dimanche 24 juillet 2011

L’euro jouet des USA, de la Chine et des marchés


Le monde est en guerre économique et une formidable bataille monétaire est engagée.

Quels sont les enjeux ?

Les USA, forts de leur puissance militaire et économique, s’accrochent au maintien du dollar comme monnaie de référence. Cela leur a permis jusqu’ici de faire marcher la planche à billets sans subir une dépréciation de leur monnaie. C’est pourquoi aujourd’hui ils peuvent discuter du dépassement du plafond des dépenses publiques autorisé et ceci pour la 94ème fois ! Depuis 1971 les USA ne garantissent plus la convertibilité-or du dollar. Le système monétaire international est devenu ainsi un système dollar sans que l’on puisse exercer aucun contrôle sur lui. Ils ont ainsi ouvert une porte sur l’inconnu.

Une destruction des cadres réglementaires gérant les activités bancaires et financières depuis la crise de 1929 s’est mise en place aux USA. Leur système bancaire s’est alors orienté plus vers des activités de marché plutôt que de crédits. Ce processus de déréglementation a atteint la City de Londres puis la France sous Bérégovoy, déréglementation renforcée par Balladur. La zone euro a encore renforcé ces mesures sans véritable débat en France  en raison de la collusion profonde entre nos deux grands partis de l’échiquier politique.

Il est assez plaisant de voir nos deux grands partis appeler de leurs vœux une réglementation plus sévère dans la gestion financière des mouvements de capitaux. Ce sont eux qui ont voulu cette déréglementation et ont mené à leur perte les états comme l’Irlande, l’Espagne et aussi la Grande-Bretagne qui ont donné dans l’euro-libéralisme et les économies financiarisées. Grâce à cette déréglementation certaines grandes entreprises peuvent faire plus de profit avec une filiale financière qu’avec la production de leurs usines.


 Les USA se sont retrouvés avec une très grande liberté de manœuvre et se servent de leur monnaie comme variable d’ajustement dans la concurrence du système international. C’est ainsi que l’on voit que le dollar fluctue autour d’un point moyen de 1,35 dollar pour 1 euro avec des variations d’environ 11% en plus ou en moins autour de cette valeur. Cette variation permet aux USA de s’ajuster en permanence dans une globalisation marchande et financière qu’impose le mondialisme. On voit que globalement depuis sa création à environ 1,15, l’euro est surévalué de près de 20%. Le retour au franc avec une dévaluation de 20% nous ramènerait à la situation concurrentielle antérieure.

La Chine joue aussi sur sa monnaie avec un yuan très au-dessous de sa valeur réelle. La Chine soutient les USA en achetant des bons du Trésor américains mais les USA concèdent un yuan sous-évalué. On perçoit que l’euro est une variable d’ajustement dans une guerre économique où la monnaie joue un rôle primordial.


La déréglementation a introduit un troisième acteur celui des marchés et des déplacements de capitaux qui jouent sur la faiblesse des états et concourent à leur perte. On pourrait penser que l’euro est une monnaie suffisamment forte et que notre puissance commerciale nous permet de devenir aussi une monnaie de référence. Il n’en est rien car l’euro se dévalue gravement par rapport aux autres monnaies. Il n’est que de regarder son évolution par rapport au franc suisse ou au dollar australien. En une dizaine de mois l’euro a perdu 23% par rapport au franc suisse et au dollar australien, pays qui se portent économiquement bien par ailleurs.

L’illusion d’un euro, monnaie forte d’une économie solide qui nous protège, ne tient pas longtemps lorsque l’on jette un regard sur la puissance du mondialisme que gère les USA d’abord, la Chine et les marchés ensuite. Sarkozy dans son discours charabia de vendredi dernier a avoué que le premier plan de sauvetage de la Grèce n’avait pas eu l’agrément des marchés. C’est reconnaître que l’euro qui nous protège devient l’euro que l’on protège. Le mondialisme aura sa peau.

Si l’euro tombe, c’est l’hécatombe.

Arrêtons les moutons de Panurge des « europhiles »
avant que nous tombions avec !