencement !

Dimanche est un jour de pause comme l’a institué notre culture chrétienne et nous l’apprécions quelques soient nos convictions.  Il se prête à relire de vieux grimoires et l’on y trouve souvent des révélations surprenantes du bons sens de nos ancêtres. Jugez plutôt.

France de ton malheur tu es cause en partie,
Je t'en ai, par mes vers, mille fois avertie.

Tu es marâtre aux tiens, et mère aux étrangers.

Qui se moquent de toi quand tu es au danger.

Car la plus grande part des étrangers obtiennent  

Les biens, qui à tes fils, justement appartiennent.

Pierre de Ronsard (1524 -1585)

Vous pouvez vérifier : ces vers datent bien du XVIème siècle.

Ces vers de notre belle langue française qui s’appliquent si bien à notre temps montrent que l’immigration a toujours posé un problème de dosage dans l’histoire de notre pays. On n’a jamais dépassé 7% de la population depuis ces siècles où la France existait. Aujourd'hui nous avons dépassé ce pourcentage et nous voguons vers l’inconnu sans boussole et sans canot de sauvetage.

Cela a inspiré Jacques Ouvert qui vous livre modestement un message dominical.

François, allons voir si la rose
Que tu souhaites voir éclose
Saura sortir de son corset
Sans aplatir notre gousset.

François, allons voir si la rose
Saura quitter les temps moroses
Sans bouleverser le jardin
Que j’ai connu étant gamin.

François, allons voir si la rose
Dira toujours la même chose
Mêlant l’arabe à une part
De notre langue de Ronsard.

François, allons voir si la rose
Aura l’Europe en overdose
Sans des chômeurs en quantité
Pour des marchés en liberté.

François, allons voir si la rose
Ne sera pas en ménopause
Revêtue par des sans-papiers
Auteurs de plus de mises à pied.

François, allons voir si la rose
Saura pousser la porte close
Des marchés et des banquiers
De notre dette encore inquiets.

François, allons voir si la rose
Aura de la dette une pose
Sans les épines de l’impôt
Seule recette du chapeau.

Mais avant de cueillir la rose
Sans avaler toute sa prose
Français gardez votre raison
Réfléchissez… quelques saisons.

Claude Trouvé

samedi 28 avril 2012

Le "vrai travail" et une "vraie" polémique !

Le président-candidat a eu une phrase malheureuse car mal interprétable et évidemment mal interprétée dans une période où l'on cherche la polémique même si elle n'a pas lieu d'être. Elle avive un débat gauche-droite d'un autre âge, vu le contexte économique mondial dans lequel la France essaie de survivre. La plus belle façon d'illustrer les débats inutiles est d'en publier un extrait que la phrase de Sarkozy a suscité :

Le “vrai” travail ? Celui des 650 accidents mortels, des 4500 mutilés du travail ? Celui des droits violés et des heures supp' impayées ?
Oui sauf qu’il y a plus d’accidents et de mutilés du « loisir ». Quant aux patrons tricheurs il y en aura toujours comme des salariés voleurs. Ils doivent être dénoncés et punis comme le veut la loi.

Le « vrai travail » ? Celui des maladies professionnelles, amiante, TMS, surdité, cancers, qui augmentent, sont sous-déclarées, sous réparées.
Oui ce peut être le cas mais on ne peut en profiter pour généraliser. L’inspection du travail et les commissions d'hygiène et sécurité des entreprises existent pour cela et sont très vigilantes. La justice est souvent sollicitée.

Le “vrai” travail ? 150 000 accidents cardiaques et 100 000 accidents vasculaires par an dont entre 1/3 et 50 % liés au travail...
C’est une affirmation gratuite et invérifiable, la part des choses due à l'emploi étant ni certaine ni évaluable la plupart du temps.

Le “vrai” travail ? Celui des mini-jobs, des stages, des emplois saisonniers atypiques, des 3 X 8, des 4 X 8, des intérims et CDD répétés ?
Les travaux sous des horaires spéciaux sont beaucoup mieux rémunérés et souvent choisis par le salarié. Les stages de formation sont souvent bidons et servent à cacher un manque de travail réel.

Le "vrai" travail ? Celui des millions de travailleurs pauvres qui n'arrivent pas à vivre avec leurs salaires ?
L’augmentation des salaires ne dépend pas que de l’Etat et des entreprises, il est lié aussi à la croissance. Cela n’a aucun rapport avec la polémique sur le « vrai » travail.
 
Le "vrai" travail ? Celui du milliard d'heures supplémentaires non déclarées, non majorées, non payées attribuées à ceux qui ont un boulot au détriment de ceux qui n'en ont pas ?
Sur quelle statistique ou étude s’appuie le chiffre de 1 milliard ? Les syndicats sont là pour signaler les cas d’abus. Qui peut prouver que les heures supplémentaires enlèvent du travail à ceux qui n’en ont pas ? Qui peut prouver que les 35 heures ont redonné du travail à ceux qui n’en ont pas ?

Le « vrai » travail ? Celui des femmes qui gagnent 27 % de moins que les hommes ?
Oui mais ceci doit être corrigé du fait que les emplois dans lesquels travaillent les femmes sont en moyenne d’une qualification inférieure. L’évolution est en marche pour le « travail égal, salaire égal »

Le « vrai » travail ? Celui des jeunes à 25 % au chômage et à 80 % en CDD ?
La France n’a pas démérité pendant la crise, elle est dans la moyenne européenne. On attend de voir ce que fera le prochain gouvernement sur ce point. On peut parier que ce ne sera pas mieux.

Le « vrai » travail ? Celui des seniors licenciés, 2 sur 3 a partir de 55 ans et qui ne peuvent cotiser que 35 annuités alors que 42 sont exigés dorénavant pour une retraite décente ?
Beaucoup d’entre eux sont partis avec une indemnité de départ, comme moi.

Le "vrai travail" ? Celui des restaurateurs dont 1 sur 4 utilisent des clandestins, non déclarés dans le fond de leur cuisine ?
S’il y avait plus de clandestins renvoyés dans leur pays, il y aurait moins d’abus.

Le “vrai” travail ? Celui des exploitants agricoles qui tuent des inspecteurs du travail pour pouvoir abuser d'immigrés clandestins ?
Combien de cas en France ? Il y aura toujours des fous et la justice est là pour les punir. Le remède est aussi de débusquer les clandestins et de les renvoyer humainement chez eux s'ils sont là pour raison de survie économique.

Le “vrai” travail ? Celui des beaufs de la CG-PME, des cadres casques oranges de chez Bouygues, des marchands de manœuvre appelés « viande » ?
Heureusement qu’il y a des cadres et des PME sinon il n’y aurait pas de travail du tout sauf chez les fonctionnaires et encore.

Le “vrai” travail ? "La vie, la santé, l'amour sont précaires pourquoi le travail ne le serait-il pas ?" (Parisot)
C’est pourtant une vérité. Le travail assuré quoiqu’il arrive ne peut l’être que pour les fonctionnaires où la concurrence n’existe pas.

Le “vrai” travail contre le droit du travail ? Le pauvre exploité qui sue et se tait, la dinde qui vote pour Noël !
A Singapour, les jeunes remercient l’employeur de leur donner du travail (du vécu), c’est pourquoi le niveau de vie là-bas a dépassé le nôtre. Il n’y a pas « exploité et exploitant », il y a « donnant-donnant ».
Le “vrai” travail ? Celui qui ne fait jamais grève, qu'on ne voit jamais manifester, qui n'est pas syndiqué, qui piétine son collègue ?
L’état de syndiqué n’est nullement obligatoire et celui qui ne fait pas grève n’a pas à recevoir l’opprobre de ses collègues, pas plus que l’inverse. Le syndicalisme n’est pas blanc et des affaires récentes sont là pour le montrer (utilisation abusive de l’argent de l’employeur, détournements de fonds, etc.). Par ailleurs le représentant syndical travaille moins que les autres pour l’entreprise et bénéficie d’un statut particulier.

Le « vrai » travail ? Celui sans délégué du personnel, sans comité d’entreprise, sans CHSCT, sans institution représentative du personnel ?
Qui a émis l’idée de les supprimer ? Le Comité d’entreprise a un poids considérable dans le fonctionnement de l’entreprise. Son avis prime souvent sur celui des proches collaborateurs du patron. Ces institutions exercent un vrai travail de contrôle.

Le “vrai” travail ? A France Télécoms, des dizaines de suicides, faute inexcusable du patron de combat qui licencie, stresse, vole, tue
La course à la compétitivité, à la productivité en sont la cause certes. Toutefois le passage aux trente cinq heures, payées trente-neuf, a poussé les employeurs à demander le même travail dans un temps réduit. Cela n’a rien arrangé sur ce point. L’embauche est toujours un acte risqué pour lui car il s’engage durablement et ne peut pas facilement licencier.

Le “vrai” travail ? Les travaux les plus durs sont les plus mal payés, bâtiment, restauration, nettoyage, transports, entretien, industries
L’arrivée des immigrés sans qualification a poussé ceux-ci à prendre ces travaux pour des salaires faibles qui ont tiré ceux-ci vers le bas encore plus.

Le « vrai » travail ? Celui des 900 000 foutus dehors par « rupture conventionnelle » de gré à gré sans motif et sans mesure sociale ?
Gré à gré a un sens non ? Cela veut dire que cela valait sans doute mieux qu’un licenciement sec ou un licenciement économique.

Le « vrai » travail ? Celui des auto-entrepreneurs, un million en théorie, la moitié en réalité, qui se font exploiter comme faux salariés, à bas prix et sans protection sociale ?
Beaucoup d’entre eux trouvent là une possibilité de créer une entreprise qui leur permettra de vivre comme ils le souhaitent. Sans être une panacée, cette mesure a eu du succès et ce peut être de futurs employeurs.

Le “vrai” travail ? Celui qui bosse dur pour survivre misérablement ou celui qui exploite dur les autres pour vivre dans des palais dorés ?
Que certains gagnent trop par rapport au travail fourni est une question d’appréciation. On entend même cela chez les salariés de base entre eux. La tonte des riches n’a jamais fait le bonheur des pauvres. S’il n’y a plus de riches, il y aura beaucoup plus de pauvres. Le vrai problème est que les pauvres soient moins pauvres.

Le “vrai” travail ? Celui des actionnaires, des rentiers, des riches, des banksters du Fouquet's qui gagnent 600 SMIC par an en dormant ?
Il faut des actionnaires, le monde économique ne peut marcher sans eux.  Il faut surtout une économie en bonne santé. C’est ainsi que le salarié suisse est peu au chômage et gagne plus que le salarié français. Pourtant il y a chez eux des banquiers très riches.

Le « vrai » travail, celui de Maurice Levy patron qui se ramasse 16 millions d’euros d’argent de stocks option de poche pillés sur les richesses produites par les salariés.
Cela peut paraître indécent mais les patrons en Allemagne et aux États-Unis gagnent encore plus d’argent. Ces grands patrons sont demandés dans le monde entier pour leurs qualités et iront où ils gagneront le plus. Ce qu’on leur demande surtout c’est de faire croître leur entreprise. Le scandale c’est quand ils touchent beaucoup et que l'entreprise périclite parce qu’ils ont mal fait leur travail de manager.

Le « vrai » travail ? celui de Molex, de Sea France, de Gandrange et Florange, de Continental, de Lejaby, de Pétroplus, des Fonderies du Poitou, de toutes celles et ceux qui ont du se battre pour le garder ?
Malheureusement cela existe depuis les mineurs dans le charbon qui se sont retrouvés tous au chômage ou en retraite anticipée. La délocalisation de nos entreprises est due à la disparité des charges salariales et environnementales qui pèsent sur les entreprises dans un contexte de mondialisation sans contrainte voulu par l’UE. L’urgence est de recréer de l’emploi, pas forcément dans les entreprises en difficulté.

A quoi sert de s'entredéchirer dans un débat de syndicaliste contre le patron, à la mode française et non allemande ? Le véritable enjeu c'est bien un "vrai emploi" donc productif ou indispensable au bon fonctionnement des tâches de l’État. Il convient de vérifier que la croissance, génératrice de richesse, se traduise par une augmentation de la rémunération des travailleurs en rapport avec celle-ci, ni trop ni trop peu. 

Qu'est-ce que la justice sociale sinon un mot vide de sens ? Elle n'existera jamais. Peut-on prétendre qu'il n'y aura jamais de SDF ? Peut-on prétendre que tout le monde pourra se faire soigner par les plus éminents médecins ou chirurgiens du monde ? Évidemment non. Par contre c'est justice qu'un travail soit rémunéré à sa juste valeur par rapport à la croissance du pays et c'est justice que la solidarité nationale joue pour les plus pauvres de façon à leur permettre de se loger, de se chauffer, de se vêtir, de se nourrir et de se soigner.

Il aurait fallu, durant cette campagne sortir de ce dialogue inutile quand le monde économique attend la France au tournant, quand le peuple ne peut choisir son destin entre deux candidats qui ne lui demandent pas son avis sur l'Europe qu'il veut, ses frontières, son organisation fédérale ou confédérale, sur la mondialisation ou la démondialisation. Le peuple français est le prisonnier des énarques et des marchés à qui ceux-ci ont volontairement donné les rênes.

La France ne va pas vers le changement
Mais vers l'entêtement.

Les français sont encore des moutons que l'on tond
Et qui, comme ceux de Panurge, suivent vers le précipice...

Plus pour longtemps sinon gare à la chute !

Claude Trouvé       


vendredi 27 avril 2012

Le chômage est-il un mal français ou européen ?

Les chiffres du chômage pour le premier trimestre 2012 viennent de tomber. En France métropolitaine ils ont augmenté en mars pour le onzième mois consécutif, pour atteindre 2,884 millions de personnes. En incluant les personnes exerçant une activité réduite (catégorie A +, B et C), ce sont 4,309 millions de personnes qui cherchaient un travail fin mars, soit une hausse de 30.700 demandeurs d'emploi (+ 0,7 % sur un mois). Outre-mer compris, 4,582 millions de demandeurs d'emploi étaient recensés, sans activité ou avec activité réduite.

Le président-sortant est attaqué pour avoir augmenté le chômage durant son mandat. Effectivement le chômage est passé de 8,4% en 2007 à 9,8% en 2010. Après une légère baisse en 2008, il a cru depuis 2009 en réponse à la crise qui a frappé l’Europe. Il faut toutefois noter qu’il était de 10,0% en février 2012 alors qu’on notait 10,2% dans l’UE et 10,8% dans la zone euro. Il est donc faux de dire que Sarkozy est responsable de l’augmentation du chômage. La France fait légèrement mieux que la moyenne des pays européens.

Il est plus intéressant de regarder le taux d’emploi qui prend en compte le travail à temps partiel et de se comparer aux autres pays proches de nous. Sur le graphique ci-contre on constate que le taux d’emploi de la France suit exactement le taux moyen de l’UE ! Les écarts entre les pays sont évidemment très grands. Ce taux voisine les 75% aux Pays-Bas et n’est qu’un peu plus de 55% en Italie.

On note que le taux d’emploi en France a peu varié depuis 2008 alors qu’il est en constante augmentation en Allemagne et en passe de rejoindre celui des Pays-Bas. Si l’on élargit notre vue sur l’ensemble des pays de l’Europe, on constate que la France arrive en 13ème position sur les 27 pays de l’UE. Il est infondé de dire que Sarkozy a failli sur le chômage. On peut dire seulement que le chômage a évolué comme la moyenne des pays européens sans plus. Ce n’est ni un cri de victoire, ni un constat d’échec.

Si l’Espagne s’enfonce dans le chômage avec 24,4% en mars 2012, l’Italie se signale par un taux d’emploi très bas. Taux d’emploi et taux de chômage sont les deux marqueurs les plus significatifs de la santé d’un pays. On peut ainsi noter que la Suisse, avec un taux d’emploi de 80%, montre un dynamisme que seules l’Islande et la Norvège peuvent lui contester. Ces trois pays ne sont pas dans l’UE en 2010 et ont la maîtrise de leur monnaie. Si on ajoute le Danemark et la Suède qui ont aussi la maîtrise de leur monnaie, on a cinq des six pays ayant le plus fort taux d’emploi européen. Sans être une démonstration du poids bénéfique de la maîtrise de la monnaie, on constate que c’est loin d’être un handicap !

Il est une évidence que nos candidats oublient, c’est que les mesures d’accompagnement du chômage, de formation ne font que retarder les échéances ou atténuer l’impact du chômage. La relance de l’activité est le seul vrai remède et le monde industriel n’attend que la simplification des charges administratives, les facilités d’entreprendre, d’investir et d’innover, dans la flexibilité et la liberté d’emploi et de licenciement. Moins l’Etat sera interventionniste, paperassier et collecteur d'impôts et taxes, plus le monde industriel, libéral et artisanal saura retrouver les voies du succès. Le malheur, c’est que les politiques croient toujours que c’est eux qui ont la solution, il ne leur suffit pas d’assumer leurs pouvoirs régaliens et de protecteur des plus faibles.

Pour faire baisser le chômage

Il faut d’abord créer de l’emploi, du « vrai » emploi.

Le reste est un pansement sur une jambe de bois.
Claude Trouvé

jeudi 26 avril 2012

2012 : Royaume-Uni en récession, France en pré-faillite !

Cameron vient de l’avouer le Royaume-Uni est rentré en récession après deux trimestres de déficit de croissance et malgré ou à cause d’un plan « ambitieux »… d’austérité. Pourtant le Royaume-Uni emprunte sur les marchés à un taux plus bas que la France. Nous sommes dans cette situation ubuesque où la France, au contraire du Royaume-Uni, conserve une croissance anémique et se voit mise en observation avec une perte de confiance des investisseurs puisque son taux d’emprunt vient de dépasser 3,1%. Toutefois les deux sont implicitement menacés de perdre le triple A.

Merkel, BCE, FMI jugent la santé des pays européens à leur plan d’austérité. Cette vue s’avère donc bien réductrice et particulièrement pour des pays dont d’une part la charge de la dette est importante et d’autre part le commerce extérieur très déficitaire. Serait-ce ce que dit Mario Draghi, président de la BCE devant le parlement européen à Bruxelles ?

« Nous avons un pacte budgétaire (...). Nous devons revenir en arrière et en faire un pacte de croissance. »

Seulement voilà tout est dans la recette à trouver. Angela Merkel lui emboîte le pas à sa manière qui devra être la nôtre comme d’habitude :
 « Nous avons besoin de croissance, de croissance sous forme d'initiatives pérennes, pas juste de programmes de conjoncture – qui creuseraient encore la dette publique – mais de croissance, comme Mario Draghi l'a dit aujourd'hui, sous forme de réformes structurelles. »

De toute évidence aucun de nos deux candidats n’a un programme structuré pour réaliser ces deux objectifs dans le cadre de l’euro et des traités actuels même avec un zeste de croissance souhaitée. Aucun d’eux ne peut y trouver un encouragement pour son programme. « Un pacte de croissance », voilà qui fleure bon le keynésianisme, encore un peu d’argent pris sur le futur pour être habilement redistribué.

Le rachat des obligations souveraines par la BCE n’est plus ni moins qu’une planche à billets, c’est-à-dire un travail de faussaire qui est l’un des crimes le plus sévèrement puni par la loi.  Les liquidités que la BCE a déjà pratiqué n’ont d’ailleurs pas quitté les banques qui ont reconstitué leurs fonds propres et hésitent à prêter à des Etats ou des entreprises dont la solvabilité ne serait pas solide. La demande n’est d’ailleurs pas très importante de la part d’industries qui hésitent à investir, vu le contexte économique actuel de ralentissement de la croissance mondiale.

Pour se faire une idée de ce qui attend la France dans ses comptes publics, nous ne disposons pas du petit document synthétique joint à notre déclaration de revenus cette année. Il faut aller piocher dans des documents beaucoup plus absconds. Voilà ce que donne la comparaison entre 2011 et le budget 2012.

Dépenses en milliards d’euros
2011
2012
Total
363,4
376,2
Enseignement et recherche
87
87,6
Collectivités territoriales
58
?
Charge de la dette
45,4
48,8
Défense
37,4
38,0
Sécurité
16,8
17,5
Solidarité, insertion et égalités de chances
12,4
12,7
Gestion des finances publiques et des ressources humaines
11,7
11,6
Travail et emploi
11,6
10,1
Ecologie et développement durable
9,5
9,6
Ville et Logement
7,6
7,6
Justice
7,1
7,4
Union Européenne
18,2
?
Autres missions
40,7
?

Recettes en milliards d’euros
2011
2012
Total
271,8
290,8
Impôt sur le revenu
130,9
137,8
Impôt sur les sociétés
44,8
44,9
Taxe d’importation des produits pétroliers (TIPP)
14,1
14,0
Autres recettes fiscales
12,9
18,6
Autres recettes
16,9
15,8
TVA
130,9
137,8

Vous noterez que la charge de la dette (c’est à dire non pas son remboursement, mais le seul fait de payer les intérêts) est devenue le troisième poste de dépense publique.
  • Cette charge absorbe 16,8% des recettes et 82% de nos impôts sur le revenu.
  • Le déficit fiscal se monte à (dépenses – recettes)/ recettes soit (376,2 -290,8) / 290,8 soit 85,4 / 290,8 et donc 29,4 % des recettes.

En France, 100 de dépenses sont financées par 70 de recettes et 30 de déficit. Ce n’est pas tenable et l’austérité à la française qui consiste à taper sur le contribuable pour augmenter les recettes sans diminuer les dépenses n’est pas la solution. L’OCDE s’est penchée sur notre cas et nous conseille de réduire les frais de gestion administrative de notre système de santé, les prestations familiales, d’augmenter la TVA.

Quand on veut atteindre un ratio nul d’augmentation de la dette par rapport au PIB, c’est-à-dire ce qui est prévu pour 2016 ou 2017 selon les candidats, il y a deux façons d’y parvenir comme nous l’avons appris au lycée. On peut avoir une augmentation nulle de la dette mais on peut aussi avoir un PIB devenu infiniment grand, le ratio sera nul aussi. J’ai peur que ce soit, vu les prévisions trop optimistes sur la croissance, la deuxième manière sur laquelle compte le gouvernement futur, c’est-à-dire l’irréalisable car la recette de la croissance n’est pas trouvée.

Royaume-Uni et France ne sont pas seuls…

La Grèce s’enfonce dans une récession plus grave que prévu

Madrid et Rome empruntent à des taux en forte hausse

L’Europe se débat contre les remèdes aux déficits avant de sombrer.

Claude Trouvé

mercredi 25 avril 2012

Regardons l’Espagne comme nous dans un miroir

L’Espagne est le plus grand pays proche de l’explosion socio-économique et proche de nous. Il subit la crise de l’immobilier, immobilier invendable et industrie de la construction en berne. Le gouvernement qui a pris récemment les commandes doit se plier aux injonctions de Bruxelles. Il le fait bon gré mal gré en négociant une diminution des exigences d’austérité. Malgré tout le peuple ne suit pas et le plan est difficile à tenir. La crédibilité des marchés dans son respect diminue en même temps que les taux d’emprunt augmentent et viennent de dépasser les 7%. Or le monde économique dit que l’on ne peut soutenir longtemps un taux supérieur à 6%.

L’Espagne glisse donc de plus en plus vite vers la faillite et l’Europe va devoir venir à son secours dans les mois ou semaines qui viennent, ce qui ne fera certainement que retarder l’échéance. En France le différentiel de taux avec l’Allemagne, le fameux « spread », croit aussi. Après les élections, des verdicts vont tomber sur la santé de l’économie française et ils ne peuvent pas être bons.

La croissance n’est pas là, notre commerce extérieur est toujours en déficit chronique et les mesures d’austérité annoncées par les deux candidats à la présidence sont basées sur des hypothèses de croissance trop optimistes. Nous allons donc emprunter le cheminement de l’Espagne. Le chômage va augmenter, des entreprises vont encore se délocaliser ou fermer, le tour de vis de l’austérité nous sera plus durement imposé, le pouvoir d’achat baissera, le paiement des fonctionnaires et des retraites sera mis en cause. On peut même craindre que, dans un devoir de salut public, l’épargne des français soit confisquée pour un temps.

Mais il faut regarder l’Espagne face à la deuxième menace qui nous guette à moyen terme, soit dans les dix prochaines années, la menace de l’immigration et particulièrement celle venant de l’autre côté de la Méditerranée.

En 2007 et 2008 l’Espagne a été le pays accueillant le plus d’immigrés juste derrière les Etats-Unis. Cette immigration avait une forte proportion de latino-américains (Colombiens, Equatoriens…). « L'immigration est en Espagne un phénomène très récent et son rythme a été frénétique. Les gouvernements successifs du conservateur José Maria Aznar (1996-2004) et du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero (depuis 2004) ont entériné cette explosion démographique par des régularisations massives, s'attirant au passage les foudres de leurs partenaires européens. » (Le Figaro)

L’Espagne est encore le pays ayant reçu le plus grand nombre d’immigrés par rapport à sa population. Une étude diffusée cette semaine par le gouvernement révèle que 77 % des personnes interrogées jugent le nombre d'immigrés en Espagne «excessif» (46 %) ou «élevé» (31 %). Seuls 19 % pensent que la proportion est «acceptable» alors que seulement 21% jugeaient le nombre excessif en 1996.

Deux phénomènes se sont développés récemment. La proportion des immigrés provenant de l’autre côté de la Méditerranée a augmenté tandis que nombre de latino-américains retournent dans leur pays. Ces derniers, souvent embauchés dans la construction, se retrouvent sans travail et constatent le décollement de l’économie de leur pays. La crise non seulement tarit le flux d’entrée mais augmente le flux de sortie. Or ces Latino-Américains sont sans conteste ceux qui s'intègrent le plus facilement. Ils maîtrisent la langue et connaissent la culture espagnole. Au contraire les marocains, qui sont les plus nombreux et pourtant arrivés les premiers en Espagne, souffrent de l’exclusion. Les moros, comme on les surnomme de façon péjorative, ont plus de mal à accéder à un emploi ou à un logement.

La conjonction de ces deux phénomènes entraîne avec la crise une augmentation d’un sentiment de rejet de la population que certains ne tardent pas de traiter de « racisme ». En fait, jusqu'à la récession de 2008, seuls les immigrés acceptaient les travaux les plus pénibles, nécessitant une faible qualification et mal rémunérés. Mais avec l'arrivée de la crise et sa cohorte de 20 % de chômeurs, l'essentiel est désormais d'avoir un emploi. Quel qu'il soit.

La crise met le problème de l’immigration au cœur des préoccupations d’emploi des espagnols et les difficultés d’intégration des populations musulmanes ne sont pas encore le principal moteur du rejet de l’immigration. L’Espagne avait surtout vu l’immigration latino-américaine, sans réel problème d’intégration et bienvenue pour soutenir les besoins de main-d’œuvre bon marché. Ce n’est plus le cas et tout ce que nous connaissons en France, où l’immigration musulmane est la plus importante, s’abat sur l’Espagne en crise avec un chômage insupportable.

Il n’y a pas de bonne immigration

Quand elle ne correspond pas à un besoin temporaire de main-d’œuvre

Quand la naturalisation ne peut pas s’accompagner

d’une véritable assimilation et d’un emploi.
Claude Trouvé