dimanche 18 septembre 2011

Crise du capitalisme, Non, crise de la pensée unique !

Le premier round de la primaire socialiste sur la chaîne publique nous a livré un somnifère fort utile pour la nuit. Les principaux candidats, à force d’avoir juré, craché qu’ils ne feraient que s’égratigner nous ontfait attendre deux heures une petite passe d’armes à fleurets mouchetés.

Deux candidats ont pourtant apporté une petite leur d’espoir et de combat d’idées dans la nébuleuse de la pensée unique, la pensée de l’Europe heureuse et sociale. Arnaud Montebourg a visiblement apporté une vision différente et s’est vu attaqué par la relève de la pensée unique en la personne de Manuel Vals.

Rien dans les exposés des caciques du parti socialiste ne peut nous faire penser à une véritable prise en compte de l’urgence de la situation économique et à une véritable stratégie de sortie de crise. Les cadeaux clientélistes de François Hollande sont de nature à lui permettre d’exister au second tour et justifie qu’il soit très prudent sur la politique de rigueur. Sa position floue sur le nucléaire ne s’est pas avérée meilleure que la volonté de Martine Aubry de mettre fin à cette forme de production d’énergie sans chiffrer les conséquences pour l’état et pour les particuliers. Passer d’une énergie peu chère à une énergie subventionnée pose tout de même quelques problèmes financiers.

Malheureusement rien dans la politique gouvernementale ne peut nous faire espérer un changement de cap. Bien au contraire la France se précipite pour être la première, comme en Libye, à proposer ses services, soit 15 milliards pour aider la Grèce. Elle milite pour une gouvernance budgétaire étendue à une gouvernance économique. Elle parle de règle d’or et n’arrive pas à tenir ses engagements sur le budget 2011. Sa dette va s’accroître et le budget 2012 est un casse-tête mais aussi un casse prestations sociales selon toutes probabilités.

L’état est au bord du précipice, c’est même le premier ministre qui l’affirme en privé. Les européens sont de plus en plus divisés. Les Etats-Unis qui détiennent la planche à billets s'invitent dans les discussions européennes. Le FMI jette plus ou moins l’éponge. La Chine se profile comme un dernier secours. Les banquiers sont jetés à l’opprobre des peuples par les politiciens.

Les banquiers ont profité d’une situation qui a été créée par la politique européenne et celle des Etats-Unis. La mondialisation, le libre-échange et la libre circulation des capitaux n’est pas de leur fait. Ce n’est pas de leur fait non plus si les Etats doivent emprunter aux banques, cela a été voulu dans la construction de l’Europe.

Ce n’est pas non plus la faute du capitalisme mais celle des États qui ont pratiqué avec beaucoup d’allégresse le « social-clientélisme » qui consiste simplement à acheter les voix des lecteurs en émettant de la dette qui sera remboursée par nos enfants ou nos petits-enfants. Le capitalisme se porte très bien en Suède, au Canada, en Autriche, en Finlande, en Australie, aux Pays-Bas, dans des Etats qui gèrent bien avec leurs peuples le progrès social.

La pensée unique, matérialisée par la monnaie unique, a favorisé des politiques dispendieuses en particulier dans les pays qui sont arrivés dans des positions de faiblesse. Elle a engendré dans quelques pays forts des politiques basées sur l’exportation mais principalement dans l’Europe, c’est surtout le cas de l’Allemagne. La gagnante des dix premières années voit désormais s’approcher le spectre de la récession car globalement l’Europe s’est affaiblie. Comme la France elle s’est désindustrialisée au profit de ses pays voisins de l’Est aux coûts salariaux faibles. La récession va la toucher de plein fouet.

On a confondu la fusion des Etats dans une politique économique commune imposée avec une coordination de celles-ci tenant compte des situations particulières des différents pays et les optimisant dans le contexte européen et mondial. Une gouvernance économique est un objectif illusoire même s’il apparaît théoriquement comme une solution viable. L’Europe est composée d’états dans des situations socio-économiques trop différentes pour l’envisager maintenant.

L’euro est mort sous sa forme actuelle. Les traités doivent être revus. Les Etats ne doivent plus intégrer les banques dans leur système de financement, les capitaux européens doivent être circonscrits à l’espace européen et la libre circulation des capitaux hors Europe doit être contrôlée. Les règles du libre-échange doivent être revues en ne s’interdisant pas un certain protectionnisme.

Malheureusement il faut désormais traiter cela dans l’urgence, casser la pensée unique, sinon la révolte des jeunes et des classes populaires peuvent nous jeter dans le chaos même si cela peut finalement nous faire changer de cap.

Quand la gangrène atteint vos orteils

elle n’est pas loin de votre cuisse

et proche de l’amputation !

Claude Trouvé