dimanche 3 juillet 2011

Nos soldats meurent-ils pour que d’autres français encouragent leurs adversaires ?

C’est la terrible question que l’on doit poser aux socialistes après l’affaire des otages Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, libérés « sans rançon » et de retour en France. C’est aussi la question du mensonge d’état permanent sur les rançons que l’on doit poser à nos gouvernants.
Le 30 décembre 2009 ces deux journalistes, en fin de mission sur ordre en Afghanistan et sous la protection de l’armée, décident de se rendre de leur propre chef dans une zone contrôlée par les talibans. Une femme officier de l’armée française est chargée de les dissuader de cette aventure risquée et les avertit de l’impossibilité pour l’armée d’assurer leur sécurité.

Il se trouve que j’ai recueilli, grâce à des proches, le témoignage de la colère de cette femme revenue en France écœurée par l’attitude méprisante de ces deux journalistes à son égard. Au mépris des recommandations d’un représentant de l’armée ces journalistes sont partis dans une zone dangereuse. On pourrait à ce stade se demander seulement pourquoi ils sont partis sans ordre de mission.

Mais le plus grave c’est que le motif de leur désir de rencontre des talibans était dans le but de «les assurer de la compréhension et du soutien de la presse et de la gauche française dans leur lutte» ! S’ils parlaient en leur nom personnel on aurait pu espérer que les dirigeants socialistes se désolidarisent immédiatement par la voie médiatique lors de leur retour. Rien n’a été dit dans ce sens et tout ce monde a applaudi leur retour.

Les deux journalistes n’étaient pas en service commandé quand ils ont été enlevés mais à la recherche d’un coup médiatique, ce qui finalement semble assez réussi. On peut comprendre la colère de généraux comme le général de division  D. Roudeillac au micro d’Europe 1, « Les deux journalistes n’étaient pas en reportage quand ils ont été enlevés. Leur avion les attendait, le reportage était terminé ! » ... « Nous avons déjà dépensé plus de 10 millions d'euros dans cette affaire (Il s’agit du coût des recherches). Je donne le chiffre parce que j'appelle la responsabilité des uns et des autres »… « Je crois que cet incident mériterait d'être porté à la connaissance du plus grand nombre. Malheur à celui qui montre du doigt la partialité des médias ! ». Le Président de l’Amicale Nationale du 22ème Bataillon de Chasseurs Alpins et des Troupes de Montagne, Gérard Liebenguth, renchérit sans mâcher ses mots : « Les deux « touristes » farfelus irresponsables sont partis faire du militantisme politique à titre personnel dans les montagnes Afghanes, de leur propre initiative, une fois leur reportage avec l’armée terminé et non dans l'exercice de leur travail comme le déclarent abusivement leurs collègues de FR3 et des JT en toute désinformation délibérée ».

L’attitude de la gauche dans cette affaire est parfaitement scandaleuse mais celle de Sarkozy n’est pas brillante non plus. Il s’était emporté en Conseil des Ministres du 5 janvier 2010 contre l’inconscience de ces journalistes mettant en danger nos forces pour les récupérer en cas d’enlèvement et maintenant il approuve par son silence. On bafoue l’armée, on la met en danger et on va encourager les ennemis qu’elle combat. C’est purement honteux et scandaleux !

Mais que dire de François Baroin affirmant qu’il n’y a eu aucune « rançon » ou « compensation » et d’Alain Juppé qui affirme d’une façon lapidaire que « la France ne verse pas de rançon » ?

« Pourtant, quelques heures plus tôt sur BFMTV, Frédéric Helbert, journaliste et grand-reporter, assurait que plusieurs millions d’euros avaient été payés par la France via les intermédiaires afghans, argent transformé en monnaie locale et transporté dans des sacs qui ont traversé la frontière afghane parce que les patrons de la négociation, au nombre desquels se trouvait Qari Baryal activement traqué par la coalition, se trouvaient au Pakistan. L’affirmation de Juppé sera également démentie par le journaliste Michel Peyrard, envoyé spécial de Paris Match en Afghanistan qui décrit le déroulement des négociations et démontre la monnaie d'échange particulière et très lucrative que constituent les journalistes otages. » (Joseph Castano)

Il est connu que la France tombe souvent dans la facilité de la rançon, de la compensation ou de l’échange dans les enlèvements de français journalistes ou non. Ce n’est pas le cas de l’Amérique qui n’entreprend souvent aucune négociation. Ceci s’est produit sous Mitterrand et dans plusieurs cas récents comme celui de Clotilde Reiss, emprisonnée en Iran et échangée contre Ali Vakili Rad. Cet assassin de Shapour Bakhtiar s’envolait pour l’Iran le lendemain de la libération de cette étudiante le 17 mai 2010. Evidemment Sarkozy a juré qu’il n’y avait eu aucun échange. Pourquoi tant de mensonges ? A force de mensonges nous devenons non plus des citoyens mais des sujets d’une classe dirigeante. Mensonge sur la réelle situation financière de la France, mensonge sur la fin de la crise car le chômage ne diminue pas, mensonge sur l’euro qui protège, mensonge sur les bienfaits de la société multiculturelle, mensonge sur la vraie raison de notre présence en Lybie, mensonge et hypocrisie qui deviennent les deux mamelles de la communication des politiques.

Oui comme le disait Jean-François Revel en 1988 « La première de toutes les forces qui mènent le monde est le mensonge. (…) Comment expliquer la rareté de l'information exacte dans les sociétés libres ? (....) Pourtant ceux qui collectent l'information semblent y avoir pour souci dominant de la falsifier, et ceux qui la reçoivent de l'éluder. »

Il reviendra au MPF de continuer à parler vrai et fort dans la probité et la transparence, c’est ce qu’attendent de nombreux français. La France ne se grandit pas aux yeux du monde dans la faiblesse, l’hypocrisie et le mensonge.

Claude Trouvé