dimanche 10 juillet 2011

De l’audace, encore de l’audace… toujours de l’audace !

C’est quand la France est en danger que l’on reconnait les hommes ou les femmes capables de la mener vers la victoire. Notre histoire de Jeanne D’Arc à De Gaulle est remplie de cette vérité. Philippe De Villiers peut être de ceux-là.

L’heure est venue de faire rendre des comptes à la mondialisation et à ces principes sonnant comme des vérités incontournables. Le libre-échange vendu comme un souffle de liberté de l’économie, l’euro comme l’avenir protecteur,  l’immigration comme une chance pour la France deviennent ces mirages que l’on prend pour des réalités et qui s’éloignent au fur et à mesure que l’on avance.


Depuis une trentaine d’années on nous a bercés de ces postulats que nul ne pouvait contester sans être pris avec mépris pour son racisme, avec dédain pour son ignorance des grands principes de l’économie, avec commisération pour son manque de vision géopolitique sur l’Europe. La gauche, drapée dans les droits de l’homme et dans une Europe des travailleurs, a entraîné la droite des marchands dans des choix où le bon peuple a été enfumé dans des vues altruistes et des relents de page tournée sur nos conflits européens précédents. « Le spectre de la guerre sera derrière nous », « L’union fait la force », « Plus de barrières entre nous et l’euro finira de nous unir ».


Las la réalité nous rattrape.  Les puissances financières privées et les états forts comme les Etats-Unis, l’Allemagne et la Chine font fi de tous ces slogans et beaux rêves pour mener le monde à leur façon. Les Etats-Unis ont tout fait pour garder le dollar en monnaie de référence et pour ce faire ont imposé les règles monétaires et la libre circulation des capitaux que nous ne maîtrisons plus. L’Allemagne et la Chine se comportent comme des nations prédatrices, exportant à tout va. L’Allemagne se nourrit d’une exportation massive sur les autres pays européens les affaiblissant progressivement. La Chine se constitue des réserves de change énormes, la garantissant de toute attaque sur sa monnaie largement sous-évaluée, grâce à une exportation soutenue par des coûts salariaux très bas et des contraintes écologiques très faibles.


L’Europe passoire subit les délocalisations, la pression sur les salaires et la productivité, et les déficits du commerce extérieur. Les pays les plus faibles appellent à l’aide. Les états dits plus sûrs mettent leur argent dans un fonds de solidarité puis prennent peur et demandent aux banques privées de leur venir en aide. Chacun y va de son plan de rigueur qui consiste essentiellement à en revenir aux vieilles recettes, taxes, impôts, suppression des aides et subventions de toutes sortes, cotisations sociales nouvelles ou augmentées, non remplacement des fonctionnaires avec un zeste de recherche de la fraude fiscale.


La Grèce va en mourir mais la France commence sa cure d’amaigrissement. Nos politiques mènent une politique de survie mais occultent tout aveu sur les raisons qui nous ont menés dans cette situation. Les causes étant volontairement cachées, il ne saurait y avoir que des mesures permettant de reculer les échéances. Le cancer est déclaré et nous sommes sous morphine. Einstein disait « On ne règle pas un problème en utilisant le système de pensée qui l’a engendré ».


C’est donc dans un véritable changement de cap que nous devons chercher notre salut. La mondialisation sous sa forme d’un dérèglement général ne peut continuer à rendre les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Le salaire moyen en France a progressé de 12% depuis 1999 mais le salaire médian, celui qui partage en nombre égal les plus riches des plus pauvres, a stagné. Ceci est vrai pour la plupart des pays européens. C’est la preuve mathématique que l’argent va vers les plus riches au détriment des plus pauvres et des classes moyennes. On ne peut continuer à délocaliser nos industries vers les pays de l’Europe de l’est ou l’Asie du sud-est. On ne peut continuer à voir nos ouvriers partir à l’étranger contraints pour survivre et des immigrés arriver en France sans qualification donc sans travail ou exploités.


Seulement voilà il faut avouer ses fautes passées et il faut du courage pour virer de bord dans la tempête. Nos précédents gouvernants n’avoueront jamais, c’est trop tard pour eux. Il faut avoir le courage et de l’audace pour entreprendre les réformes structurelles nécessaires. Danton disait «  De l’audace, encore de l’audace… toujours de l’audace ». Il en est mort mais la République a survécu.


On peut discuter sur les différentes solutions mais le libre-échange, la déréglementation monétaire, la libre circulation des capitaux, l’immigration non contrôlée sont à revoir sous un tout autre éclairage. L’Europe est partie sur de mauvaises bases. Les choix actuels ne peuvent lui convenir que dans une politique, économique et budgétaire centralisée européenne, je doute que les 27 états puissent se mettre d’accord avec des situations de départ aussi différentes.


Il reste la monnaie commune avec un antécédent qui était le serpent monétaire. On retrouve ainsi une marge de manœuvre en faisant fluctuer les monnaies dans un cadre contrôlé. Elle doit être assortie de mesures de protectionnismes et de contrôle des mouvements financiers. Là encore l’Allemagne, la grande gagnante, sera difficile à convaincre, mais la France son principal partenaire commercial et surtout client a de bonnes raisons de se faire entendre.


Enfin la sortie unilatérale de l’euro peut, si nous montrons de la détermination, inciter d’autres pays européens à nous suivre. Il y aurait sans doute une nouvelle partition de l’Europe mais notre survie peut être à ce prix.


Claude Trouvé