mardi 22 novembre 2011

La potion magique nommée BCE


Le vent de panique s’amplifie, les bourses doutent et se replient, les taux d’emprunt augmentent pour la France, ils dépassent ceux de la Grèce et du Portugal pour l’Espagne, l’Italien Monti doute qu’il puisse ramener ses comptes à l’équilibre en 2013.

Tous les pays européens faibles, France en tête, réclament la potion magique nourricière de leur dette et probablement de leurs plans de relance. Les États-Unis les y engagent avec la plus grande fermeté et la connaissance qu’ils ont de la réduction de la dette. Ils ont réussi une petite émergence de croissance molle après une création de monnaie de 2.000 milliards de dollars et un accroissement de la dette de 500 milliards ! Suivez le guide !

La potion magique c’est la BCE, baptisée FED européenne et super nourrice aux seins gonflés de bon argent frais. Une petite question au passage, qui va s’occuper de regonfler ses seins après la première tétée ? Les mêmes me direz-vous. Et après la troisième tétée ? La source est-elle inépuisable ?

Oui tant que les bailleurs de fond sont eux-mêmes inépuisables. Sauf que tout a une fin et qu’il faudra parler de recapitalisation des banques. L’argent sera d’autant plus difficile à trouver que la méfiance s’installera devant ce qui sera devenu un tonneau des Danaïdes.

L’Allemagne, pays fort de l’Europe, s’oppose de toutes ses forces à sortir des traités en cours et donner officiellement le rôle de banque de crédit à la BCE. Elle subodore que cette bouffée d’air frais donnée aux plus faibles se traduira par un relâchement des plans de rigueur comme cela s’est passé pour la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne, l’Italie et la France. Elle ne veut pas que ceci se traduise par un effort supplémentaire de contribution solidaire de la zone euro au financement de cette nouvelle FED, effort dans lequel elle serait encore le principal pays sollicité.

La potion magique préconisée est une véritable cigüe pour des pays qui n’ont plus les moyens de sortir de la spirale mortelle dans laquelle ils sont désormais engagés, en gros les pays de l’Europe du Sud. La consommation intérieure, principale pourvoyeuse de la croissance, ne peut être alimentée par la rigueur imposée en particulier aux classes moyennes. Notre compétitivité, plombée par l’euro vers le monde extérieur à l’Europe, ne peut renaître que très lentement dans le marché européen. Pour cela nous devrons opérer d’abord comme l’Allemagne par des délocalisations vers les pays européens à faible coût de main-d’œuvre. Ceci augmentera le chômage donc agira sur la consommation. C’est la descente aux enfers.

Aucun des deux grands partis ne veut encore franchir le Rubicon de la remise en cause de la monnaie. Cette option est stigmatisée et les tueurs de dogme renvoyés comme des ignorants irresponsables vers des classes de remise à niveau. La lente agonie d’un breuvage mortel est préférable et comme la drogue doit nous faire quitter le réel vers l'abyme dans un rêve d’euphorie solidaire. Le chemin ardu mais montant de la remise en cause de l’euro est remis… aux calendes grecques !

Eh bien je vous le dis avec le MPF

S’il faut mourir, mourrons debout !

Claude Trouvé