jeudi 7 juillet 2011

Quand deux journalistes menteurs font un coup médiatique indécent

Quand des journalistes frisent l’indécence
« On m'aborde dans la rue, je suis un héros malgré moi », déclare Hervé Ghesquière, dans un entretien accordé à l'AFP au sujet de sa détention. (France-Soir du 4 juillet)
 
Pendant que nos deux journalistes paradaient devant les médias, sur les Champs Elysées, passait le corps du soldat Cyrille Hugodot du 1° RCP, tué au combat en Afghanistan. C'était la première fois que cette marque de respect était rendue à un soldat tué au combat. Quelle chaîne de télévision s’en est fait l’écho ?

Il m’apparaît normal de vous faire connaître le document que m’a fait parvenir le Commandant Joseph Castano destinataire d’une lettre du Général Marc ALLAMAND au journaliste Dominique MERCHET, dont le Blog "Secret Défense" fait référence, depuis quelque temps...


Monsieur Merchet, 
  
     Moi même, général en 2eme section, j'ai ressenti comme beaucoup de mes camarades ce sentiment du "deux poids deux mesures". Je me réjouis, comme tout le monde, de la libération de nos deux compatriotes, mais avouez que la profession en a fait beaucoup, beaucoup trop et que nous aimerions qu'elle en fasse, ne serait-ce que le dixième, chaque fois qu'un de nos soldats rentre dans un cercueil. Je vous félicite de votre prise de position courageuse pour déplorer cette différence de traitement et constate que vous êtes un des rares journalistes à honorer nos morts sur votre site. De la même façon, je vous félicite d'avoir contredit l'affirmation d'Hervé Ghesquière selon laquelle personne ne leur aurait rien dit.

     Hervé Ghesquière menteur ? Voilà qui ternit l'image de héros qu'il a su se forger dès son arrivée aux yeux des français et bien sûr des journalistes présents sur le plateau de FR3 ou sur le tarmac de Villacoublay. J'ai même entendu l'un d'entre eux dire qu'ils avaient redonné leur fierté aux journalistes.

     Bien sûr, ceux-ci doivent prendre des risques, comme tous ceux qui exercent leur métier dans des contrées difficiles. Mais aucun journaliste n'a relevé ce qui m'a frappé, moi, dans les paroles des deux ex otages. « Dès le départ, nous savions que nous ne risquions pas nos vies ».

     S'ils avaient cette certitude, c'est qu'ils savaient que tout serait fait pour les libérer et que leur vie valait de l'argent aux yeux des  ravisseurs. Cela donne une autre perception du courage et de la prise de risque, même s'ils ont passé un an et demi entre quatre murs, ce qui n'est pas rien, mais pourra leur rapporter gros. Vous abordez cette question de la rançon. J'espère simplement que s'il y a eu versement d'argent, celui-ci ne sera pas transformé en IED ou autre munition semant la mort dans nos rangs. Je serais curieux de savoir si cette idée a seulement effleuré l'esprit de nos deux héros.

     Oui, nous sommes dans un cercle vicieux: la France fait tout pour libérer ses otages et cette assurance, pousse les gens à prendre le risque d'être otage. Finalement, les vrais héros ne sont sans doute pas ceux qui sont le plus médiatisés.

     Général (2S) Marc Allamand.