samedi 17 septembre 2011

Karachi, Taïwan ou la France salie !

Les affaires entachent ce début de campagne électorale à gauche comme à droite. DSK, Guérini à gauche mais la droite ne cesse d’alimenter cette sombre chronique. Le bon peuple se lasse et son désir d’abstention ne peut que croître. Il est grand temps qu’un organe de contrôle parlementaire des comptes des partis soit mis en place.
 
Selon l’agence AFP, l’homme d’affaires Ziad Takieddine, dont Mediapart a dévoilé cet été l’étendue des liens avec l’entourage présidentiel, a été mis en examen par le juge Van Ruymbeke, ce mercredi, pour «complicité et recel d’abus de biens sociaux» dans le cadre du volet financier de l’affaire Karachi. Il est par ailleurs placé sous contrôle judiciaire.

Cette affaire judiciaire risque d’éclabousser toute la droite à savoir Guéant, Hortefeux, Copé, Gaubert et jusqu’à Sarkozy. Tous les marchés d’armement passés avec le Pakistan, l’Arabie saoudite et la Libye vont montrer des transferts de fonds injustifiables dans lesquels ces acteurs vont probablement apparaître dans le financement de la campagne d’Edouard Balladur.

On parle déjà d’une mallette (encore une) passée de Suisse en France, via l’aéroport international de Genève, par Sarkozy lui-même alors ministre. Le nom des paradis fiscaux émaille les éditos des journalistes qui enquêtent. Tout cela va ternir l’image que le président Sarkozy voulait donner de son action sur la probité politique et sa volonté de supprimer les paradis fiscaux. Ce ne sera qu’un mensonge de plus mais décidément la fin de ce quinquennat sent la poudre.

Tout cela en plus finit par nous concerner directement. La note des commissions illégales versées lors de la vente des frégates de Taïwan en 1991 vient d’arriver… il faut payer 460 millions d’euros aux Taïwanais. Fillon a donc publié une « lettre rectificative »  pour le budget 2011. On va d’abord opérer ce que l’on nomme des transferts d’affectation.

Pour payer la facture à Taïwan et laisser des crédits de paiement à la politique de la ville et au Grand Paris, des coupes sombres ont été opérées sur la sécurité et la circulation routières, l’enseignement privé du premier et second degré (1 Md€), la justice (1 Md€), la gendarmerie et la police nationale (9,3 Md€) et la coordination du travail gouvernemental (48,3 Md€).

Mais ce n’est pas tout, la Défense se verra amputée de 213 millions (alors qu’il faut payer la facture de la guerre en Libye), 57 millions seront soustraits à l’Education Nationale et à la Recherche, 8,6 millions à l’aménagement des quartiers pauvres, les prisons et la justice des mineurs abandonneront 8,3 millions. Pour compléter le grattage de budget, on va soustraire 6 millions aux bénéficiaires du RSA-RMI (on se demande comment) et 11,6 millions aux anciens combattants… fermez le ban.

Même s’il est trop tard, sur ce budget, pour prendre dans la poche des contribuables, on peut penser que sur le budget 2012 cela aurait représenté 23 euros sur chacun des 20 millions de foyers fiscaux imposables. On voit donc que la France racle désormais les fonds de tiroir car dans toute entreprise bien gérée on a une ligne comptable du compte d’exploitation dénommée « Provisions » destinée à prendre en charge les imprévus. Sur le simple « Budget général », donc hors « Comptes Spéciaux », cette dette représente 0,23% des recettes. On aurait dû pouvoir y faire face sans nouveau « grattage » à moins que cette provision soit partie dans les dépenses de la guerre en Libye pour déjà 600 millions à mi-août et dont on sait qu’elle n’a pas fini de nous coûter.

Elle est malheureusement le symbole de la dégradation de l’esprit du service de l’état et non de ses intérêts personnels. Elle replace la France dans le lot des républiques bananières et la dégrade un peu plus. Elle est pire que cette propension à s’auto-flageller en permanence qui nous ruine dans l’esprit des autres peuples et plus grave encore dans le nôtre propre. Nous ne nous respectons plus et nous donnons l’image d’un peuple où la probité des élus n’est plus la règle.

Il est temps que des hommes et des femmes propres apportent à la France un nouveau souffle et soient des repères moraux pour notre jeunesse. C’est une règle sans nuance que s’impose le MPF à lui-même. Si la prochaine élection présidentielle donne raison à Jean-Jacques Rousseau, alors seule une révolution pourra nous redonner la fierté d'être français :

« On ne demande plus aux hommes

s’ils ont de la probité,

mais s’ils ont du talent ».
 
Claude Trouvé