mardi 19 juillet 2011

2012 : le grand tournant

Ce n’est pas l’élection présidentielle qui risque d’être l’évènement majeur de 2012. Les écueils qui nous attendent éventreront les navires fous qui se dirigent vers eux, nombreux seront les capitaines qui couleront à leur bord et les barques de sauvetage ne seront pas assez nombreuses pour que tout le monde y prenne place.

L’évènement majeur se sera la catastrophe économique et monétaire Europe - États-Unis déjà en cours ou imminente dans les mois qui suivront. La chute brutale du pouvoir d’achat, de la couverture sociale, le chômage et le poids des taxes et impôts mettra le peuple dans la rue. Ce n’est pas les économistes ni les gouvernants qui décideront de l’avenir de l’Europe mais les peuples qui la constituent.

Les peuples ont toujours fini par décider contre ceux qui les ont manipulés trop longtemps et conduits à leur perte.

Notre constitution affirme le principe de la souveraineté et écrit : "Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple" (Article 2). Par son peuple et pour son peuple d'abord donc, deux fondements de ce principe que l'on semble vouloir oublier depuis notre entrée dans l'Europe.

 La France a déjà subi plusieurs de ces évènements qui changent le cours de son histoire depuis la chute de la royauté. Les derniers en date sont sans doute la cinquième république avec l’arrivée du Général De Gaulle et notre entrée dans l'Union Européenne. Toutes les conditions seront bientôt réunies pour qu’un changement de cap devienne impérativement nécessaire. 
 
L’Europe est malade d’avoir trop grossi, malade d’avoir oublié de disposer d’une tête en pensant que le cœur suffisait pour faire couler le sang de l’euro. Tous ses membres  s’agitent d’une façon désordonnée. Le sang s’écoule dans des plaies ouvertes que l’on ne sait plus refermer. La gangrène menace et les amputations sont proches. Les vautours tournoient déjà dans l’air pour déchiqueter nos dépouilles. 

Le temps des grandes remises en question est proche. La construction bancale de nations qui ont choisi une monnaie commune pour créer leur unité supranationale ne peut résister à la logique historique. Les nations ont été créées par les mariages royaux ou les guerres, la monnaie en a été ensuite le symbole et le scellement. Nous avons fait un pari fou, celui de faire les choses à l'envers en mettant la charrue devant les boeufs pour creuser le sillon de l'Europe.


Les discussions de fond commencent à se faire jour chez quelques politiques et chez la plupart des économistes et spécialistes des finances publiques. Reconnaître que l’on s’est trompé est le commencement du salut mais certains de nos principaux prétendants à la présidence de la république sont encore loin de l’avouer.

Toute nouvelle évolution doit respecter le principe de souveraineté du peuple écrit dans notre constitution et en premier lieu que ses dirigeants doivent œuvrer pour la France d'abord ou il faut changer celle-ci.

Deux grandes voies s’ouvrent à nous le « mondialisme » dans le fédéralisme de l’Europe d'une part et l’Union européenne des  «États libres dans une communauté d’États souverains» d'autre part. Ce sont des États qui gardent leurs pouvoirs régaliens, qui gèrent leurs frontières, leurs circulations des capitaux, leurs flux migratoires, leurs alliances, leurs traités. Ce sont des États qui œuvrent pour leurs peuples d’abord et recherchent des unions marchandes, économiques, défensives, sociales, éducatives, sécuritaires, coopératives et de progrès qui y concourent. Ce sont des États où toute perte d’un pouvoir régalien est soumise au verdict du peuple et non de ses représentants.

Ce sont les deux voies qui s’ouvrent à nous et qui doivent être le choix primordial. Chacune peut se décliner en de nombreuses variantes. Dans le premier cas c’est le resserrement des nations autour d’une union politique au sens plein du terme où les nations disparaissent progressivement. C’est la continuation du mondialisme avec, comme objectif final, la gouvernance mondiale vers laquelle cette Europe n’est qu’une étape.  Dans l’autre cas c’est un dé-tricotage de l’Europe actuelle pour en construire une autre sur des bases nouvelles.

La première voie serait l’aboutissement normal de ce qui se prépare depuis trente ans et réussirait enfin une certaine cohérence. Toutefois à l’intérieur de celle-ci l’Allemagne règnerait en maître et les États-Unis ainsi que la Chine à l’extérieur. Les États-Unis ont la puissance par leur monnaie de référence pendant un certain temps et par leur puissance militaire encore longtemps. La Chine l’a par sa forte croissance, l’énormité de son peuple et de ses réserves de change. Cette voie aurait été raisonnablement possible dans une Europe à quinze où les disparités économiques et sociales entre autres n’étaient pas trop éloignées. L'Europe à 27, bientôt 28 et plus, avec la Turquie pour laquelle nous payons chaque année la possibilité de la voir s’y intégrer, est une tour de Babel de plus en plus chancelante. Les disparités, qui s’aggravent de jour en jour, sont telles qu’il est illusoire de croire que cette alternative aboutisse un jour avant que l’Europe ne devienne le jouet des grandes puissances du monde.

C’est sur la seconde voie que doit se concentrer nos espoirs. La remise à plat de nos traités permet d’envisager de nouvelles unions entre pays qui trouvent un intérêt bien compris de s’unir. Monnaie commune des nouvelles nations unies ou monnaies nationales, le débat mérite d’être ouvert. Mais la volonté d’une nation comme la France de peser de tout son poids dans une nouvelle vision de l’Europe est indispensable. Sachant que rien de solide ne se construira sans elle, son retrait de l’Europe actuelle ne peut que susciter un grand-remue ménage salutaire à la réflexion. Si la France devait sortir seule, il est évident qu’elle ne serait pas seule longtemps.

L’Europe est déjà un tissu de particularités. Certains pays ont l’euro, d’autre pas. Certains ont signé l’accord de Schengen d’autre pas, certains sont dans l’Union européenne d’autre pas. Nous sommes déjà très loin d’une véritable vision commune de l’Europe.

2012-2013 seront, de toute façon, des années-clés pour la France et  l’Europe. Il est temps de rebâtir celle-ci. C’est cela qui est la vraie question qui devra être résolue et dont tous nos prétendants au pouvoir devraient débattre.

Doit-on retaper les murs lézardés et mettre un toit sur une énorme maison ouverte à tous vents et tempêtes ou reconstruire une nouvelle Europe de maisons à taille humaine dont les fenêtres se ferment ou s’ouvrent suivant les intempéries et dont les portes permettent d’entrer aux seuls visiteurs et marchandises désirées ?

Le MPF a choisi de construire une nouvelle Europe des peuples.

Claude Trouvé