jeudi 27 octobre 2011

Succès de l’Europe ou victoire de l’Allemagne ?


Les deux me direz-vous et peu importe que ce soit l’un ou l’autre ou bien l’un et l’autre, l’euro est sauvé et notre président revient sous les louanges. Pas si sûr ! Non seulement Angela Merkel a gagné sur toute la ligne mais l’idée d’une gouvernance économique fait son chemin et l’Allemagne, réticente au départ, sent que celle-ci peut être désormais à la merci de sa puissance. La concession allemande sur le rôle de la BCE intervenant dans le rachat des obligations pourries des états en difficulté était déjà en cours. Il s’agit d’une autorisation temporaire en violation des traités.

L’Allemagne parle haut et fort désormais et le couple franco-allemand par lequel nous pensons être les maîtres du destin de l’Europe me fait penser à une image plus réaliste. Souvenez-vous du temps de la machine à vapeur. Il y avait aussi un couple, la locomotive à vapeur et le tandem. L’un avait la force motrice et l’autre le carburant. L’Allemagne a besoin de nous pour alimenter son économie , mais qui commande ? La locomotive ou le tandem ?

Les marchés se réjouissent, les banques aussi, le monde de la spéculation en somme. La Grèce n’est pas pour autant sauvée car elle ne revient qu’à sa dette de 2009 et l’on sait ce qui est arrivé après. Les plans d’austérité drastique qui lui sont imposés risquent en plus de devenir insupportables et mettre la population dans la rue, ce qui n’arrangera rien. Par contre dans le même temps l’économie réelle de la zone euro, dont la France, est en recul, les perspectives de croissance en berne et le chômage en hausse. La France est sous surveillance et a dû s’engager plus loin que prévu dans un plan d’austérité devant l’Allemagne.

Le retour du président nous annonce de nouvelles mesures touchant obligatoirement notre pouvoir d’achat car on ne parle guère d’économies mais surtout de ressources nouvelles. L’augmentation de la TVA et la baisse des cotisations sociales des salariés ne peut se compenser totalement car elle ne sera pas suffisante pour relancer nos exportations sur les pays à faible coût de main-d’œuvre, les écarts sont trop grands. Pour la même raison elle ne freinera pas les délocalisations.

Notre déficit commercial ne va pas s’en trouver amélioré car l’économie mondiale est touchée par une baisse de la demande. Les Etats-Unis en font les frais actuellement et nous n’y échapperons pas. Notre croissance est liée à la consommation intérieure et elle ne peut âtre relancée que si la baisse des cotisations sociales des salariés augmente plus leur pouvoir d’achat que ce qui le baisse par l’achat des produits de première nécessité au moins. Dans ce cas l’Etat en serait de sa poche. Il s’agirait d’un plan de relance de l’économie comme le font les Etats-Unis avec le succès que l’on sait (1$ de relance = 3,14$ de dette).

La partie est loin d’être gagnée pour la France et pour les PIIGS, notre note AAA ne tient toujours qu’à un fil même si le président en a fait une condition nécessaire à sa réélection. Le peuple tiendra-t-il aussi longtemps que les agences de notation, rien n’est moins sûr.

Attention aux victoires à la Pyrrhus !

C’est un avenir Spartiate qui nous attend !

Claude Trouvé